Dans le cellier de sa maison vigneronne auquel on accède par une porte basse, j’ai l’impression de retrouver un peu de la magie des caves d’autrefois, celles des vignerons de mon enfance. Ces premières gorgées de vin, de feu et de fruit, trouble ravissement, comme si l’on franchissait tout à coup des frontières invisibles. Debout face à Jacques Puffeney, discret, pas un mot de trop, terriblement attentif, serein, il suffit d’être là, de se couler dans cette durée, différente, au cœur du vin. Car le vin a un cœur, ou une âme, comme il vous plaira. Qui nous parle du génie d’un lieu et du temps.
On évoque volontiers le corps du vin. Jamais de celui du vigneron…
Je regarde donc le corps de vigneron, trapu, un peu noueux, imperturbable, travaillé par les ans, modelé par cette lente métamorphose, cet échange, subtil, permanent, mystérieux qu'ont les êtres inscrits dans un paysage ou dans une passion. Je regarde les mains du vigneron, ce geste de saisir la bouteille – fermeté et élégance – de la déboucher, avec une certaine gravité.
