Ajoutons-y la coulure, une fleur décalée avec beaucoup de millerandage et, le 30 juin, un épisode de grêle qui a dévasté certains secteurs de la Côte de Beaune, touchant au passage quelques climats de Chambolle ou de Vosne.

Vigne grêlée sur Meursault.
En Bourgogne, jeunes et anciens font tous le même constat. « Je n’avais jamais observé des conditions aussi difficiles et une telle pression de mildiou » affirme David Duband du haut de ses vingt et un millésimes.
Ailleurs, tel producteur de Volnay plonge dans sa mémoire : » Je n’ai jamais vu ça depuis soixante ans : il faut remonter à 1951 pour connaître une telle pression de mildiou… »
D’un épisode pluvieux à l’autre, les traitements se succèdent. Les bas de côtes, plus humides, sont durement touchés. Les tracteurs enjambeurs ont des allures d’armada.

Arnaud Mortet en compagnie de Jacky Rigaux.
Alors, le diable est-il sur la muraille ? Pas encore. Un bel été – celui que nous attendons tous – peut sauver la mise. Les festivaliers, les nomades du cœur de l’été, la caravane du Tour de France, les campeurs de Pavalas ne sont pas les seuls à avoir les prévisions météo en ligne de mire. Les viticulteurs sont depuis longtemps au parfum : ils savent qu’un grand vin est le fruit d’une série de miracles, et le résultat d’une forme d’abnégation. Pas sûr qu'ils partent tous en vacances au mois d’août…

Jean-Yves Bizot, ce géologue est un des producteurs les plus discrets de Vosne-Romanée.
Aujourd'hui, le soleil brille, c'est de bon augure pour la suite et fait apprécier la fraîcheur des caves où, en compagnie de Jacky Rigaux, je suis venu taster les 2011 et quelques rutilants 2010 qui s’y trouvent encore.

Château de Chambolle-Musigny, domaine J.F. Mugnier.
Un peu comme à Bordeaux, mais doté de structures très différentes, 2011 surprend en bien. Par son immédiateté, son charme aromatique et sa digestibilité. C’est une belle vertu et les amateurs sauront l’apprécier.

Louis-Michel Liger-Belair, au coeur de La Romanée, la plus petite – et l'une des plus prestigieuses ! – AOC de France. Sa Romanée 2011 est tout simplement sublime !
D’une cave à l’autre, les belles rencontres se succèdent. Avec le vin, avec celles et ceux qui le font. Avec soi-même. On aimerait aller plus lentement, sentir en profondeur, les paysages, les décrire, dans l’esprit du poète Gérard Manley Hopkins occupé à capter ses nuages et qui conclut avec superbe : »quant au reste, je l’ai oublié ».

Curtil-Vergy
Non, je n’ai pas oublié ces lumières particulières des hautes Côtes ce jour-là, cette avancée du plateau où la mer fauve des champs de céréales est tout à coup stoppée dans son élan par la barrière des forêts sombres. Et perdu au pied d’une butte qui a des allures de bois de Corton, ce village : Curtil-Vergy. Connu pour les ruines du monastère de Saint-Vivant. Une rue déserte dont j’ai oublié le nom. Quelques caves et un hôtel au nom étrange : Le Manasses. Le vin est une aventure. C’est ici que le prince Charles est arrivé quasi incognito, un soir. Depuis, l’endroit vit sur ce souvenir.
Mais que diable allait-il faire… ?

