Le Loup à Barbaresco
Revoyons en détail les 2006, issu d’un grand millésime-surprise. « Ces 2006 vont monter se rapprocher des 2004 ! » Puis, après avoir laissé passer un ange qui s'était aventuré par là, Andrea ajoute : »même si 2004, c’est un millésime qui arrive tous les dix ans ! »
Revoyons en détail les 2006, issu d’un grand millésime-surprise. « Ces 2006 vont monter se rapprocher des 2004 ! » Puis, après avoir laissé passer un ange qui s'était aventuré par là, Andrea ajoute : »même si 2004, c’est un millésime qui arrive tous les dix ans ! »
Andrea Sottimano : où est le cœur de Barbaresco ?
Après les prolégomènes de dolcetto, barbera et de ce petit joyau, le Langhe Nebbiolo 2007, en provenance du cru Basarin sur Neive, aux tannins minutieusement ciselés, voici le Barbaresco 2006 Fausoni avec son profil menthe-réglisse si original que l’on retrouve sur le célèbre Santo Stefano de Bruno Giacosa.
Plus sauvage, moins civilisé, mais idiosyncrasiquement Barbaresco, voici le Pajoré 2006, cru d’altitude, aux notes de goudron et de réglisse, au tannin vigoureux et épicé. Gaja ne s’y est pas trompé, qui possède quasiment tout le Pajoré, hormis les 1.5 ha qui appartiennent aux Sottimano.
Où est le cœur de Barbaresco ? Il est à Curra, la colline en face de la cave des Sottimano. Toujours le 2006 : prune, orange confite, noble texture, veloutée et expansive avec un tannin à la fougue domptée.
On est bien ici, à déguster ces vins solides, énergiques. Malgré la bruine, malgré Le Loup qui rôde… Je précise que ce dernier est le groupe apocalyptique dont on cause cet automne. Les deux Américains qui nous accompagnent durant cette dégustation notent son nom au vol et se promettent de l'écouter très vite !
Ne nous pressons pas : ces tempura aériennes et cette polenta au foie de lapin et truffe blanche, c'est pour bientôt…
Et nous voilà face à cette belle évidence, le Barbaresco Cotta 2006, issu d’une très vieille vigne de 50 ans, dans le prolongement de Rabajà et d’Assili : complètement différent du précédent, sur le Havane, les épices, dense, serré, éblouissant dans sa trame et son allonge, associant la rigueur du Pajoré à une texture de rêve.
Revenons, si vous le voulez-bien, dans disons douze ans ?
On jette encore une attention sur l’imposant, immarcescible, Barbaresco Réserve 2004, déjà évoqué ici, comme les vins précédents.
Revenons, si vous le voulez-bien, dans disons douze ans ?
On jette encore une attention sur l’imposant, immarcescible, Barbaresco Réserve 2004, déjà évoqué ici, comme les vins précédents.
Quand un Lorrain passe par le Piémont, c'est la patronne elle-même qui vient disposer en vagues successives la truffe blanche sur ses Tortelli liquidi. Concentration. Exstase.
Les hauts du Tornavento.
De Barbaresco à la Piazza Baracco à Treiso, nous savons les chemins de traverse par cœur. La magie, une fois encore, est en cuisine et la grâce flotte invisible parmi les mines réjouies des commensaux. Nicolas Herbin, qui découvre l’endroit pour la première fois, n’en perd pas une intensité.
Omaggio alla razza Piemontese
Carne cruda battuta al coltello e all’albese
Amanite des Césars
Tortelli liquidi di cardi di Nizza Monferrato e acciugo al burro d’alpe (tartuffo)
et
Risotto ai marroni di Cuneo con lardo al rosmarino
Le vin Barolo 1999 Ginestra Vigna Casa Maté : très belle bouteille, un vin épanoui, complexe, goudron, épices, tabac, truffe.
Elio Altare, la force tranquille
Au milieu de l’après-midi, la fraz. Annunziata della Morra est totalement nimbée, comme prisonnière des brumes. On n’y voit goutte et on s’y perdrait presque… Nous avons rendez-vous avec Elio Altare dont j’ai fait le portrait ici.
