Et le meilleur est encore à venir car les cuvées qui sont le fruit de cette exigence commencent seulement à être commercialisées maintenant et les vins clairs de 2008 que nous avons dégustés sont de vrais chefs-d’œuvre en devenir, tel ce Aÿ Terme pinot, d’une petite parcelle, tendu, strict et plein d’éclat. Il y en aura 3000 bt. Rendez-vous en 2017 !
Jacquesson, Dizy
Selosse, c'est exquis !
La route d’Epernay à Avize a l’air d’une galéjade sur la carte. Pourtant, nous arriverons avec un certain retard chez Anselme Selosse.
La route d’Epernay à Avize a l’air d’une galéjade sur la carte. Pourtant, nous arriverons avec un certain retard chez Anselme Selosse.
A l'entrée des bureaux, un panneau. Que nous ignorons :« Nous sommes désolés, nous n’avons plus de Champagne disponible. Nous n’assurons pas de visite ni de dégustation. »
Qu’on se le dise !
Mais ce cher Anselme, œil céruléen, un brin facétieux, air de rocker post-moderne, nous accueillera tout de même avec son aménité coutumière. Même s’il a prévu de faire une poudrage sur ses vignes avec de la Siliforce.
– Alors, Anselme, ce 2008, comment est-il ?
– Une année de maso, bleu sibérien… Au final, je ne sais pas où la nature, la vigne, sont allées chercher ça ! Mais, bon, c’est pour les sérieux, pas pour tchatcher.
Peu à peu, il oublie le traitement, l'urgence des vignes, Anselme… et nous voilà partis dans de grandes discussions sur les différentes expérimentations en cours. Il existe même ici, au domaine, une gamme intitulée Lubie : vous ne la verrez jamais dans un commerce ou sur une carte de restaurant. Not for sale, est-il écrit sur la contre-étiquette.
Autrement dit, le vin des amis ! Dont nous sommes.
Allez, on débouche une Lubie 2005, une vraie méthode ancestrale, mise en bouteille avec 24 g de sucre, sans liqueur de tirage. Pas mal.
Les essais, ça peut faire progresser. « La meilleure façon de se tromper, c’est de faire toujours pareil… » ajoute le sage d’Avize.
On descend à la cave, choisir d’autres bouteilles. « Que voulez-vous goûter ? » Aucune hésitation : ce sera le millésimé 1999. Dégorgé à la volée devant nous. Ce vin sortira en septembre.
Mon Dieu, quel poème complexe, quelle beauté ! Question substance, il n'en manquera pas. Il y a des leçons de ténèbres, voici venir la leçon de Champagne : notes grillées, truffe, ambre, raisin de Corinthe, épices orientales et cette magie d’un grand champagne arrivé à son apex.
On essuie une larme de bonheur. Discrètement.
La lumière idéale d'Ambonnay
Quelques kilomètres plus loin, dans une lumière de plus en plus idéale, voici Francis Egly. Avec lequel nous allons ferrailler un moment sur les mérites respectifs du tracteur et du cheval pour éviter de tasser les sols. Francis, l'ex jockey de compétition, n'y croit pas aux Percherons qui labourent…
J’avais l’envie de revoir, en guise d’apéritif, sa vieille vigne des Crayères sur Ambonnay. A peine 30 cm de terre et, dessous, la craie. Pure. Immaculée.
Il faut prendre son temps avec Francis. Je shoote donc quelques photos. Il n’aime pas ça. Il arpente ses vignes adorées, l’air vaguement inquiet.
On aimerait lui faire écouter un extrait du splendide The road to Escondido avec J.J. Cale et E. Clapton. Juste pour le rasséréner. Avant d'aller goûter dans sa cave où dorment 600 000 bouteilles quelques-uns de ses chefs-d’œuvre cachés dont le merveilleux 1999, tendu, strict, immensément racé. Une autre grande réussite du millésime dans un style antithétique de celui de Selosse.