Début de la Combe Lavaux, Gevrey-Chambertin
« En traversant le communal, beau coucher de soleil : un grand champ d’or ; le long de l’horizon, un convoi de nuages sombres en bouclettes ou en grappes et culbutant au sommet pour aller leur chemin ; plus haut, une course oblique de flocons pisciformes effilés ou enroulés comme on en voit souvent ; leur or buriné d’un or plus éclatant, modelé en masses sableuses et bouclés et tout ondé en moires : quant au reste, je l’ai oublié."
Gérard Manley Hopkins, Journal 1869
Gérard Manley Hopkins, Journal 1869
Pas le temps de répondre à cette question. Le vaisseau céleste qui nous sert de monture glisse déjà en direction de la Combe Lavaux et de ses monolithes étranges qu’effleure parfois l’aile d’un Circaète Jean-Le-Blanc.
Pouvez-vous certifier que de là où vous étiez, vous l’avez vu, vraiment vu ? – Non, je ne le peux pas.
Voici déjà Gevrey-Chambertin, dans le doux tremblement de la lumière du jour qui descend, et l’appétit qui vient en dégustant. Il est grand temps de trouver un restaurant pour ce soir.

Jean-François Germain, Meursault.
Sur Beaune, tout est bondé ou fermé. Le comptoir des Tontons ? Archi-full. Bissoh ? Fermé le mardi. L’Oiseau des vignes ? Envolé ? Non, j’y suis déjà allé hier. Hormis la batterie impressionnante d’Oenomatic, ses soixante vins au verre et sa majestueuse cour intérieure, il ne vaut guère la chandelle. Auprès du Clocher à Pommard ne répond pas au téléphone ce soir. Lameloise à Chagny ? J’hésite beaucoup.

Le Millésime à Chambolle-Musigny, cuisine un peu tarabiscotée mais très jolie carte des vins.
Donnez-moi des adresses ! Nous pourrions atterrir à El Manara, rue Maufoux (03.80.21.08.59) devant un couscous royal.

