Une joie, légère, inouïe, qui chante en vous comme au cœur du monde.
Un éblouissement, dans la durée !
Une empreinte des paysages dont les contours pourtant commencent à s’estomper ?
Peut-être, même, une impression de déjà vu ?
Comme si le présent produisait son propre écho, à l’infini ? Mémoire des lumières, des visages et des silences, parmi les mots mêmes.
Comme si le présent produisait son propre écho, à l’infini ? Mémoire des lumières, des visages et des silences, parmi les mots mêmes.
Flux de sensations, d’images, de rencontres, de confluences et de départs ?
Des trous dans la grille espace-temps par où ont disparu (et continueront de disparaître) tant de vies ?
Des paroles. Des dates. Des clés. Ephémérides pareilles à des songes, l’inscription dans le réel en plus.
Dans le couloir sombre, Elysée (tel est son prénom), croisé l'autre jour, attend la fin ; seul au monde, sur sa chaise roulante. « Le pourquoi, le comment, sont des mots de l’infini… » dit-il.
Annus horribilis clame ce jour Le Temps. Demain, promis, on va se mettre au latin pour savoir ce que cela veut dire.
Photo : Cristina Garcia Rodero (tirée de Heaven and Earth).
Tout garder, tout maîtriser, tout perdre ! Hier les Buffalo Sabres sont venus à bout des Penguins de Pittsburgh sur le score de 4-3. Tout le monde s’en fout. Hormis les fans, bien sûr.
Univers en mouvement. Bouleversements, catastrophes, succession de petits miracles, en équilibre. Incertitudes muées en désespoirs flous. Nous y pensons et puis nous oublierons.
Demain, 2009 flottera dans l’espace, ressemblera peut-être à cet objet singulier, une exoplanète, ou, sur le plan économique, à un Big Crunch frôlé de près.
Alors, oui, vraiment, que retenir en attendant ?
Mille Plateaux tient déjà le registre de quelques événements, anodins, plus ou moins fragiles, dotés toutefois à mes yeux d’une certaine importance. Comme une passerelle légère qui conduit d’une vallée à l’autre.
En attendant, pour se rassurer, on compile, on fait ses comptes, on établit ses listes de courses sur fond d’Iran rouge sang et de Père Noël en goguette. Des exemples ?
– Vos dix meilleurs films/livres/conquêtes/bobards/restaurants/sportifs/choses perdues, de l’année.
– Le lexique des cinquante mots mana de cette année. Dont chacun d’eux pourrait s’appeler un buzzword. Des exemples ? Pensée globale, développement durable, minaret, impacter, tous les I (phone) et les E (mail) quelque chose, les acronymes, les euphémismes dont on nous rebat les oreilles.
N’oublions pas enfin le classement des événements qui sont censés avoir changé la face du monde en 2009. Comme si nous tous, vivants du monde, avions un horizon, un seul, auquel nous accorder !
Déjà que c’est difficile avec le temps. Et que c’est par là qu’il faudrait commencer. Le calendrier, les heures, les jours, les années qui s’égrènent, tout ceci conforte l’illusion, sacrée, d’appartenir au même rythme, de partager la même durée, de vivre dans un temps identique. Mais non…
Bien sûr, nous écoutons (à peu près) les mêmes nouvelles à la radio tous les matins, nous lisons (à peu près) les mêmes journaux, nous regardons (à peu près) les mêmes émissions de TV, nous sillonnons l’immense rhizome de la Toile. Le monde s’uniformise. Nous sommes des mutants qui règlent leurs différences à coup de global thinking.
Chacun fabrique pourtant ses propres intensités, définit ses urgences et ses priorités, parcourt ses lignes d’horizon, dispose ses repères. Autant de manière d’habiter le temps, de lui donner une consistance, un sens.
Et voilà le miracle ! Que ces rythmes, multiples, se croisent, se rencontrent, s’accordent, coïncident, dans une commune présence, que ces intensités traversent d’autres intensités, tissent des mélodies secrètes.
Quand c’est réussi, ça porte le nom d’amour, d’amitié, d’aurore boréale, de tout ce que vous voudrez, pourvu que froufroutent les étoiles.
