La huitième édition de Arvine en capitale vient de se terminer à Fully. Rappelons que cette association qui regroupe 19 vignerons est présidée par Gérard Dorsaz. Elle existe en parallèle avec Fully grand cru présidée par Gilles Carron.
Pour cette édition, les organisateurs avaient invité Olivier Poussier, qui fait partie des meilleurs « meilleurs sommeliers du monde » et qui a animé plusieurs masterclass. Les vignerons fulliérans participaient à la première, celle du vendredi, alors que les premières neiges avaient fait leur apparition sur le Grand Chavalard et sur crête étincelante de la Pierre Avoi. Voici une synthèse de la dégustation commentée par Olivier Poussier :
« La Petite Arvine fait partie des cépages majeurs de notre vieille Europe. Peu de cépages sont capables de produire de grands vins aussi bien en version sèche, demi-sèche, passerille ou botrytisée. Dans le cadre de la diversité variétale pour lutter contre l’uniformisation du goût, c’est un cépage à promouvoir ».
Le premier exemple analysé dans cette masterclass a été celui du Muscadet Sèvre et Maine avec son terroir de ph acide où le cépage Melon épouse une climatologie atlantique et un terroir à minéralité prononcée.
« Ce qui s’est passé dans le Muscadet, a précisé Olivier Poussier, c’est exactement la même chose qu’à Fully. A un moment donné, il y a des vignerons qui se sont rassemblés pour identifier une notion de cru. Imaginez qu’à Fully, vous ayez labellisé la Petite Arvine sur gneiss ».
En 2001, les crus sont sortis. Granites de Clisson, Schistes de Goulaine et Granite de Vallet avec un cahier des charges précis, limitation du rendement à 45 hl et élevage sur lies pendant 24 mois.
« La maîtrise de productivité doit faire partie de votre cahier des charges de Fully Grand cru ! » a lancé Olivier Poussier aux vignerons présents pour les stimuler.
Les vins en dégustation
Le Muscadet Sèvre et Maine 2012, Les Laures, Granite de Vallet, Jean-Jacques et Rémi Bonnet
Nez fin, notes minérales, légèrement poivré. C’est un vin dynamique, aux notes de fleurs blanches, à la finale vive et soutenue.
« Il est frais par son propre équilibre, pas par la température de service » a encore souligné Olivier.
Vinho Verde 2012, Loureiro, Dòcil, Dirk Niepoort
« J’ai choisi ce vin pour démontrer qu’on peut faire de grands vins d’identité terroir, même si on n’a pas un degré d’alcool (11 %)», explique Olivier. On est dans l’appellation Vinho Verde, c’est un Loureiro 100 % sur terroir de granite vinifié par Dirk Niepoort. « C’est la partie nord du Portugal, on est sous influence océanique, avec des amplitudes thermiques qui favorisent le métabolisme du raisin.
Ce que j’aime, c’est sa cristallinité, avec la pomme granny Smith, c’est très pur », souligne le sommelier.
AS Sortes 2011, Val do Bibei, Valdeorras, Rafael Palacios, Galice
Le nez est sophistiqué, notes florales, vanillées. Bouche grasse, séveuse. Le vin est issu de vieilles vignes dont une plantée en 1920. Il revient sur une belle tension finale mais personnellement je trouve le boisé un peu appuyé.
« Le Valdeorras, c’est 1300 ha de vignes, sur sols granitiques, feldspath, micaschistes, ainsi que des sables sur substrat granitique, explique Olivier Poussier. On est ici en présence d’un cépage extraordinaire : le Godelo. Il s’exprime sur des notes d’iris, de glycine ».
Weingut Knoll 2011, Ried Schütt, Loibner Grüner Veltliner, Smaragd
Olivier Poussier évoque pour situer ce remarquable Smaragd Grüner Veltliner le Danube et son flux, son courant qui donne une empreinte extraordinaire, le basalte, le feldspath et, juste au-dessus, les coteaux comme celui de Durstein.
« Les grands vignobles sont dans des paysages avec des ouvertures d’horizon exceptionnelles ». Il évoque la Wachau, la façon dont il s’est sorti du marasme après le scandale des vins autrichiens en 1985, et qui s’est doté d’une réglementation drastique : il fut notamment un des premiers à avoir lié le degré alcool à l’extrait sec.
Le vin se distingue par un corps splendide, puissant, fuselé, d’une remarquable fermeté épicée.
Place aux Arvines capitales !
Cave du Chavalard 2012, Fully Grand cru, Gilles Carron
« Ce qui m’intéresse, c’est le profil, petite arvine à vocation apéritive, ludique, commente Olivier. Elle a cette fringance qui fait que la Petite Arvine peut aussi être lue de cette façon.
C’est l’ADN de la Petite Arvine dans son profil variétal ».
Petite Arvine 2012 Gérard Dorsaz Lonfat, Fully
Une réussite et un exemple. Belle bouche, dense, énergique. Très bel extrait sec. La finale trace d’une manière remarquable.
« Si l’amertume subjugue l’acidité, alors on est dans le vrai, ajoute l’invité d’Arvine en capitale. Les vignerons qui sont des leaders de position sont très importants car ils fédèrent les autres.
Petite Arvine Les Perches 2012 Benoît Dorsaz
Une autre illustration de la grandeur de l’Arvine. Elle est élancée, vibrante au niveau aromatique et cristalline dans son expression.
« Là on entre dans l’univers des grands vins, car là il y a de puissance, de la fermeté »
Grain blanc 2012, Les Claives, Marie-Thérèse Chappaz, domaine La Liaudisaz, Fully
Gloire à l’Arvine avec cette Arvine des Claives, ample, généreuse, qui allie grande maturité du raisin et énergie minérale.
« La puissance, la richesse n’est pas tout. On a un vin qui est vibrant et précis. »
La conclusion de ce séminaire par Olivier Poussier : « ayez le respect de votre terroir ! »
Arvine en capitale from Jacques Perrin on Vimeo.
Après cette masterclass d’anthologie (due à l’heureuse initiative de Pierre Devanthery), place à la dégustation de toute les Arvine de l’Association. Une trentaine au total. Là, je l’avoue, le niveau est assez inégal et, si la voie est ouverte, l’exigence de perfection demeure. Voir la vidéo ci-dessus !
Comment
beau commentaire ..MERCI !!