Le principe de désobéissance
1) Si un soldat, dans des circonstances dont il est le seul juge après Dieu, éprouve la sensation du danger (par exemple dégoupiller une grenade), il DOIT désobéir à son supérieur si celui-ci lui intime l’ordre d’accomplir cet exercice.
C’est tout nouveau, ça vient de sortir, ça s’appelle le principe de libre désobéissance et c'est en vente à l'armée !
2) Toujours dans ces circonstances, si le soldat désobéit et refuse d’exécuter l’exercice qui lui semble dangereux, il ne fait que son devoir puisque, précisément, on lui demande de désobéir dans de telles circonstances.
En même temps, et c’est là que le bât blesse, le soldat contrevient à son devoir puisque, en tant que soldat, il est là pour obéir et non pour discuter tel ou tel ordre, voire commander…
En même temps, et c’est là que le bât blesse, le soldat contrevient à son devoir puisque, en tant que soldat, il est là pour obéir et non pour discuter tel ou tel ordre, voire commander…
3) Ce faisant, le soldat mine dangereusement, par son attitude lucide, la structure très hiérarchisée de l’armée : il pourrait donc, dans le cas très improbable où ses supérieurs n’auraient pas la même appréciation du danger, être considéré comme un traître, et sanctionné.
Comment vivre avec des paradoxes ?
4) Le grand sachem Roland Nef est en fait un adepte crypté du célèbre double bind conceptualisé et décrit par Gregory Bateson dans les années cinquante.
De quoi s’agit-il ? On peut décrire le double bind comme l’intériorisation forcée d’un paradoxe (essayez de vivre en permanence, vous verrez, ce n’est pas facile, même les meilleurs logiciens ou les physiciens quantiques n’y arrivent pas toujours…). Par des injonctions contradictoires, on place le sujet devant ce dilemme : opérer un choix qui, quel qu’il soit, ne sera ni libre ni judicieux. Inutile de préciser que ce genre de choix contraint est très destructurant pour l’individu.
De quoi s’agit-il ? On peut décrire le double bind comme l’intériorisation forcée d’un paradoxe (essayez de vivre en permanence, vous verrez, ce n’est pas facile, même les meilleurs logiciens ou les physiciens quantiques n’y arrivent pas toujours…). Par des injonctions contradictoires, on place le sujet devant ce dilemme : opérer un choix qui, quel qu’il soit, ne sera ni libre ni judicieux. Inutile de préciser que ce genre de choix contraint est très destructurant pour l’individu.
Roland Nef et l’art de porter la cravate…
Roland Nef ressemble à cette mère (supposée juive) dont l’histoire a fait le tour du monde. Elle offre à son fils pour son anniversaire deux superbes cravates, une rouge et une bleue. Touché par ce présent, le fils en essaie une, disons la rouge, qu’il noue autour de son cou. Lorsqu’il revient, visiblement très fier, beau comme un paon, sa mère le regarde avec une forme de dépit et lui dit :
– Pourquoi n’as-tu pas mis la bleue, elle ne te plaît pas ? Dis-le qu’elle ne te plaît pas, hein ?
Roland Nef ressemble à cette mère (supposée juive) dont l’histoire a fait le tour du monde. Elle offre à son fils pour son anniversaire deux superbes cravates, une rouge et une bleue. Touché par ce présent, le fils en essaie une, disons la rouge, qu’il noue autour de son cou. Lorsqu’il revient, visiblement très fier, beau comme un paon, sa mère le regarde avec une forme de dépit et lui dit :
– Pourquoi n’as-tu pas mis la bleue, elle ne te plaît pas ? Dis-le qu’elle ne te plaît pas, hein ?
Que diable l’armée de l’air allait-elle faire dans cette galère ?
5) Dans la tragédie de la rivière Kander du 12 juin derniers, quatre soldats ont hélas perdu la vie et l’un deux a disparu. Des sous-officiers (de l’armée de l’air !), habitués certes à obéir puisque ayant passé déjà un certain nombre de mois dans le grand laminoir autocratique, mais également à commander.
