Inventifs, courageux, entreprenants, ils révolutionnent les bateaux, la cosmogonie, l’art de la guerre et la stratégie. Avec l’essor de Spartes et d’Athènes, l’influence grecque s’exerce sur tout le pourtour méditerranéen cristallisant dans ce mouvement réussite militaire, économique, politique et culturelle qui apparaissent indissolublement liées. En moins de deux siècles, les Grecs vont inventer la politique, l’idée de démocratie ; revendiquer la liberté individuelle tout en définissant les règles de l’éthique ; fonder l’idée d’une vérité et d’un ordre universels qui seraient à découvrir. Bref, dès le VIe siècle avant notre ère, ils inventent une exigence nouvelle, l’amour de la sagesse, la philosophie – laquelle est autant un mode de vie qu’une façon de penser (voyez les Stoïciens ou les Epicuriens !). Le plus étonnant dans cette trajectoire, c’est son surgissement soudain, sa profusion et sa capacité d’invention. Pour qu’émerge un tel mouvement, il a fallu qu’apparaisse, avant les amis de la sagesse – on le note rarement – une classe sociale, celle des marchands d’Athènes qui va battre en brèche l’hégémonie des riches propriétaires terriens, les Eupatrides (les « biens nés »), en inventant, pour son propre usage d’abord, la démocratie. Solon lui-même qui va contribuer grandement à consolider la démocratie, bien que né dans une famille d’Eupatrides, était également un marchand, seule manière pour lui de revenir à meilleure fortune après que sa famille avait été ruinée. Une fois les bases de la démocratie mises en place, par Solon d’abord, par Clisthène ensuite, mais aussi, dans l’intervalle, par le tyran Pisistrate qui impose le partage des terres, se pose progressivement un certain nombre de problèmes qui nécessitent une réponse philosophique. Le problème du modèle et de la copie, de la vérité et du simulacre, du vrai ami de la sagesse et du sophiste, thématisé avec constance et avec génie par Platon : l’instauration de la démocratie, si elle contribue à une gestion plus juste des affaires de la Cité, entraîne la vérité sur le terrain de la rivalité, du combat rhétorique. Qui dit le vrai ? Et d’abord, quel est-il ? Nombreux sont les prétendants à le définir et à l’exprimer, certains très habiles, véritables communicateurs avant l’heure. D’une certaine manière, même si depuis vingt-cinq siècles les centres intellectuels et économiques se sont déplacés, nous n’avons pas vraiment quitté le monde grec, nous sommes toujours à sa périphérie !
J’aurais souhaité y rester un peu, visiter quelques îles, Delphes, Délos et Skyros notamment, mais j’y suis venu en partie pour le travail (établir une sélection de vins pour un importateur basé à Athènes) et surtout pour fêter l’anniversaire d’une amie à Kalimata dans le Péloponèse. Moment magique au bord de la mer dans une ambiance chaude, très chaude avec un orchestre grec aux rythmes endiablés. Avec, au milieu de la nuit, cette parenthèse que je n'ai pas voulu refermer tout de suite, ce moment d'ataraxie au bord de la mer, le bruit du ressac, les sons de la fête, comme venant d'un autre monde.
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