Gageons un perdreau truffé que cela viendra dans une prochaine édition… Cela dit – et c’est une réserve minime que l’on peut adresser à l’ouvrage – la lecture de ces catégories n’est pas toujours évidente car s’y trouvent rassemblés autant des styles d’établissement (bistrots, superbistrots), que des thématiques culinaires ou, à l’intérieur de l’une des thématiques, une orientation (tendance poissons, viandes, etc.).

 

 

Davantage qu’un guide gastronomique constellé d'étoiles, fourchettes et cotations diverses, Le petit suisse à table est un livre nomadisant pour esprits et palais curieux, pèlerins du goût prêts à s’embarquer vers des lointains accessibles. Ni complaisants, ni sectaires, les auteurs savent communiquer leur enthousiasme, leur passion des beaux produits, restituant en quelques coups de plume bien taillée, une ambiance, un décor, une atmosphère… Bref, un style ! Ils n’en manquent d’ailleurs pas, Jean-Luc Ingold et Véronique Zbinden : ils savent écrire moderne, précis, percutant. Tout le contraire des poncifs souvent véhiculés par la profession lorsqu’elle se pique de décrire les arcanes d’une préparation et les émois du palais qui l’accueille. Ne vous fiez pas aux apparences, la fluidité, la légèreté, l’originalité pour décrire des choses aussi essentielles et subtiles, ne sortent pas tout armées du vademecum du gastrosophe en goguette mais sont le fruit d’un long travail, d’une approche patiente et attentive de ce Délos insaisissable qu’est le paysage gastronomique, à la fois creuset et miroir de nos sensations, de nos mémoires enfouies, de nos amours perdues, de nos états d’âme et de nos rêves édéniques. Qu’en disent les petites suissesses ?
Bon, au fond, c’est vrai, il n’y a que le titre de discutable dans ce guide, un brin dragueur, faussement ethno….

Le livre Le petit suisse à table par Véronique Zbinden, Jean-Luc Ingold, 30 frs. Editions Texto