Et finalement, cette autre belle rencontre avec un autre Francis : Francis Boulard, vigneron-blogueur, mon exact contemporain à un mois près. Un sacré bonhomme. Sensible. Intelligent. Et dont les champagnes se méritent. Nous avons adoré, notamment, la cuvée Petrae, "une cuvée qui n'était pas préméditée", neuf millésimes qui jouent la synergie et révèlent un grand vin de champagne, complexe, mystérieux.
Ainsi que les Rachais 2004 qui fait partie de grandes cuvées méconnues de la Champagne. Un chardonnay sur sols sciliceux et calcaire du Massif de St-Thierry. Il trace longuement en bouche, laisse une empreinte ineffable. Qui subsistera longuement sur la route du retour, de Reims à Lyon.
Tandis que mes sigisbées, les pauvres, la tête encore sertie de rêves, devront subir trois heures d'histoire du rock. De Roy Orbison à The Killers en passant par Steppenwolf et Van der Graaf Generator. Ils ont débarqué à Lyon, chez Georges Five, la tête dans les étoiles. Il faisait à nouveau soif…
43 Comments
Laurent(G), interdiction de claquer des notes de dégust’s passées, même si t’adores Selosse.
Allez, tu peux y arriver !
😉
Allez, oui, tu peux le faire !
😉
On va te trouver un parrain aux bientôt fameux dégustateursnoteurscompulsifs anonymes …
;-o
Courage Laurentg, Courage !!!!
Nicolas,
Je m’en tiendrai au superbe accueil que les frères Chiquet nous ont réservé.
Je peux tenter de parler de notes à venir, si tu veux. 🙂
Tiens, à propos d’insolite (cf p.16 de la dernière RVF) :
14. Cabo Verde (Cap Vert) : Vinho Tinto Do Fogo "Cha das Caldeiras" Seco NM – 14°
(Syrah, Tannat)
Le soir uniquement : DSED – LGED – MS1* – MFED.
Repoussant : vinaigre de groseille adjoint de colle araldite. Un véritable OVNI.
15. Ile de la Réunion – Vin de Pays de Cilaos : Chai de Cilaos Rosé 2008 – 12°
(Malbec, Syrah, Pinot Noir)
Le soir uniquement : DS13,5 – LG13 – MS1* – MF13.
Rosé de facture assez classique, fruité, acidulé, aux goûts de grenade, de fraise.
16. Ile de la Réunion – Vin de Pays de Cilaos : Chai de Cilaos "Premières Vendanges" 2008 – 12°
(Chenin et Verdelho)
Le soir uniquement : DS13,5 – LG12,5 – MS1* – MF13,5.
Notes de fenouil, fruits blancs, ananas, amande, poivre blanc.
Abrupt, un peu trop amer. Le nez fait Sud mais il y a beaucoup d’acidité (très citron vert). Imaginé du manseng et chenin d’Anjou.
17. Ile de la Réunion – Vin de Table de France : Chai de Cilaos "Moelleux" NM – 10,5°
(Gros Manseng – Chenin)
Le soir uniquement : DS12 – LG12 – MS1* – MF11.
Nez exotique, principalement sur le citron vert.
Bouche acide, très peu de sucre, furtive. Tonalités végétales de sauvignon (de manseng aussi pour Didier). Pensé à un Côtes de Gascogne. Un vin qui ne ressemble pas à grand-chose.
Y’a pas de quoi ! 🙂
Epuisant…
Non, épuisé … (le filon je veux dire !)
Paul,
Votre avis sur Petraea XCVII – XCIX ?
J’ai eu l’occasion de dire à Francis que c’était très bon.
Je peux vous dire qu’Anselme n’était pas en chemisette quand nous sommes passés dans son chai frigorifié l’hiver dernier.
La méticuleuse marche qualitative vers le parcellaire, chez les frères Chiquet (Dizy Corne Bautray, Aÿ Vauzelle Terme, Avize Champ Caïn, Dizy Terres Rouges, et aussi Dizy Clos BdN, goûtés pour certains en vins tranquilles également).
