Raconter une vie, sa vie. La décrire de l’intérieur, dans ses frémissements, sa trace silencieuse, son indécision, ses ombres portées, ses rêves arrimés – non pas la sienne seule, celle d’une femme qui jamais n’aura accepté de passer à côté de sa propre existence – mais cette vie prise dans une coulée plus large, dans ce qui détermine le style d’une époque, d’une génération.
Projet ambitieux, infini, éminemment littéraire. Risqué… A la frontière de l’autobiographie et de la fresque historique souvent totalisante : que retenir des images, des souvenirs, des rumeurs, intensités, signes et sensations qui constituent l’air du temps ?
Pour savoir ce que vaut une telle entreprise, il faut s’y risquer, s’immerger dans ces images, ces indices, traverser une nouvelle fois le temps, à la rencontre d’une vérité labile, celle de soi et des autres. Au bord de sa propre disparition.
«Sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais. »
Projet ambitieux, infini, éminemment littéraire. Risqué… A la frontière de l’autobiographie et de la fresque historique souvent totalisante : que retenir des images, des souvenirs, des rumeurs, intensités, signes et sensations qui constituent l’air du temps ?
Pour savoir ce que vaut une telle entreprise, il faut s’y risquer, s’immerger dans ces images, ces indices, traverser une nouvelle fois le temps, à la rencontre d’une vérité labile, celle de soi et des autres. Au bord de sa propre disparition.
«Sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais. »
Ainsi se termine Les années, le dernier roman d’Annie Ernaux. Douze photos, scrutées avec attention, porteuses peut-être d’un sens invisible, à partir desquelles la mémoire renoue peu à peu avec le fil du destin et l’imprévisible. «Qu’est-ce que le destin, sinon la densité de l’enfance ? » Rilke
La première photo doit dater approximativement de 1941, un bébé à la lippe boudeuse, cet enfant venu au monde, l’auteur elle-même, que l’on suit, à travers les années, jusqu’en 2007 !
L’enfance d’abord, provinciale, secrète, étriquée :
"La plupart des vies se déroulaient dans le même périmètre d’une cinquantaine de kilomètres."
"La plupart des vies se déroulaient dans le même périmètre d’une cinquantaine de kilomètres."
L’ennui est perceptible, le décalage aussi : "Où veux-tu aller, tu n’es pas bien là où tu es ?"
L’adolescence ensuite, toujours ce même rêve d’être ailleurs :
(« Monter en ville, rêver, se faire jouir et attendre, résumé possible d’une adolescence en province. »)
La découverte de la littérature, du savoir. Toute une vie trouve ici son orientation !
La découverte de la littérature, du savoir. Toute une vie trouve ici son orientation !
Brassens (à droite) et Ferré, deux des chanteurs importants des années 55-70.
"Le désespoir est une forme supérieure de la critique : pour le moment, nous l'appellerons bonheur." (Léo Ferré)
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