Le plus brûlant aussi.
La plupart des thèmes qui hantent depuis longtemps l’œuvre de Chessex se trouvent ici condensés, comme portés à leur point d’incandescence. La mort, la séparation, la violence, la faute, le remords.
Divisé en une quarantaine de petits chapitres, ce livre dont on aurait pu craindre à priori qu’il ne s’épuise dans la proximité lancinante de son sujet, ne tienne pas la distance, s'offre comme une des œuvres les plus fortes, les plus essentielles, de l’ermite de Ropraz.
Ecrire, c’est se mettre à la place des morts.
Plus question ici du métier d’écrire, du contentement esthétique, de la tournure polie comme un galet ; on devine plutôt comme une forme d’urgence, une manière de s’exposer aussi – au risque d’aller à la rencontre de la folie – dans cette tâche infinie, démesurée, nier la séparation, rattraper le temps perdu. Ecrire, c’est se mettre à la place des morts, racheter leur silence, «recouvrir l’abîme d’une mince pellicule, mais de larmes» selon la belle expression d’Hélène Cixous.
