Depuis de nombreuses années, j’ai ce privilège rare de déguster, avant assemblage, les différents constituants, terroir par terroir, qui constitueront (peut-être) les fameuses cuvées de Jean-Louis Chave, aussi discret que l’enseigne de la maison familiale sur la rue centrale de Mauves.
J’avais publié dans Vinifera il y a quelques années un article sur cet art de l’assemblage si caractéristique de travail de la famille Chave. En voici une version actualisée et résumée.
Gérard et Jean-Louis Chave ont toujours privilégié la philosophie classique de l’Hermitage qui réside dans l’assemblage de plusieurs terroirs. Encore faut-il avoir la chance, comme eux, de posséder des vignes situées sur quelques-uns des meilleurs terroirs de l’appellation !
Selon les Chave, l’assemblage sur les vins rouges est beaucoup plus évident que sur les vins blancs où la recherche de l’équilibre et de la complexité est beaucoup plus difficile. Même si, comme l’avouait hier Jean-Louis, un grand Hermitage blanc est peut-être encore plus émouvant qu’un rouge !
Pour créer leurs cuvées – l’Hermitage blanc, l’Hermitage rouge et, certaines années, la cuvée Cathelin – les Chave procèdent par touches successives (voir ci-après la video avec Jean-Louis). En fonction des caractéristiques du millésime, ils composent plusieurs pré-assemblages qui vont déterminer autant de familles de goûts, d’expression aromatique, de structure, de tension minérale. Ce travail d’assemblage, cet artisanat minutieux et mystérieux n’est pas sans évoquer le travail du peintre, penché sur sa toile, qui va à la rencontre de la lumière, à partir du jeu des couleurs, des formes et des nuances. Pas étonnant d’ailleurs que la cuvée mythique du domaine porte le nom d’un grand peintre, ami de la famille, Bernard Cathelin.