Il m’est odieux d’être guidé …
C’est pour cela, Nicola, que Selosse te demande de choisir les barriques que souhaites goûter 🙂
Pour vous détendre un peu le mexicain après tout ce joli travail que vous nous faîtes et qui doit vous épuiser [et nous aussi 🙂 ]
segolene.ampelogos.com/
Merci, Yves,
C’est autre chose que les conseils vineux du jean Carmet … 🙂
Non Laurent, la vraie phrase est "Il m’est odieux de suivre autant que de guider", puisque tu veux m’extirper une citation. Alors que je n’aime pas trop en tartiner…
No comment sur le syndrôme Laurent de la Tourette, il sait que je pense qu’il est plus intéressant à cotoyer en ‘off’ que par c/c interposés.
Question à Jacques (par rapport à Francis) : quand deux bloggeurs se rencontrent, de quoi causent-ils ?
On a causé avec les yeux, Nicolas, avec les sentiments, avec cette envie de partager cet instant, comme suspendu… Mais on surtout pas parlé de blog. A la fin, Francis Boulard est allé chercher ce Pâté en croûte qu’il nous réservait et quand on s’est quittés, je crois qu’i y avait un petit serrement de coeur. "C’est la vie !" disent les fatalistes et… les désespérés.
I have a dream: en 2010 le mexicain prit une résolution: ne goûter qu’un seul et même vin, tous les jours et de ne même pas en parler et tout le monde trouva que c’était nettement mieux ainsi
M Perrin le coup du pâté en croûte, très fort: ça a un côté Sarkozy lendemain de catastrophe qui est du meilleur effet!
Yves, je vous trouve bien spartiate. Un seul vin? vintage, NV voire NM?
Par contre parler avec les yeux ça à un côté Christophe (le chanteur ), inhabituel chez vous! "je lui dirai les mots bleus, les mots qu’on dit avec les yeux… lalala lalala"
tiens je vais aller voir lecoucher de soleil sur la côte sauvage
"Les mots bleus", très très belle chanson mais je ne la chante qu’aux filles (avec les yeux bien sûr) et dans l’interprétation (insurpassable) d’Alain Bashung… Qui c’est ce Christophe, Yves, celui des marionnettes ?
Nicolas,
Tu es pourtant versatile en termes de pseudo et de signatures …
Le chemin se construit en marchant, rappelle Machado !
Toujours pas de visite prévue en ovalie chez l’ami Philippe ?
On boira bon, varié … et on en dira rien … promis 🙂
Alors, moi, j’embarque
Dès que possible Laurent, dès que possible.
A la versatilité, je préfère le concept de mouvement. Perpétuelle évolution, tout en gardant une trame de fond. Devenir qui l’on est…
Jacques, un type qui vous offre le pâté en croûte en fin de déguste ne peux pas être foncièrement mauvais. Je fera donc connaissance avec Francis autour d’un autre pâté, mais lorrain celui là, que j’amènerai : on comparera !
Flore,
On vous attend … 🙂
Nicolas,
Bravo pour ton parcours.
A ton âge, je pensais que Nietzsche était un joueur du Dynamo de Kiev et un cépage un champignon.
Nicolas :
Le pâté lorrain ! Qui n’ pas connu ne sait pas ce qu’est la vraie civilisation !
Ay(ouille), voila un topic qui risque de dégénérer en querelle clochemerlesque sur les mérites de la charcuterie régionale française.
Légère digression vineuse en lorraine :
http://www.vinup.com/vins_produc...
Une place au Cave pour lui ?
Quoi, comment ça je suis gris ?
laurent
François, pour le pâté lorrain, j’ai une adresse d’enfer sur Nancy. Et surtout j’ai la recette de ma grand mère (à défaut d’avoir son coup de patte en cuisine).
Peut être qu’un jour on s’en "fera" un, avec un bon coup de chiroubles de Daniel Bouland, par exemple. On devrait être "pas mal". En attendant prenez bien soin semaine prochaine de mon pote l’oliv…
😉
Laurent, si tu nous racontais avec qui tu dégustes des champagnes rosés, hmmm ?
