Premier arrêt à Calon-Ségur. Première extase !
Le Calon-Ségur 2010, sublime de fraîcheur, de noblesse d’expression et de complexité, est une évidence de grand vin ! « Mon cœur est à Calon… » Je ne cite ici que la conclusion du propos de Nicolas Alexandre de Segur : on pourrait penser sinon que je place ce Calon-là au-dessus de Latour ou de Lafite… Mais il n’est pas loin, il n’est pas loin !
Une chose est certaine : il avait du goût, le « prince des vignes » !

Calon-Ségur
Dégustation ensuite des vins de St-Julien, Pauillac, St-Estèphe et Haut Médoc au château Grand Puy Ducasse, au bord du quai Antoine-Ferchaud, un personnage dont on a perdu la mémoire et la trace. Presque normal quand on donne son nom à un quai aussi improbable. Et pourtant, quel personnage ce Ferchaud ! Entomologiste aux connaissance encyclopédiques. Un véritable esprit du XVIIIe !

Mais revenons à nos bouteilles et aux vins que nous avons préférés dans cette dégustation lumineuse, d’une homogénéité impressionnante sur la plupart des appellations :

Haut-Médoc : La Tour Carnet et Camensac
St-Julien : Léoville-Poyferré (magique !), Léoville-Barton, Gruaud-Larose, Lagrange, Langoa-Barton, St-Pierre, Talbot
Pauillac : Grand Puy Lacoste, Lynch-Bages, Pichon-Baron, Pichon-Lalande, Croizet-Bages, Haut-Bages-Libéral
St-Estèphe : Phélan-Ségur, Lafon-Rochet, Cos Labory, Pez
St-Julien : Léoville-Poyferré (magique !), Léoville-Barton, Gruaud-Larose, Lagrange, Langoa-Barton, St-Pierre, Talbot
Pauillac : Grand Puy Lacoste, Lynch-Bages, Pichon-Baron, Pichon-Lalande, Croizet-Bages, Haut-Bages-Libéral
St-Estèphe : Phélan-Ségur, Lafon-Rochet, Cos Labory, Pez

Et puisqu’on y est, on y reste. Déjeuner à Phélan-Ségur sur une inspiration « Taillevent » (que la famille Gardinier vient de racheter). C’est l’occasion de faire connaissance avec la nouvelle directrice de la propriété, la sémillante Véronique Dausse arrivée ici en septembre 2010.
Mini verticale de Phélan-Ségur, histoire de faire le point sur les millésimes : 2010 (déjà remarqué lors de la dégustation de l’UGCB) /2009 (beaucoup de race)/2008 (grand classicisme)/2007/2005 (très rond, suave)/2004 (floral, dynamique et racé)/2003 (mûr et généreux)/2002 (étonnant pour le millésime !)/2001(très moka, boisé)/2000 (mentholé et poivré, pas encore totalement uni au niveau de la structure de bouche)/1999 (procure beaucoup de plaisir à table) et 1996 (énergique et élancé, une réussite !)/1993 (un vin digeste et équilibré).
Ça y est ! C’est une belle semaine qui s’achève. Les quais de Bordeaux sont une invitation à la promenade, à la fête, à la poésie. Face à la Place de la Bourse et à la fontaine des Trois Grâces, le miroir d’eau est une île aux merveilles et aux leurres. En cette fin d’après-midi presque caniculaire, il attire des pèlerins, des nomades, des passants esseulés, des couples qui font et se défont, des enfants libérés soudain de la sollicitude maternelle, des Narcisse déambulatoires, des timorés restés sur la rive, des photographes, des nostalgiques de la place St-Marc. Ce plan de granit long de 130 mètres et large de 42 mètres a été conçu par l’architecte paysagiste Michel Corajoud est alimenté en eau selon plusieurs effets différents de brumisation.
Juste en face, surplombant la place de la Bourse, voici le restaurant Gabriel de l’étoilé François Adamski. On a le choix entre le gastro et le bistrot. Ce sera le bistrot pour ce soir. La carte est simple avec quelques classiques, genre tricandilles croustillantes, os à moelle rôtie entier, tartare ou tête de veau sauce gribiche. La réalisation est correcte. Mais le lieu – le bistrot donc – vaut surtout pour le casting surréaliste cet employé (dont on espère qu’il est unique).
Oyez plutôt. Après avoir tourné toute la soirée autour de notre table, interférant sans cesse dans la conversation, allant même jusqu’à nous expliquer le vin : »vous allez sentir un arôme particulier dans ce vin. Je vous dirai après ce que c’est… » (sic !), le serveur arrive avec deux additions, une importante (avec détail des plats) et une moins importante (sans détail).
– Je vous amène deux additions car une erreur s’est produite dans le décompte. Sur l'addition avec le montant le plus important, vous avez le détail de vos plats, et ceux de la table voisine, vous n’en tendrez pas compte. Votre addition, c’est l’autre… Il n'y a pas de détail mais vous pouvez me faire confiance…
– Ah bon, voilà qui est amusant : c’est la première fois que je vois ça, une double addition ! Heureusement que ne sois pas un inspecteur du Michelin, on ne sait jamais…
– Le Michelin, je m’en fiche… J’ai travaillé dans établissements avec énormément d’étoiles !
– Ah oui, lesquels ?
– A Mouton-Rothschild, à Lafite…
– A parce qu’ils ont des étoiles maintenant ?
– Non, à vrai dire, ils n’ont pas besoin de cela ! De toute façon, ce ne sont pas des établissements pour des gens comme nous…
– Nous ? Vous pensez à qui ?
– Vous et moi, car je suppose que vous n’êtes pas milliardaire (sic !)…
– Le Michelin, je m’en fiche… J’ai travaillé dans établissements avec énormément d’étoiles !
– Ah oui, lesquels ?
– A Mouton-Rothschild, à Lafite…
– A parce qu’ils ont des étoiles maintenant ?
– Non, à vrai dire, ils n’ont pas besoin de cela ! De toute façon, ce ne sont pas des établissements pour des gens comme nous…
– Nous ? Vous pensez à qui ?
– Vous et moi, car je suppose que vous n’êtes pas milliardaire (sic !)…
L’adresse ? Non, non, inutile… Mais la leçon valait bien deux additions !
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La prochaine fois, tu viendras tranquillement chez Marité et au moins tu seras sûr d’avoir quelques topettes dignes de tes exigences.
Tu em fais de la peine, gamin !
Je viendrai, je viendrai… Préviens Marité !