Au milieu de l’après-midi, la fraz. Annunziata della Morra est totalement nimbée, comme prisonnière des brumes. On n’y voit goutte et on s’y perdrait presque… Nous avons rendez-vous avec Elio Altare dont j’ai fait le portrait ici.
Son aventure ligure dans les Cinque Terre est une vraie épopée, qui le passionne, même si les difficultés sont énormes.
Elio nous montre une parcelle de vignes, accrochée sur les hauteurs, plantée en bosco et albarola. « Il y a aussi du vermentino dans la région mais je n’en ai pas planté car je ne l’aime pas… Regardez cette vigne : elle est loin de tout, accessible uniquement à pied. Il nous faut parcourir chaque fois plus d’un km pour y arriver… » Heureusement, le paysage recharge en énergie. Le village le plus proche, Riomaggiore, donne idée juste de la beauté des lieux. Elio Altare, c’est sûr, est un esthète dont les choix de vie autant que la manière de penser ne s’expliquent qu’en terme d’esthétique.
Elio nous montre une parcelle de vignes, accrochée sur les hauteurs, plantée en bosco et albarola. « Il y a aussi du vermentino dans la région mais je n’en ai pas planté car je ne l’aime pas… Regardez cette vigne : elle est loin de tout, accessible uniquement à pied. Il nous faut parcourir chaque fois plus d’un km pour y arriver… » Heureusement, le paysage recharge en énergie. Le village le plus proche, Riomaggiore, donne idée juste de la beauté des lieux. Elio Altare, c’est sûr, est un esthète dont les choix de vie autant que la manière de penser ne s’expliquent qu’en terme d’esthétique.
Elio Altare :" Je ne fais pas des icônes, je fais des vins que tu dois boire !"
Nous goûtons son blanc Cinqueterre 2008 sur terroir de schiste. Superbes notes de pamplemousse, de jasmin sur un fin filigrane minérale. La bouche est iodée, avec des notes d’embruns et une finale d’une fraîcheur incroyable.
Le visionnaire a raison. Sur ce terroir magique, entre mer et ciel, qui a perdu, depuis un siècle, plus de 90 % de sa surface viticole, on peut produire de grands vins blancs, d’une minéralité réelle et accomplie. Une nouvelle fois, on se prend à rêver, même si la DOC ne l’autorise pas, de ce que donnerait le riesling ici.
Nous dégustons ensuite une série de vins, un Barolo 2005, tout en finesse, un Barolo Vigneto Arborina 2005, d’une merveilleuse élégance. Puis une nouveauté, une vigne louée par Elio sur Serralunga : le Barolo Cerretta 2005. On sait que cette région donne, en principe, des vins très structurés, plus tanniques. Comment Elio Altare, le styliste, l’esthète appréhende-t-il un tel terroir ? « Comme je l’ai fait avec le Brunate, je veux essayer d’interpréter ce terroir. Je ne fais pas des icônes. Je fais des vins que tu dois boire… »
Le visionnaire a raison. Sur ce terroir magique, entre mer et ciel, qui a perdu, depuis un siècle, plus de 90 % de sa surface viticole, on peut produire de grands vins blancs, d’une minéralité réelle et accomplie. Une nouvelle fois, on se prend à rêver, même si la DOC ne l’autorise pas, de ce que donnerait le riesling ici.