"J’aime les filles de Mégève
J’aime les filles de Saint-Tropez
J’aime les filles qui font la grève
J’aime les filles qui vont camper (..)"
🙂
Christophe l’insurpassable créateur de non seulement "les marionnettes" mais aussi d’"Aline" qui renvoie Young ou Cohen au rang de minables amateurs, tient je retourne sur la côte sauvage et cette fois ci j’amène ma guitare p’têtre que je ferai un feu
Le grand Neil Young et l’immense Cohen relégués au rang de "minables amateurs" ? Je reste stoïque, Yves, et je ne répondrai même pas à cette provoc’…
Christophe est une personne adorable, très attachante.
C’mon http://www.youtube.com/watch?v=U...
Et vous faîtes bien grand jacques, mais cela dit Bashung appréciait Christophe (qui est un personnage très étrange) et en parlait bien.
http://www.youtube.com/watch?v=o...
http://www.youtube.com/watch?v=o...
http://www.youtube.com/watch?v=o...
Nicolas,
A quel Laurent t’adresses-tu en ce qui concerne les bulles roses ?
A ton avis ?
D’accord avec Yves en ce qui concerne Christophe.
A mon avis LaurenG, au moins viril des deux.
Donzelle,
Je trouve que vos propos auraient plus de poids si vous condescendiez à faire votre coming-out …
À défaut des TN de LaurentG 😉 sur Selosse, je viens de lire celle de Glougueule: http://www.glougueule.fr/2009/06...
Elles ont le mérite d’être claires, quoique pas trop nettes 😀
Bonsoir Cher Jacques,
Cher Contemporain,
Tout d’abord, Merci de votre visite,
qui m’a permis de découvrir de visu, en live, la personne qui alimente les notes et les commentaires fournis de ce blog.
Ensuite Grand Merci de vos commentaires,
c’est flatteur, c’est trop d’honneurs, d’être cité avec la Famille Chiquet, Anselme d’Avize et Francis d’Ambonnay.
Concernant le pâté croûte champagnard…
les visiteurs passionnés, wine-enthusiasts & wine-lovers, qui arrivent vers 10 h.00 quittent rarement le seuil du Vendangeoir avant 13 h.00 – 13 h.30 (tour des vignes, petite visite de chais / tasting des clairs à la barrique en saison + dégustation de la gamme de terroirs boulardiens …
soit pour parer à l’éventualité qu’un certain nombre de restaurants et estaminets de province n’assurent pas de 2eme service passé 13 h.30 …
pour ne pas laisser partir le visiteur l’estomac vide après une gamme étoffée de vins dégustés en brut et pas dosés …
j’ai toujours un encas, un mâchon, un pâté croûte ou une tourte champagnarde, une tarte au maroille, … en réserve à proposer.
Les mois en R c’est parfois des huîtres.
;o)
Bien amicalement,
Francis
Cet homme sait vivre.
Francis,
vous n’oublierez pas de proposer une salade de pissenlit du terroir champenois à la belle saison printanière, pour la bio-diversité de l’assiette du gourmet n’est ce pas ? 😉
laurent
Laurent,
nous sommes plus adeptes de la salade au lard, voir la recette là :
http://www.jedecouvrelafrance.co...
qu’on peut aisément accompagner d’un champagne blanc opulent, un rosé ou un coteau champenois.
Les pissenlits en salade vinaigrette ce n’est pas trop dans nos habitudes,
difficile d’accomoder un vin avec la vinaigrette, et qui plus est avec l’amertume des pissenlits.
:o)
Une salade de doucettes (mâche) indigènes est plus civilisée, convient mieux.
Doucette sauvage (Valleraniella) qui pousse d’ailleurs naturellement sensiblement à la même saison que le pissenlit, dans nos contrées septentrionales, sur des terres sableuses fraîchement remuées, labourées ou décavaillonnées en fin d’hiver.
Bonne journée,
Francis
… et il est poète !
Je sens que François Mauss va fissa commenter quelques topettes de Rachais, de Mailly ou de Petrae. De quoi nous rafraîchir l’âme entre deux dégustations en juin à Bordeaux !