Est-ce le miroir du lac, si serein, si médité, en ce jour de janvier : rien ne semble pouvoir jamais ternir une telle paix. Vrai paradoxe au moment où les roquettes pleuvent du côté de Gaza, où la victime et l’agresseur échangent en permanence leurs masques, exacerbant la confusion qui règne.
Une visite chez Henri, Claire et Vincent Chollet à Aran est toujours une parenthèse d’alacrité dans une vie soumise à des rythmes parfois trépidants. Ici, dans cette maison suspendue au-dessus du lac, le temps s’écoule peut-être différemment, dans la dimension du vin.
Une visite chez Henri, Claire et Vincent Chollet à Aran est toujours une parenthèse d’alacrité dans une vie soumise à des rythmes parfois trépidants. Ici, dans cette maison suspendue au-dessus du lac, le temps s’écoule peut-être différemment, dans la dimension du vin.

Henri Chollet accueille les marins au-dessus du lac.
Henri Chollet continue d’être passionné par son métier et sait partager ce plaisir de faire des vins purs et stylés qui soient des vins de conversation, des vins pour refaire le monde ou, pourquoi pas, des vins de lévitation (la formule est nouvelle…) En passant, il énonce, l’air de ne pas y toucher, quelques-unes des vertus qui cristallisent l’idée du grand vin.
« J’aime quand c’est pas trop facile, parce qu’il faut les mériter ces raisins, c’est sport… ». Ou, pour illustrer l’esprit qui règne sur la propriété :
« On a un système démocratique, les gens doivent s’exprimer. Ils n’ont pas le choix. C’est de la démocratie autoritaire. »
Pendant qu’on goûte au Viognier 2007, floral, élégant et voluptueux, Henri Chollet évoque le dernier documentaire de Depardon « La vie belle », notamment ce personnage du marginal qui a fait son retour à la terre, il y a bien longtemps, et qui n’en est jamais reparti, comme fossilisé dans son rêve. Je pense au paradis, à la disparition de son idée. Elle était là. Dans la mouvance de 68. Beaucoup sont partis. La plupart sont revenus. Ceux qui sont restés ont gardé avec eux l’idée même du paradis. En très peu d’années, nous aurons assisté peut-être à cet espoir fou, rimbaldien, que la vraie vie restait à inventer. Et à son effacement progressif…
Aucun nuage à l’horizon. Nous, notre paradis, il est là pour l’instant. Au milieu de ce paysage où le ciel et l’eau ne se distinguent plus, effacent leurs contours, dessinent des partances. Comme dans une toile de Pietro Sarto.
« J’aime quand c’est pas trop facile, parce qu’il faut les mériter ces raisins, c’est sport… ». Ou, pour illustrer l’esprit qui règne sur la propriété :
« On a un système démocratique, les gens doivent s’exprimer. Ils n’ont pas le choix. C’est de la démocratie autoritaire. »
Pendant qu’on goûte au Viognier 2007, floral, élégant et voluptueux, Henri Chollet évoque le dernier documentaire de Depardon « La vie belle », notamment ce personnage du marginal qui a fait son retour à la terre, il y a bien longtemps, et qui n’en est jamais reparti, comme fossilisé dans son rêve. Je pense au paradis, à la disparition de son idée. Elle était là. Dans la mouvance de 68. Beaucoup sont partis. La plupart sont revenus. Ceux qui sont restés ont gardé avec eux l’idée même du paradis. En très peu d’années, nous aurons assisté peut-être à cet espoir fou, rimbaldien, que la vraie vie restait à inventer. Et à son effacement progressif…
Aucun nuage à l’horizon. Nous, notre paradis, il est là pour l’instant. Au milieu de ce paysage où le ciel et l’eau ne se distinguent plus, effacent leurs contours, dessinent des partances. Comme dans une toile de Pietro Sarto.

A l'Auberge de l'Onde : ça va encore susciter des commentaires, je le sens…
La route continue. Plus bas. Direction St-Saphorin où nous attend l’Auberge de l’Onde que je découvre pour la première fois. Une rassurante maison villageoise avec une enfilade de ravissantes petites salles. On y prend place sous la haute autorité du souriant Jérôme Aké Béda et on se laisse embarquer sur ces ondes balisées. On y découvre une cuisine précise, légère, sans maniérisme, qui va droit au but. Et comme la carte des vins n’est pas en reste, il n’y a plus qu’à se laisser faire.