Leur supérieur direct, le capitaine Yves M., participait également à la descente infernale. Il est le seul rescapé. Ni Rambo, ni matamore, un peu des deux sans doute, Yves M. porte peut-être sa part de responsabilité dans ce drame.
5) Dans la tragédie de la rivière Kander du 12 juin derniers, quatre soldats ont hélas perdu la vie et l’un deux a disparu. Des sous-officiers (de l’armée de l’air !), habitués certes à obéir puisque ayant passé déjà un certain nombre de mois dans le grand laminoir autocratique, mais également à commander.
Leur supérieur direct, le capitaine Yves M., participait également à la descente infernale. Il est le seul rescapé. Ni Rambo, ni matamore, un peu des deux sans doute, Yves M. porte peut-être sa part de responsabilité dans ce drame.
De l'âge des cadres en relation avec les tragédies
Comme l’an passé après le drame de la Jungfrau, on a promis la lumière, toute la lumière, des éclaircissements, l’établissement des responsabilités, des réformes, de remettre de l’ordre dans la Maison. Samuel Schmidt est apparu, la mine contrite, puis il est retourné à ses affaires. Qui sont compliquées.
A chaque fois, on a cette impression, des résolutions vont être prises, le ménage va être fait, des têtes vont tomber peut-être…
Des têtes ? Une seule. Celle de Walter Knutti, le chef des forces aériennes. Contraint à la démission, pour l’exemple, après « d’intenses discussions » et après avoir dû sans doute avaler quelques couleuvres.
Des têtes ? Une seule. Celle de Walter Knutti, le chef des forces aériennes. Contraint à la démission, pour l’exemple, après « d’intenses discussions » et après avoir dû sans doute avaler quelques couleuvres.
On ne va pas le plaindre : M. Knutti a désormais tout le temps pour méditer sur les méandres de la hiérarchie et, qui sait, s’offrir un élégant borsalino. Car enfin, n’était le drame, le motif invoqué prêterait presque à sourire : Walter Knutti n’a pas respecté le règlement et les directives de la sélection des cadres au sein des Forces aériennes. Il a notamment proposé le capitaine Yves M. au poste de commandant de compagnie de sûreté de transport aérien 3 alors que celui-ci n’avait pas l’âge minimal requis.
Question : si le capitaine Yves M. avait eu un an de plus, le drame se serait-il tout de même produit ?
Question : si le capitaine Yves M. avait eu un an de plus, le drame se serait-il tout de même produit ?
Implacable logique militaire : voilà de quoi méditer durant les longues nuits de veille dans un désert qui n'est plus celui des Tartares.
3 Comments
Cette inattendue réaction à ce tragique événement, met en lumière le paradigme ambivalent de la post modernité en Europe.
Une seule vie humaine vaut davantage que tous les éventuels bénéfices pour la collectivité.
L’individu doit d’abord se respecter lui même, ses aspirations sont la chose la plus sacré et la société ne peut lui en denier le droit, même si elle signe là, un retour à une barbarie auto destructrice.
Le facteur risque ne fait plus partie de notre culture, il est fondamentalement inacceptable, et tant pis, si nous sombrons dans une léthargie impropre à faire avancer les défis qui nous font face.
Nos enfants aurons un réveil douloureux, il penserons à nous….
En attendant, ouvrons une bouteille de Chasse spleen.
Je m’interroge aussi sur la place du conformisme et du progressisme.
Si les élites supposées les plus conformistes, font preuve d’une pensée implicitement issue de l’héritage de 68, ne serait il pas temps de changer le disque?
Nos "intellectuels" se complaisent depuis bien trop longtemps dans des postures auto valorisantes très confortables, or n’est ce pas justement le propre du conformisme?
Moi ce qui me tracasse, c’est ce qu’aurait dit la Mère Denis, sans doute "ça c’est ben vrai!!" ou alors "c"esr sûr c’est comme tout le reste!!" mais le principal c’est de savoir que nos enfants penseront à nous