Je caressais ce projet depuis si longtemps. Depuis des lustres. Venir manger à la Pyramide était devenu presque un leitmotiv. Veni, vidi…
L’occasion s’est enfin présentée. Je suis entré là, le cœur tressaillant, me suis incliné devant les autographes et portraits qui tentent d’égayer le couloir menant à la réception. Fernand Point dans toute sa splendeur, le sourcil arqué, la lavallière nouée avec flegme (tiens, on devrait restaurer le port de cet accessoire très smart), la lippe gourmande. Une diva des fourneaux, vraie statue du commandeur qui, même perdue dans les limbes de l’histoire, continue de m’impressionner.
En verra-t-on encore, dans le futur, des trempes pareilles ? Il faut dire que tout est parti d’ici, tout ce qu’on appelait – ironiquement au début – « nouvelle cuisine » sort un peu de ces casseroles. Raymond Thuillier, Bocuse, Chapel, Pierre et Jean Troisgros, Outhier, François Bise sont sortis de cette pépinière du goût. Cherchez bien du côté de notre époque : Ducasse, peut-être…
