Clos Haut-Peyraguey pour son caractère cristallin, son raffinement aromatique et son envolée finale avec une parcelle de magie.
Coutet grande noblesse d’arômes, délicatement miellé, il monte lentement en puissance et termine énorme, confit, vibrant.
Fargues pour sa liqueur incroyable, ou comment allier la puissance et la finesse.
Lafaurie-Peyraguey pour sa grande texture, son corps imposant et « tenu », sans lourdeur.
Nairac pour ses touches miellées et hespéridées, son corps superbe, dense, complexe et sa finale traçante.
Sigalas-Rabaud un chef-d’œuvre, qu’on se le dise ! Complexe, raffiné avec une finale d’une explosivité pure.
photo © Armand Borlant
Je vous l’ai promis : pour chacun de ces post, je préconise la musique qui va avec. Aujourd’hui, ce sera Higher than the stars by The Pains of Being Pure at Heart, et demain autre chose…
33 Comments
Bon, j’ai écouté, juste pour savoir ce que tu aimes là.
……
Mais bon, je garde un respect immense pour un pote qui passe du 2 sup les yeux fermés en chantant une tyrolienne 🙂
J’oubliais : j’aime beaucoup l’adjectif "serein" pour Ausone : un mariage parfait !
Higher than the stars étant évidemment métaphorique ici, j’ai une prescription personnalisée pour le sieur Mauss : pour accompagner ces vins, les Gesänge der Frühe de Schumann op 133 tisseront un contrepoint inoubliable. Par exemple "Belebt, nicht zu rasch" ou "Bewegt", ce sera davantage dans "tes cordes"…
Une merveille ce Sigalas-Rabaud 2009, d’une pureté incroyable, et d’une immense finesse…
Dans le fond, tous les millésimes ne sont-ils pas des millésimes d’artistes, et de terroir?…
Tu as raison Anne-Laurence, on se trouve à la croisée des mondes, un terroir, un artiste et la météorologie, des intuitions, beaucoup de travail et c’est un peu de la magie…
Exactement. Et qui dit artiste dit beaucoup de sensibilité, et une réelle passion. Le vin est un produit vivant, et magique à la fois…
Bravo : il y a des vins comme ça qu’il ne faut surtout pas décrire techniquement : c’est les abîmer.
Qu’est-ce que tout ça a à voir avec l’abîme, signor Mauss ? Peut-être que tu as raison mais il nous faut bien mettre des mots sur des sensations, c’est mieux que des notes… Cela dit, chaque dégustateur devrait être attentif aux champs lexicaux induits par les différents vins dégustés : dans ce millésime (2009), le mien comportait au moins trois grandes catégories : la plus belle, la plus excitante étant celle liées à l’énergie, la verticalité, la sérénité, la présence vibrante ; une autre, également passionnante, était liée à la sensualité tactile, au caractère fastueux, aux constructions sphériques, déployées, de certains autres vins, chefs-d’oeuvre d’hédonisme ; et la troisième ? Ben, la troisième, c’est comment dire ? quand la vision esthétique fait défaut, qu’on s’est contenté du prisme formateur de la technique, du savoir-faire : vaste débat !
Merci surtout de ne pas donner une priorié aux mots sur les sensations : cela ferait désordre.
Mais le combat s’annonce difficile pour plus d’un cru qui mérite d’être à la fois dans les deux premières catégories !
Haut-Brion en premier, même si je sais que tu fais la moue.
va falloir affiner, affiner 🙂
La moue ? C’est vite dit, ça… C’est un très grand Haut-Brion : pour moi, un des cinq plus grands vins rouges du millésime. Classement suit bientôt !
Rive gauche (St-Julien), rive droite, quelques creux … ?
Mme de Lambert,
Je vous envoie la photo de ce fantastique Sigalas-Rabaud 1914 en début de semaine prochaine.
Promis ! 🙂
"Je suis au bord d’un bras de mer qui me sépare d’une côte située au large. Survient quelqu’un qui me dit: "D’ici une heure ou deux, une barque viendra vous prendre pour vous transporter là-bas". J’acquiesce mais me demande pourquoi je dois aller là-bas, où je n’ai rien à faire. Il est vrai que je n’ai rien à faire ici non plus.
Au-delà de l’allusion claire au fleuve des morts et à son nochet Caron, le plus pénible est ici le sentiment, persistant après le réveil, que je ne sais ni ce qu’il y a là-bas, ni ce qu’il y a ici, ni qui m’a parlé, ni qui je suis. Il ne reste qu’à continuer à ne rien faire, comme L’innomable de Beckett."
Automat: bertc.com/subfive/g78/hop…
Oh ! là, là, Clémentine Cellar, c’est du sérieux, du grave, ça…
Je vous réponds par un "souvenir grec" :
Dans l’Odyssée, au chant XI, Ulysse descend aux enfers, dans le royaume sombre de l’Hadès ; il rencontre Achille et s’adresse ainsi à lui :
« Achille a-t-on vu ou verra-t-on jamais bonheur égal au tien ? Jadis quand tu vivais, nous tous, guerrier d’Argos, t’honorions comme un dieu : en ces lieux, aujourd’hui, je te vois sur les morts exercer la puissance ; pour toi, même la mort, Achille, est sans tristesse. »
Aussitôt Achille lui rétorque : »Oh ! Ne me farde pas la mort, mon noble Ulysse !… J’aimerais mieux, valet de bœufs, vivre en service chez un pauvre femier, qui n’aurait pas grand’chère, que régner sur ces morts, sur tout ce peuple éteint. »
Une sérieuse et ardente confirmation du "Carpe Diem" !
