Des livres, rares, existent, qui ressemblent à ces silences – lucioles vacillantes – des livres qui vous saisissent, passant distrait, des livres pour combattre, pied à pied, la fin qui nous emportera.
Sans aucune chance d’y surseoir. Jamais.
Des livres creusés d’une mélancolie lente, qui vous submergent, vous offrent un abri, malgré tout. Contre le silence, la séparation, la désertion des preuves.
Des livres invisibles, souffles aériens, qui seront lus par peu de monde, là-bas, vers ces cimes abruptes, vers ces pentes où chacun, un jour, frayera sa route.
Des livres de ce seul faisceau qui vaille la peine, celui de la parole poétique, comme le « souvenir de ceux qui se réveillèrent en esprit des rêves qui les avaient amenés ici-bas » (3)
Des livres, mi-veille, mi-rêve, invocation des forces jetées au-devant de nous-mêmes, éclats d’une joie pure, souvenirs de nos promesses en allées.
Sans aucune chance d’y surseoir. Jamais.
Des livres creusés d’une mélancolie lente, qui vous submergent, vous offrent un abri, malgré tout. Contre le silence, la séparation, la désertion des preuves.
Des livres invisibles, souffles aériens, qui seront lus par peu de monde, là-bas, vers ces cimes abruptes, vers ces pentes où chacun, un jour, frayera sa route.
Des livres de ce seul faisceau qui vaille la peine, celui de la parole poétique, comme le « souvenir de ceux qui se réveillèrent en esprit des rêves qui les avaient amenés ici-bas » (3)
Des livres, mi-veille, mi-rêve, invocation des forces jetées au-devant de nous-mêmes, éclats d’une joie pure, souvenirs de nos promesses en allées.
« Phrase que je me souviens d’avoir dite, au cours d’un rêve teinté de mélancolie, à une jeune inconnue aux cheveux noirs : » A tout instant, dans ce monde-ci, il y a quelqu’un occupé à pleurer ; et quelquefois, par notre faute. » (4)
Le dernier Jaccottet, Ce peu de bruits, vient de paraître chez Gallimard : il est fait de cette trempe légère, adamantine, marquée au sceau de l’urgence et du détachement souverain. Dans le concert actuel des contritions, dans l’infini regret et le désenchantement qui semblent, ces derniers temps, constituer la thématique de certains écrivains à leur apex (Chessex, Nourrissier, etc.), c’est de très loin le meilleur… A lire et à relire !
Philippe Jaccottet, Ce peu de bruits, Gallimard, p. 120
(1) Philippe Jaccottet, Ce peu de bruits (p. 31)
(2) Rilke, huitième élégie de Duino (cité par Philippe Jaccottet)
(3) Achim von Arnim (cité par Philippe Jaccottet)
(4) Philippe Jaccottet, Ce peu de bruits (p. 62)
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