Joint par téléphone le 12 à Bordeaux, Stéphane Derenoncourt parle d’un véritable miracle : "depuis 14 jours, nous avons le vent du nord qui a séché les foyers de pourriture que l’on pouvait observer ça et là. Nous avons de la lumière, des nuits fraîches et les baies sont en train de se reconcentrer. Vraiment, nous sommes en train de vivre un véritable miracle, je n’ai jamais vu ça ! Nous pensions vendanger à peu près aux mêmes dates que l’an dernier mais ce sera plus tard. Je pense commencer le 22 à la Tour Figeac sur St-Emilion et le 24 à Petit-Village. Certes, il n’y a pas énormément de saveur mais les peaux sont épaisses et nous il y aura des anthocyanes et de polyphénols. Comme la floraison s’est étalée sur trois semaines, on observe une relative hétérogénéité dans la maturation des baies. Il y a environ 10 % de baies figuées, un peu sénescentes, ce qui va sans doute conduire certains à se précipiter, à vendanger trop vite…"
– "ça se présente bien. Au moment où je vous parle, je regarde l’estuaire de la Gironde et je rappelle cette évidence : la Côte atlantique, ce sont des pays d’automne. C’est pour ça qu’on vendange en automne… Avant les congés payés, toute la Côte d’Azur était vide en juillet/août. Il faisait trop chaud. Les gens fortunés, ceux qui pouvaient s’offrir des vacances, allaient ailleurs, sur la côte basque, en Bretagne. Je veux dire que ce qui se passe depuis une quinzaine de jours, c’est heureux certes, mais ce n’est pas un miracle. Nous n’avons pas eu véritablement d’été mais ici, à Bordeaux, nous avons souvent des automnes formidables, des moments de grâce. C’est le cas maintenant et c’est normal !"
Jean-Louis Chave : "on a eu un avril hyper-chaud. La saison a commencé très tôt et on s’attendait à des vendanges très précoces, même si je n’y croyais pas trop. Juillet et août pas terribles avec peu d’ensoleillement. Nous avons eu, comme partout, de la pluie durant l’été mais pas des grosses pluies. Si bien qu’au niveau du végétal on a eu pas mal d’humidité mais au niveau du soleil celle-ci n’a pas eu de gros impact. Paradoxalement, on pouvait même observer quelques signes de sécheresse fin août. Quelques problèmes de mildiou aussi mais, même nous qui sommes en bio, nous avons passé sans problème. J’ai connu pire que ça, notamment en 1992 et 1994. Bien entendu, fin août, on se posait des questions…. Et puis sont arrivées ces deux semaines de vent du nord ininterrompu du mois de septembre. Ce qui a considérablement arrangé les choses. Aujourd’hui (14 septembre), les blancs sont prêts à être coupés. A noter toutefois des écarts de maturité assez importants entre les blancs qui en moyenne sont à 13.5 et les rouges qui sont à 12. La marsanne et la roussanne ont donc davantage profité que la syrah de la concentration de ces derniers jours. L’appellation a demandé 2 degrés de chaptalisation et c’est ridicule. La prochaine fois, pourquoi ne pas décider au premier janvier du ban des vendanges, de la chaptalisation, etc et on n’en parle plus…
Jean-Louis Chave, fidèle lecteur de Vinifera
Cela dit, je pense qu’on peut faire quelque chose de pas mal. On va revenir sur des équilibres plus classiques, des vins à 12.5-13 avec de belles maturités phénoliques. L’état sanitaire est très bon et on peut se permettre d’attendre un peu même si le feuillage paraît un peu fatigué et ne produit plus beaucoup de sucre – on a largement passé les 100 jours après la feuille – si on gagne, c’est désormais au niveau de la concentration. Un signe qui ne trompe pas et qui montre que la syrah n’est pas encore tout à fait prête : les couleurs des baies sont un peu ternes, on n’a pas encore le côté pâtiné, brillant. Sauf sur les vignes qui ont un peu souffert…" (Jean-Louis Chave)
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Merci Maître ! Voilà des infos QUI NOUS SERVIRONT DANS DEUX ANS !