Nous dégustons ensuite une série de vins, un Barolo 2005, tout en finesse, un Barolo Vigneto Arborina 2005, d’une merveilleuse élégance. Puis une nouveauté, une vigne louée par Elio sur Serralunga : le Barolo Cerretta 2005. On sait que cette région donne, en principe, des vins très structurés, plus tanniques. Comment Elio Altare, le styliste, l’esthète appréhende-t-il un tel terroir ? « Comme je l’ai fait avec le Brunate, je veux essayer d’interpréter ce terroir. Je ne fais pas des icônes. Je fais des vins que tu dois boire… »
Feu. Flamme ! On entame une nouvelle fois le débat sur les durées de macération. Ce Cerretta a cuvé durant quatre jours ; Elio Altare ne veut pas le mettre en vente tout de suite car il le trouve trop « dur ». Il s’en va quérir son carnet où, depuis les débuts, il note tous les détails techniques. Fascinant de parcourir, en accéléré, l’histoire des 43 millésimes vinifiés par Elio Altare. « En 1982, par exemple, j’ai fait trois semaines de macération et, en 1983, j’ai raccourci le temps de cuvaison à une semaine : comme je n’avais pas les moyens de chauffer afin de fixer la couleur, j’ai quasiment fait du rosé. C’est en 1988 que j’ai commencé à faire des cuvaisons de 2-3 jours. » Et Elio de rappeler, ce que je confirme, que ces vins, contrairement aux avis tranchés à l’emporte-pièce des intégristes du Barolo, ont parfaitement tenu la route, car ils sont nés équilibrés.
Le visionnaire de La Morra ajoute, avec au fond du regard, un voile dont je ne sais s’il faut l’attribuer à une forme de désenchantement ou à un manque de reconnaissance :« Un enfant, à sa naissance, est déjà beau. Un vin doit naître équilibré… »
Mais déjà il faut rejoindre à Vergne, où Aldo Vajra nous attend, ainsi que deux invités surprises ! La suite des aventures à demain !
Le restaurant La Ciau del Tornavento Piazza Baracco, 7 12050 Treiso (CUNEO)
chiuso Mercoledì e Giovedì a pranzo
Tel. +39-(0)173-638333
Fax. +39-(0)173-638352
chiuso Mercoledì e Giovedì a pranzo
Tel. +39-(0)173-638333
Fax. +39-(0)173-638352
7 Comments
Hasard du calendrier ? Armand Borlant vient de m’apprendre d’un projet de route du déplaisir en MittelMosel.
Je viens d’en faire un article :
vins-confederes.mabulle.c…
L’émotion sans doute :
mais là où tu écris :
"« Ces 2004 vont monter se rapprocher des 2004 ! »
ne faut-il point lire :
"ces 2006…
A quand une verticale de Cannubi de 1996 à 2006 ?
Mes meilleurs souvenirs au Dr Bonobo dont le comportement restreint a surpris et même ému plus d’un professionnel à VDE. Certaines dames se sont analysées plus longuement dans leur miroir.
Serait-il en phase de lente régression interne ou en pénitence épiscopale ?
Il fallait bien sûr lire 2006 versus 2004, chers aristarques ! En revanche, question calendrier, je ne saisis pas : le seul calendrier que je connaisse, c’est le solaire ! A moins qu’il ne s’agisse d’une allusion, lointaine (mais très lointaine) à une revue qui vient de paraître ?
Concentration? Extase?
Nicolas aux petits oignons!!!
Pour le connaitre un peu: il ne perd pas une miette des effluves qui montent de son assiette.
Ce n’est pas un pic, ce n’est pas un cap. Que dis-je, ce n’est pas un cap? Ce n’est pas une péninsule. C’est un appendice digne d’une formule 1.
Michel.
Peut on survivre à plusieurs apax existentiels successifs, et avoir envie de retourner quasi immédiatement en Piémont ? La réponse est oui.
Mais j’ai quand même eu du mal à me remettre de l’alliance "Carne cruda battuta al coltello e all’albese, Amanite des Césars" + "Barolo 1999 Ginestra Vigna Casa Maté d’Elio Grasso" : il y avait de la magie sur la table et dans ma bouche, c’en était troublant : exxxxxxxtase…
Et tout ça en compagnie du grand Jacques et de l’ami Andrea : what else ? Un Paulo peut être ?
Jacques, vous nous racontez l’histoire du Montrachet Louis Latour 1947 qu’Elio tient dans sa main ?
Aucune allusion Jacques.
Vous évoquez une route de plaisir, quant à moi je parle d’une route du déplaisir.
Tout cela le même jour.
Laurentp
Peyrefitte : "Le jour où la Chine s’éveillera"
Nous : "le jour où la Bourgogne s’éveillera"
Référence :
Résultat des Hospices 2009 : mama mia ! Va falloir jouer au loto.