1er flight : les stigmates et les miracles
Larcis-Ducasse 1945 complexe, le nez a besoin d’un peu de temps pour se révélger. Notes orientales, touche de santal. Thé fumé. Très jolie douceur tactile, il offre un corps et un toucher de bouche très différent du précédent ; chair savoureuse, il déploie sa forme lentement, sereinement, sans heurt, sur une tannicité accomplie.
Alain Dutournier : "grande complexité tenue par l’acidité avec ce nez qui me rappelle le jus de viande cuite froide, avec des notes de genêt. Ce sont des vins de femmes, parce que en 1940-45, il n’y avait pas beaucoup d’hommes dans les vignes à St-Emilion…"
Jean-Claude Berrouet lui trouve un nez d’écorce de bouleau.
Larcis-Ducasse 1958 comme l’a rappelé Jean-Claude Berrouet : "après le gel de 1956, la vigne était complètement meurtrie sur le plan physiologique. On dit que la vigne doit souffrir, ce n’est pas toujours vrai. C’est comme les femmes : est-ce que pour être belles, elles doivent vraiment souffrir ?"
Nez sur des notes sanguines, herbes sèches, avec un côté légèrement confit. Son tannin, plus rustique, n’offre pas le raffinement du 1955 mais il surprend par sa préence, et même, une certaine richesse de constitution.
Jean-Claude Berrouet : "1959 aurait pu être le millésime du siècle à Bordaux mais la moitié des Bordeaux ont été flingué par la piquure lactique. Dans ce 1959, on a un exemple de délicatesse – je ne veux pas dire puissance – et de richesse. Le nez me rappelle le carambar avec son côté caramel-lacté.
Larcis-Ducasse 1960 à côté de celle du 1961, la robe paraît bien légère. Notes grillées, coumarine, prune confite. Porté par une certaine fraîcheur (et aussi une volatile présente), ce vin de style fluide finit un peu effilé et divise un peu.
Alain Dutournier : "je suis fou amoureux de ce vin. On est sur la pierre humide d’une église romane au mois de juin, il faut aimer les amers, on est sur le quinquina. J’ai envie de manger avec et je le reverrais bien à table, tout à l’heure…"
Jean-Claude Berrouet : "c’est le mariage de la finesse et de la richesse. On a la truffe au nez mais pas en bouche. Il offre un retour en bouche incroyable, toc ! il rebondit, c’est merveilleux – et toujours ce côté crayeux…"
Larcis-Ducasse 1962 nez de bois brûlé, note végétale fraîche, champignon. J’aime beaucoup sa note de fraise des bois en entrée de bouche, comme un air venu d’ailleurs, qu’on voudrait saisir, garder à jamais, et qu’on finit par perdre, se demandant si on l’a rêvé. le tannin est authentique, savoureux, « d’une délicatesse incroyable » (JCB)
Jean-Claude Berrouet : "Il est d’une jeunesse incroyable, il est carré, à mon avis, il n’a pas terminé son évolution, il est un peu massif et l’expression aromatique est masquée par les tannins."
Larcis-Ducasse 1966 robe est moins jeune que celle du 1964. Nez moins précis également, humus, végétal. Je l’avais mieux goûté il y a quinze ans. Corps ample, charnu, d’une bonne richesse de constitution toutefois. Finale un peu étriquée.
Stéphane Derenoncourt : "je le trouve très iodé, très marée basse…"
Laurent Vialette : "quelle belle surprise !"
Larcis-Ducasse 1973 nez terreux, racinaire, notes iodées. Néanmoins, ce n’est pas si inintéressant, sillage floral à l’ouverture. Corps fluide, souple. On sent le millésime difficile et le rendement plus que généreux.
5 Comments
J’attends le tome II avec impatience, j’ai quelques bouteilles de 2004 :o)
Pas très emballé par ce Larcis-Ducasse 2004 … (dernière dégustation d’avril 2008).
A revoir …
Laurentg, quel millessime t’emballe chez ce producteur et qu’y a t’il sur le 2004 qui ne plait pas ?
Fredi
Permets-moi d’être explicite …
Saint Emilion Grand Cru Classé :
Château Larcis-Ducasse 2004 – 14° – 29/4/2008 (panel de Bordeaux 2004, avec Grands Chênes, Branaire-Ducru, Ormes de Pez).
(Merlot 78/Cabernet Franc 20/Cabernet Sauvignon 2 soit Merlot 78/Cabernets 22)
L’après-midi : DS13,5 – PR13,5. cr par Philippe Ricard
• Robe très sombre, rubis lumineux mêlé de nuances prune.
• Caractère solaire, souligné de notes boisées soutenues : riche, mûr, avec une pointe d’alcool.
• Bouche flatteuse, avec le gras, la rondeur, le crémeux conféré par l’alcool et la barrique. Du volume, mais une distinction qui laisse quelque peu à désirer, une finale qui sèche un peu.
Le soir : DS13,5 – LG13,5 – MS13,5. cr par Miguel Sennoun
• Nez puissant, bien mûr , marqué par un boisé crémeux.
• Attaque moelleuse, qui se prolonge sur une amertume un peu rustique. La finale tend à sécher.
A. juin 2007 (GJE)
Noté 13,5/20 (et le vin fut classé 49ème)
b. 7 avril 2010 – panel de Bordeaux 2004 (Franc-Maillet, Grands Chênes, Haut-Bailly, Branaire-Ducru, Montrose).
Cr par Didier Sanchez
Saint-Emilion Grand Cru Classé : Château Larcis-Ducasse 2004
(Merlot 78%/Cabernet Franc 20%/Cabernet-Sauvignon 2%)
DS14,5 – PC13,5 – LG15 – MS15 – MF14.
Robe de bonne intensité, brillante, légère évolution.
Nez de cerise, noyau, assez puissant, légèrement mentholé.
Bouche de bonne intensité, moelleuse, le fruit n’est pas cuit, longueur correcte, bon équilibre, léger manque de corps.
… on va dire : une certaine finesse !
* 97 m’a paru fatigué, peu mûr, bien souple (juillet 2007)
* 94 correct en septembre 2007 (mais il passait après un beau Cheval-blanc 1981).