Finalement, ce sera le SushiKai de Laurent Peugot, situé dans un des endroits les plus rébarbatifs de Beaune mais, franchir le seuil, c’est entrer dans un autre monde, inspiré par celui des machya tokiyoïtes.
Et comme la cuisine est élaborée par d’authentiques et zélés japonais, le voyage se termine comme il a commencé. En beauté.
Donnez votre avis
Merci de ces nouvelles adresses.
2 bons japonais à Beaune, avec le Bissoh aussi.
Le jardin des remparts.
La Romanée 2008 est formidable.
La Romanée 2007 aussi.
2 immenses vins goûtés au chai.
Quelqu’un a mangé à la Cabotte à Nuits, récemment ? J’y étais allé il y a quelques années, très bonne cuisine, précise, supers produits.
http://www.restaurantlacabotte.f...
Un bon souvenir de la Cabotte, Nicolas, fin 2009.
Il y a "ma cuisine" sur Beaune aussi, bien entendu.
"Ma Cuisine", perso, je n’y vais plus. Souvenir d’un accueil "mémorable" la dernière fois par le maître des lieux qui m’a vacciné à vie.
Je vais plutôt aux Tontons, pour la qualité de la cuisine, la carte des vins et la gentillesse de Richard et Pepita !
Sinon le Bissoh très bien, bien sûr !
Bien, les Tontons …
Avec Dard&Ribo, Pfifferling, Jacques Beaufort : du nature sérieux !
🙂
Les Tontons : oui, quand on y est nous.
Mais des amis à qui j’avais chaudement recommandé l’endroit… une soirée désastreuse !
Pour une grande sérénité, ne pas hésitez de pousser à Puligny, sur la belle terrasse du Montrachet. Un vrai top, carte des vins idem et surtout un service remarquable. Calme et volupté.
Et des chambres sur place : que demander de plus ?
Mais le japonais, au coin en bas du boulevard circulaire (je n’ai plus son nom en tête), quand j’y suis allé, accueil sympa, certes, mais vraiment cuisine bof-bof !
Bref : toujours délicat de recommander une maison. Il y a tant d’humeurs de chaque côté !
On mange vraiment très bien au caveau des arches de Marc Gantier, et le top c’est la table VIP en cuisine en ragardant le chef travailler et aussi le ballet des serveurs, le tout pendant que l’on déguste son magnifique risotto de saint jacques accompagné d’un beau meursault de Lafon; jamais déçu! et pourtant j’ai donné!
Merci pour l’adresse de Marc Gantier ! J’irai volontiers l’essayer !
Bertrand,
Je suppose que tu parles du resto, pas des vins de Lafon !
🙂
François : t’es mal tombé ! Seule explication… T’as pas été à c’qu’on te dit ou bien ?!
Bon le Montrachet je confirme, c’est bien. Souvenir d’une soirée mémorable avec mon copain Romaric (Chavy).
Chez Guy à Gevrey : toujours bien mangé, même si les bourgognes sont chers. Mais quand j’y vais je bois les vins hors Côte d’Or, pas cher le Montcalmès…
Aux Tontons bu de mémoire des GdPères à 60 € sur table, à moins que ça ne soit 80… ABM et Nico confirmeront… mais dans tous les cas c’est raisonnable comme coef, comme les prix de leurs Ganevat sur table…
Sinon cartes des vins plus simples et courtes mais on mange bien à la Ciboulette et au P’tit Paradis (http://www.restaurantleptitparad... à Beaune.
Beug de lien : http://www.restaurantleptitparad...
Laurent,
je parle des deux…jamais déçu
sincèrement ce caveau des arches est une très belle adresse avec des tarifs de menus plus que raisonnables.la faconde du cuisinier est remarquable..
Jamais déçu par un Comte Lafon ?
Veinard !
Le Puligny champgain 2000 croisé récemment s’est avéré bien roboratif et bancal.
Le clos de la Barre 97 ne m’a pas paru un modèle de précision aromatique.
Pour le repas, je te crois sur parole et j’essaierai d’aller voir.
Laurent,
eh bien tu vois,lors de mon dernier passage au caveau des arches, Stéphane thibodeaux(du domaine Lafon) nous a gratifié d’un meursault charmes 1999 "retourné" au domaine par son allocataire en raison d’une déviance(oxydation?)selon lui= il était tout simplement magnifique, un des plus beaux Meursault qui m’a été donné de déguster…comme quoi chacun à son approche..Non sincèrement je n’ai jamais été déçu par un Meursault de Lafon et pourtant je suis allocataire depuis 25 ans et j’en ai éclusé un paquet! je conçois que c’est un style(très différent de Coche ou de Roulot)
mais c’est un style qui plait à mon palais!(et en plus je confirme que je n’ai jamais touché dans mes allocs un vin oxydé..)
J’aime aussi beaucoup les vins de Jean-François Germain… ah! son limozin des 3 dernières années.. et Jean François lui même est absolument délicieux!
Bretrand,
Merci pour ce point de vue …
Statuer sur une déviance ou un défaut(localement ou dans le temps) n’est pas toujours chose aisée en effet : je l’ai vu récemment de manière plus drastique avec des Morgons (l’acétate ou autre ?), les vins de Prüm, Cotat ou trimbach (le soufre) par exemple.
Dans le cas d’Unico 61, on peut aussi trouver un vin en défaut la veille et somptueux le lendemain (heureusement que l’ami prudent ne l’avait pas jeté à l’évier).
J’ai croisé ce Charmes 1999 des Comtes Lafon en juin 2003 : excellent (plus Lafon ou plus Charmes, je ne sais ce que tu en aurais pensé …)
Dans la même série :
excellent Désiré 1999
très bon Genevrières 1999
excellent/grand champ-gain 1999
bon Désirée 1993
Bertrand,
Le Limozin 2006 de Germain est superbe, c’est dire.
Son meursault rouge Clos des mouches est un vin fin.
Laurent,
tu as parfaitement raison pour son meursault clos des mouches monopole( vigne avec magnifique matériel végétal appartenant anciennement aux Chouet) et encensée par Dominique lafon;
les vins produits sont effectivement très fins et d’une buvabilité extrème…
tout à fait d’ccord avec toi sur la variabilité des vins selon certaines situations et tu as bien raison= ne pas être expéditif
Bertrand, vu le titre du message de Jacques, Nothomb cela en effet !
🙂
Mon favori reste = http://www.restaurant-simon.fr/ à Flagey-Echézeaux