He François, sois poli! C’est pas parce c’est Paques, que tout est permis.
C’est pas la peine de remplacer les noms d’oiseaux par des noms de poissons.
🙂
Carpe diem: et en plus un poisson vietnamien!
Oups … Clément Rosset, in Le monde perdu, Fata Morgana, 11 septembre 2009
Vous me faites saliver avec votre Sigalas-Rabaud!
Ah, Ausone, j’aimerai bien un jour pouvoir gouter à cette petite merveille lors d’une dégustation :o)
Clementine Cellar, vous citez Clément Rosset, alors là, respect ! Revenez nous voir ¨
J’allais oublier : concernant Clément Rosset, voici quelques précisisons : blog.cavesa.ch/index.php/…
Alors là, ça m’en bouche un coin: trouver 2 amateurs de Clément Rosset sur le blog…Je croyais qu’il n’intéressait plus que le vieux comme moi
🙂
Armand, je sais qu’il y a plus de deux amateurs de Clément Rosset sur ce blog, beaucoup plus ! C’est pas une pensée pour les vieux, c’est la jeunesse du monde, ça….
clementrosset.blogspot.co…
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Mauss dit Grand Jacques :
Je suis certain que tu es capable de faire un beau papier sur l’extrême difficulté d’un grand dégustateur comme toi de dire à quel point il est ou il n’est pas difficile de commenter un cru célébrissime dont on sait le nom avant même d’y tremper ses lèvres. C’est un sujet qui me touche énormément.
Vendredi 2 Avril 2010, 10:26 GMT+2 |
@ Rosset c’est un gars sympa, ami de Deleuze, qui vous permet d’accepter sans se récrier ce niveau de flagornerie désintéressée et cela sans attraper le mal de mer.
"Riez" dit Clément Rosset "la réalité est trop triste"
Force 10, ça souffle beaucoup de votre côté ?
Le ressac, les paquets d’embruns dans la tronche, l’air du grand large, j’adore !!!
Et dire qu’il y en a toujours qui viennent buter sur les pavés mal équarris du réel, quitte à "faire rire la foule innombrable des wattmen…"
Cru célèbre ou pas, encore faut-il avoir la précision de l’analyse, la beauté du style pour le dire et la profondeur des idées pour aller par delà le mystère! merci grand Jacques pour tout cela et j’attends le prochain Vinifera avec impatience en espérant (en plus!) que sera mentionné les vignerons qui font attention à utiliser le moins de pesticides possible: la planète les remercie :o)
Pour apporter une touche de nouveauté par rapport à ce fameux primeur 2009 de Bordeaux, je reviens de la région de Tokaj: paysages merveilleux, sauvages et envoutants! une merveilleuse acidité (les sols?) permettant de faire de fabuleux liquoreux avec un faible niveau d’alcool (Hetszolo un 5p 1999 d’un équilibre et d’un raffinement éblouissant, Oremus 5p 1999 élégant et lumineux, 6p du domaine de la famille Arvay) et de fabuleux secs(ceux de Szepsy) qui m’ont beaucoup touché, profond et complexe avec une "buvabilité", je sais pas comment le dire remarquable.
Et donc pour revenir à Bordeaux, cela permet aussi de mieux apprécier la spécificité et le mystère de ce cher vignoble de Barsac-sauterne, enfin c’est ce que je pense :o)
"wattmen" ??
Olivier,
Istvan Szepsy est venu présenter ses vins sur Toulouse l’année dernière : un 6P 1999 renversant, vraiment !
Liqueur imposante contrebalancée par une forte acidité pour un équilibre du diable ! 🙂
Cela dit, d’Yquem 2001 était remarquable aussi.
Quel beau texte ! Merci.
C’est vrai ça "wattmen"??
et après tout la seule chose importante c’est la taille des chevilles du récipiendaire, qui peut les avoir fort enflées!!
on hésite entre Molière et La Fontaine!
Avez vous lu "Dans ma peau" de Guillaume de Fonclare? vous aimerez, sans doute!
R R I land… (c’est pure coquetterie)
http://www.youtube.com/watch?v=z...
Bonjour,
Je voudrais juste poser une petite question vu que vous avez l’habitude de visiter et de gouter les vins de ces grands chateaux.
Qu’en est il de la viticulture, du travail du sol,de la chaptalisation, du micro bullage, de la fragmentation, de l’osmose, de l’utilisation de sulfites pour ces domaines?
Si je vous pose cette question, c’est que des visites chez de grands domaines bordelais m’ont totalement navrée.
J’aimerais donc avoir votre point de vue.
Cordialement
Nicolas Pavie