Un lundi qui démarre sous le brouillard, légèrement ensuqué. En montant à Saint-Cergue, la forêt a des teintes de fin d’automne. La neige est rare. Puis le temps change, bruine étirée au fil de la cluse de Morez. C’est ici le royaume de la lunette. Circulons, il n’y a rien à voir.
A Arbois, le temps a viré à la tragédie. Vite un petit noir au bar en face de l’institution Hirsinger ! Closer a balancé son pétard mouillé. L’affaire Hollande-Gayet va être le vaudeville de ce début d’année. Et revoilà la Sarkozie qui s’agite dans la coulisse. On est toujours la marionnette de quelqu’un d’autre.
Au même moment sort en librairie la ballade de Rickers Island du virtuose Régis Jauffret. Arrimé à la rugueuse réalité. La réalité augmentée, dit l’écrivain qui excelle dans ce genre. Où il est question de celui qui aurait dû être président à la place de Hollande et qui ne se reconnaît pas dans ce portrait brossé au scalpel d’un priapique gavé de poudre de cantharide. Cette fausse mouche chère au marquis de Sade et dont un autre président, Félix Faure, fit les frais en une glorieuse épactase.
Un peu de sérénité au milieu de ce tumulte et de ces fracas. Voici la salle Louis Pasteur au centre d’Arbois. C’est là que les vignerons de Biodyvins présentent leurs vins. L’association de biodynamiciens a été créée en 1995 et regroupe aujourd’hui 90 domaines. Ils ne sont pas tous là aujourd’hui, mais ils présentent un bel éventail de vins d’une grande homogénéité qualitative.
Des domaines réputés, des découvertes, des émotions pures. Comme ce Riesling Clos Saint Urbain 2011 Rangen de Thann de Zind-Humbrecht très racé ou l’élégantissime Furstentum 2012 d’Albert Mann.
Même si on adore ça, il y a une vie après le riesling. Côté sud de la vallée du Rhône, le Vacqueyras Lopy 2011 du Sang des Cailloux réussit l’impossible, faire parler le feu et l’apaiser !
Bordeaux n’était pas absent avec deux excellents représentants de la rive droite, le château Gombaude-Guillot dont le 2011 est une réussite et le Clos Puy Arnaud de Thierry Vialette dont les 2011 et les 2010, impeccables et stylés, confirment tout le bien qu’on peut penser de cette propriété et du travail qui y est accompli.
Un des régionaux de l’étape était le vibrionnant Stéphane Tissot dont la gamme de vins se situe à un très haut niveau. Une première pour ce domaine : après presque 7 ans de patience, une nouvelle cuvée de Château-Chalon 2007 d’une merveilleuse finesse et complexité.
De quoi faire la transition avec le vigneron suivant, François Rousset, qui pour nous est LA découverte de ces dernières années dans le vignoble jurassien et, plus particulièrement, celui de Château-Chalon ! Ce dernier fera l’objet d’un portrait détaillé prochainement.
Imaginez simplement ceci : des Château-Chalon de grand style, élevés parfois pendant plus de 20 ans. La voilà la vraie réalité augmentée ! Et aussi, des savagnins issus de grands terroirs de Château-Chalon et vinifiés en vins blancs secs comme ce Clos de Trus qui provient sans doute de la plus vieille vigne de l’appellation. Quasi centenaire, elle appartenait aux trois frères Clavelin.
Juste avant de passer chez Hirsinger pour goûter au fameux Pâté en croûte au vin jaune et ses ganaches qui valent largement la poudre de cantharide, une découverte encore. Et pas n’importe laquelle. Un vin fabuleux, complexe, sapide, d’une originalité profonde, mystérieuse.
Son nom ? On reste dans les ors de la république. La cuvée Collection Ministre Impérial 2012 du domaine Comte Abattuci en Corse. Elaborée à partir de vieux cépages autochtones (Morescola, Morescono, Aleatico, Carcajolo Nera, Montanaccia, Sciacarello et Nielluccio), cette cuvée a été notre grand coup de cœur du salon ! J’en veux !
5 Comments
Bonjour, Jacques,
Découvert Rousset à l’Arpège pendant les fêtes.
Un beau verre (très cher toutefois) de Château-Chalon 2004, distingué.
On a beaucoup parlé ces dernières années des meilleurs blancs de Corse, à juste titre… mais il est temps de redécouvrir les plus grands rouges de l’île, issus de cépages autochtones, car les meilleurs d’entre eux ont de quoi faire trembler nombre de crus mythiques de l’Italie proche. Ou quand les plus beaux vins des îles brillent par leur parfum et finesse, plus que par leur couleur ou chaleur… On en reparlera sans doute bientôt, suite au Vinisud qui se profile…
Sans oublier les blancs chez Abbatucci, avec notamment l’assemblage des cépages Biancu Gentile, Brustiano, Genovese, Rossala Bianca, Vermentino sur la cuvée « diplomate il Cavaliere ».
Au passage, Faustine VV 2011 rouge d’Abbatucci bu récemment : on a évoqué un grenache d’Emmanuel Reynaud ou un Barolo de Burlotto.
Finesse, distinction complexe, fraîcheur …
Les grenaches de Madrid et de Mentrida sont à découvrir aussi (Maranones, Jimenez Landi, Comando G, …).
Jacques
merci de ta visite et de tes commentaires