Après les millésimes d’exception – dont le tir quasiment groupé (2005, 2009 et 2010) avait fait céder Bordeaux à une euphorie certaine – voici l’année exceptionnellement difficile. Déjà, 2012 ne s’était pas présenté sous les auspices les plus favorables avec un printemps maussade et un été contrasté. En 2013, le scénario s’est répété. En pire.
(…)
Aux caprices de la météo, il faudra encore ajouter la grêle qui a dévasté plusieurs milliers d’ha. Bref, rien n’aura été facile dans le millésime 2013 et la nature a sans doute rappelé l’homme à une certaine humilité.
(…)
Il faut donc dire ici que produire dans ces conditions un bon, voire un très bon vin, exigeait de réelles vertus : un sens aigu de l’observation et de l’anticipation au niveau viticole, une détermination de tous les instants, une rapidité de décision et d’action, pas mal de chance aussi et, enfin, un esprit de sacrifice !
(…)
»Océanique mémorable, vin incrachable. Pluie sur la fleur, orage et grêle en été, forte chaleur en juillet et humidité fin septembre ». Denis Durantou de l’Eglise-Clinet résume ainsi le millésime.
« Incrachable » est un qualificatif qui vient souvent à l’esprit quand on goûte les meilleurs 2013. Quand ils sont réussis, ceux-ci évoquent un style à part, unique, fruité et délicat. Sans végétal marqué comme on aurait pu le craindre.
(…)
La sapidité sera la vertu principale des meilleurs 2013. Des degrés naturels inférieurs en moyenne d’au moins un degré par rapport à ces dernières années et des extractions plus douces ont conféré aux meilleurs de ces vins un caractère quasi irrésistible et sapide.
Nonobstant le caractère immédiatement savoureux et aimable des vins, cette fraîcheur et cette tension nous réserveront sans doute de belles surprises au vieillissement.
« L’ascète fait de nécessité vertu » disait Nietzsche. L’élégance aussi. Avec ce millésime, Bordeaux a découvert – et nous avec – une nouvelle esthétique du vin et, du même coup, doit s’interroger aujourd’hui sur ce qu’est la maturité idéale.
Cela dit, si l’on cherche la complexité, les nuances infinies, on ne la trouvera que dans quelques-unes des expressions les plus réussies du millésime. Sans doute le terroir y est-il aussi pour quelque chose. Pour la plupart des autres vins, on demeure toutefois dans un registre expressif assez linéaire.
(…)
PS : Les lignes qui précèdent sont extraites du Vinifera 50 Spécial Bordeaux 2013 (à paraître).
Demain : ma synthèse des Bordeaux 2013
Mes “coups de cœur”
Brane Cantenac
Calon-Ségur
Grand-Corbin Despagne
Fargues
Grand-Village
Larrivet Haut-Brion blanc
Mazeyres
Monbrison
Saint-Pierre
Tertre Rotebœuf
Quelques découvertes du millésime
Canon-Pécresse
Clos de Bigos
Les révélations du millésime
Carmes Haut-Brion
Labégorce
Petit-Village
Les vins les plus magiques
Ausone
Calon-Ségur
Figeac
Lafaurie-Peyraguey
Lafleur
Mouton
Sigalas-Rabaud
Yquem
Les vins les plus chatoyants
Clos la Madeleine
Croix de Beaucaillou
Glana
Lafon La Tuilerie
Léoville-Poyferré
Moulin St-Georges
Palmer
Rauzan-Ségla
Violette (La)
Le vin le plus énigmatique
Pichon-Lalande
Les meilleurs rapports prix/plaisir prévisibles
Broustet
Clos Manou
Clos Marsalette
Clos du Marquis
Doisy-Védrines
Ferrande blanc
Grand Puy Lacoste
Haut-Carles
Laroze
Marquis de Terme
Marsau
Mazeyres
Monbrison
Potensac
Rouget
Les meilleurs seconds vins
Chapelle d’Ausone
Marquis de Calon
Pensées de Lafleur
Petit Mouton
Leave A Reply