C’est arbitraire, je sais, mais n’empêche, soyons sérieux : a-t-on fait mieux depuis 1967 ? A y regarder de près, cette année-là est vraiment collector. Tout d’abord l’incontournable et unanimiste Sgt Pepper’s des Beatles ; le déjanté Their Satanies Majesty Request des Rolling Stones avec un Brian Jones pas encore passé au rang des ustensiles usagés ; le Smile du génial Brian Wilson qui ne fait pas sourire les Beach-Boys et qui, quasiment achevé en 1967, ne sortira que bien plus tard ; Disraeli Gears de l’éphémère Cream, trio de choc aux ego surdimensionnés ; le tutélaire The Doors par les mêmes, avec le roi lézard encore beau comme un archange, qui croit encore à sa poésie et aux énergies du rock : c’est le premier album des Doors, l’un des plus beaux aussi dont on retiendra, outre le progammatique Light my fire, la psalmodie qui deviendra l’emblème musical d’une génération perdue du côté de Saïgon, The end. Un chef-d’œuvre et la naissance d’un mythe dont le pouvoir d’attraction subsiste encore aujourd’hui ! Le Jefferson Airplane est, lui, déjà très connu, bien au-delà de San Francisco et livre cette année-là son troisième album, After bathing at Baxter’s avec une Grace Slick torride, au sommet de sa gloire. Un autre groupe inconnu, dont on reparlera, apparaît en août dans les bacs avec un album étrange, The Piper at the Gates of Dawn, aux sons et aux harmoniques lysergiques. Le groupe porte un nom qui deviendra célèbre, Pink Floyd et Syd Barrett, qui signe tous les titres, connaît avec cet album son « chant de cygnes ». The Who, emmené par un Pete Townshend sournois et impérial, assure également cette année-là avec son troisième album, The Who Sell Out. Le cataclysmique MC5 de Wayne Kramer et de Fred'Sonic' Smith arrive de Détroit, comme plus tard les Stooges, avec la rage au ventre, l'énergie brutale associée à une forme de désespoir. Sly & The family Stone prend également son envol cette année-là, encore très soul.
Incidemment je signale que 1967 c’est aussi l’année où le Van der Graaf Generator prend son envol avec un single prometteur, The People You Were Going To. Idem pour le Genesis de Peter Gabriel qui se forme à ce moment-là au Charterhouse de Goldaming.
1967, c’est aussi l’année où apparaît Jimi Hendrix (qui, dit-on, sidéra tellement Clapton que celui-ci se crut définitivement voué aux gémonies), guitariste mutant, mi cherokee, mi voodoo child, qui, coup sur coup, livre deux météorites qui allument au ciel du rock des flammes qu’on n’est pas près d’oublier : Are you experienced et Axis : bold as love.
Et puis telle une condensation de tous ces événements cette date liminaire : le 18 juin 1967 a lieu le festival de Monterey, une des premières grands messes pop qui préfigure Woodstock ; on retrouve les mêmes ainsi que de nombreux autres (The Byrds, Country Joe and the fish, Canned Heat, The Animals, Simon and Garfunkel, Otis Redding. Que du beau linge ! Sans les Beatles toutefois qui ont cessé de se produire en public et sans les Stones empêtrés dans divers problèmes de drogues – Brian Jones est dans le public, à ses côtés, Nico, la chanteuse éphémère du Velvet Underground. J’allais oublier, c’est toujours cette année-là que sort le premier album du Velvet de Lou Reed et de John Cale, The Velvet Underground & Nico.
Une autre grande voix, presque inconnue, va embraser l’aire de Monterey. Le Big Brother and The Holding Company (qui vient de faire paraître un album éponyme) se produit le 17 et le 18 juin avec une chanteuse texane à la voix inouïe, jaillie des tréfonds : elle revisite notamment une version de Ball and Chain de Big Mama Thornton qui envoûte les 200 000 spectateurs présents. Janis Joplin est née durant ces jours et avec elle la légende qui, trois ans plus tard, la consumera.
Aujourd’hui, ce siècle a quarante ans et je n’inviterai personne à dire que ce n’était pas le plus bel âge de votre vie.
Etrange de penser à ces destins croisés, à ceux que cette année-là vont réunir dans une gloire irradiante, comètes bientôt disparues, à très peu d’années de là… – Jimi Hendrix, Brian Jones, Janis Joplin et le prochain sur la liste c’est moi, Jim Morrison – ou emmurés en eux-mêmes, autistes de leur propre rêve, les ailes calcinées, Brian Wilson et cette note inlassablement répétée au piano, dans une pièce emplie de sable, pour trouver la note juste, Syd Barrett, génie calciné, secluded, arpèges lancinants où se déroule désormais sa vie, wish you were here…
19 Comments
http://www.youtube.com/watch?v=s...
http://www.youtube.com/watch?v=q...
"Il etait deja tard quand le vainqueur a porte son attention sur les ecrits des Grecs et a commence a s’inquieter de ce que Sophocle, Thespis et Eschyle, pouvaient offrir de bon. Il s’est essaye aussi dans la matiere, cherchant s’il etait capable d’adapter dignement ces poetes, et il s’y est complu, etant par nature eleve et vigoureux; car il ne manque pas de souffle tragique et a d’heureuses audaces; mais il tient sottement la nature pour une honte, et il en a peur."
http://www.youtube.com/watch?v=H...
Prestige
http://www.youtube.com/watch?v=G...
youtube.com/watch?v=qRdaB…
http://www.liberation.fr/musique...
Le son "garage" n’a pas grand chose à voir avec le côté bichonné des vins de garage.
play.m0k.org/index.php/?2…
David Gilmour devancé de loin par Jimmy Page. 🙂
Il manque selon moi Andrew Latimer, de Camel, un surdoué du rock progressif.
Par ailleurs – bientot en acces reserve : http://www.youtube.com/watch?v=F...
Laurentg : normal, Jimmy Page est bien supéreur à Gilmour. En revanche le classement de Mac Laughin est étrange.
Heeter : merci pour le lien. Etonnante video : ou quand le Floys s’essayait au blues. Franchement, je préfère Canned Heat !
Lysergique ou non http://www.youtube.com/watch?v=9...
Très grand film. A voir et à revoir !
Meme si, aux dires de certains phraseurs, ‘les coutures sont un peu epaisses’
Frissons …
fr.youtube.com/watch?v=AM…
Songs for Drella (hommage à Andy Warhol):
fr.youtube.com/watch?v=n6…
fr.youtube.com/watch?v=FH…
fr.youtube.com/watch?v=Gn…
Avant la lettre http://www.youtube.com/watch?v=Z...
http://www.youtube.com/watch?v=0...
http://www.youtube.com/watch?v=r...