Quand c’est manqué, on patauge dans la solitude, la douleur, la perte, le champ de bataille.
« On a vu pendant la nuit, sous le consulat de C. Caecilius et de Cn. Papirius (an de Rome 641), et …d'autres fois encore, une lumière se répandre dans le ciel, de sorte qu'une espèce de jour remplaçait les ténèbres. » écrivait Pline l’Ancien.
« On a vu pendant la nuit, sous le consulat de C. Caecilius et de Cn. Papirius (an de Rome 641), et …d'autres fois encore, une lumière se répandre dans le ciel, de sorte qu'une espèce de jour remplaçait les ténèbres. » écrivait Pline l’Ancien.
Pour rester sur cette note de beauté, voici un superbe diaporama, Heaven and earth, réalisé par la photographe Cristina Garcia Rodero. Ne le manquez pas ! Il est collector et offre cette beauté convulsive chère à André Breton qui nous réconcilie avec le monde.
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout, de votre fidélité et n’hésitez pas à communiquer vos listes !
9 Comments
"…
The pure cold light in the sky
Troubled his animal blood.
Minnaloushe runs in the grass
Lifting his delicate feet.
Do you dance, Minnaloushe, do you dance?
When two close kindred meet,
What better than call a dance?
Maybe the moon may learn,
Tired of that courtly fashion,
A new dance turn.
…"
http://www.youtube.com/watch?v=-...
Zéro liste, pas de best of, aucune synthèse, ni raisonnement simplificateur à l’aune de son nombril, à bas le temps linéaire morbide…
…vive les nuages de points, les nuances, les étincelles, la fugacité, le panache, la sensibilité, et les (bons) souvenirs à (se) fabriquer !
Seize the day, everytime, everywhere.
Et merci Jacques, pour………….
On ne rattrape jamais le temps perdu,il faut simplement profiter du temps qui reste.
Restons sobre,alors comme Nicolas,merci Jacques
Merci Jacques,
Vu hier soir un grand film : Tetro, le dernier récit familial (tragique) de Francis Ford Copola.
Un film grave, beau, brillant.
Elysée a tout compris… A quoi bon se demander pourquoi l’année a été telle? Une fugace tentative de contrôler ces petites et grandes choses qui nous échappent.
Il y a tout juste une année, on attendait beaucoup de 2009.. Nous l’a-t-elle rendu? D’une certaine façon oui, car ces rencontres, ces découvertes et ces surprises ont enrichi notre quotidien.
Qui plus est, grâce aux vins, sortes de "machines à remonter le temps", la rétrospective risque d’être intéressante. Pas d’une manière compatissante, ni teintée de nostalgie, juste une photographie de ce à quoi aura ressemblé 2009…
"The past is history, the future is mystery but the present is a gift, that’s why it is called "present" ".
Une excellente nouvelle année, sans voeux, mais emprunte de curiosité, juste pour voir ce à quoi ressemblera 2010…. 🙂
C’est vous qui écrivez: " imaginons ce que 2009 aura été, ce quelle aurait pu être ce qu’elle ne sera pas"… et ce qu’elle a été alors?!
J’aimerai, comme vous, pouvoir éviter ce qu’elle a été et ce qu’elle m’a enseigné, mais je n’ai pas ce luxe…
A l’occasion de cette nouvelle année, je vous souhaite de trouver l’amour a chaque fois que vous en aurez besoin et si vous ne le voyez pas demandez a votre ange de vous aider et alors vous sentirez…
Delphine.
Toutes mes excuses pour ce commentaire idiot.
Je suis en permanence confrontée au sens, et parfois je suis un peu fatiguée de ce sens qui s’impose en permanence. Peut-être que j’aimerai avoir votre légèreté. Merci beaucoup pour ca.
Bolleret,
Dites-nous en un peu plus sur cette quête inlassable du sens … (je suis comme François Mitterrand, sensible aux forces de l’esprit). 🙂
Merci Delphine ! Je suivrai votre conseil et j’irai voir vos images…