Le menu
Escalope de foie de canard des Landes poêlées, pomme confite, vinaigrette de Granny Smith
Langoustine au curry vert
Filet de bœuf
Fine gelée au vieux Rhum agricole, marmelade d’ananas à la vanille et au citron, écume d’un lait de coco.
Les vins
Clos Mangold 2007, Chenin, Cornulus
Sauvignon 2005, Christophe Gros, Satigny,
Chinon 2005, Coteau de Noiré, Philippe Alliet
Sauvignon 2005, Christophe Gros, Satigny,
Chinon 2005, Coteau de Noiré, Philippe Alliet
L’adresse Auberge de l’Onde, St-Saphorin
Tél. +41 (0)21 925 49 00
Fax +41 (0)21 925 49 01
Donnez votre avis
Domaine Philippe Alliet (Cravant)
Reçus par Claude Alliet, dans le chai/hangar du domaine où règne encore un froid hivernal, nous goûtons de jeunes matières impressionnantes, irréprochables de densité et de droiture, mais toutes empreintes d’une certaine raideur que la température accentue certainement. Il est d’autant plus dommage de n’avoir pas pu comparer in situ ces jeunes cuvées à leurs grandes sœurs assagies que dans mon expérience ces vins peuvent retrouver avec le temps la souplesse, la subtilité et la gourmandise qui semblent initialement leur faire défaut. C’eût été l’occasion de vérifier le bien fondé d’une option stylistique volontariste, perfectionniste sans aucun doute, qui se retrouve dans toutes les cuvées et qui me fait beaucoup penser, au-delà des différences territoriales et techniques, à tort ou à raison, à celle d’un Bernard Dugat-Py en Bourgogne.
…
Chinon "Coteau de Noiré" 2005 (sur fût)
L’échantillon coule noir ; la matière se montre chaleureuse, extraite, supérieurement riche, luxueusement mais tapageusement boisée (violette, noix de coco, profusion d’épices douces). Très impressionnant, mais peut-être plus proche stylistiquement d’un tempranillo nouvelle vague (Artadi, Allende, Pingus…), que de ce qu’on attend (naïvement ?) d’un cabernet de Loire, même très mûr, même "de garde"…
…
Votre avis, Jacques ?
Le cr est de Pierre Citerne …
Goûté pour ma part VV et Huisserie : http://www.invinoveritastoulouse...
Laurentg, le Coteau de Noiré 2005 a été choisi par le maître d’hôtel, Jérôme Aké Béda, qui voulait visiblement nous surprendre. A l’aveugle, très difficile de dire d’emblée où l’on se trouve. Vous décrivez parfaitement le vin, tel qu’il est encore aujourd’hui, Laurent. Atramentaire. Riche. Boisé flagorneur. Notes un peu animale sur fond de coulis de fruits. Le corps est impressionnant et témoigne d’une grande richesse de constitution, certes, mais quel manque de sapidité et d’élégance. Quand je pense aux merveilleux Chinon de Joguet… Nous étions une dizaine. Je me demande qui a fini son verre ?
Pas goûté le Noiré 2005 d’Alliet mais Croix Boissée de Baudry de la même année est immense, un vin d’une profondeur abyssale…
La ribambelle des Joguet 2005 – dans un style construit sur des tanins peut être plus fins, ou disons affinés, moins « brut de décoffrage » – m’a semblé être ce que j’ai goûté de plus abouti sur Chinon cette année là. Comme j’aime à le dire : la densité sans le poids. Des cabernets à la fois sèveux mais légers, qui possèdent du pep’s ! Des tanins « justes » ?
Jacques,
Il semble que B&D aiment ce Noiré :
« Le Coteau de Noiré est devenu l’une des références de l’appellation pour les terroirs d’argilo-calcaire ; sa profondeur et sa précision aromatique en font une priorité. Le 2005 est très beau. La texture d’un soyeux rafraîchissant et multidimensionnel permet aux flaveurs de mûre, d’eucalyptus et d’épices de s’affirmer avec beaucoup de style. » (17/20 – RP90/100)
Des goûts et des couleurs … 🙂
Varennes du Grand Clos 2005 de Joguet noté 2 fois 15,5/16
Dioterie 2005 lacté à acide à oublier en cave.
Pierre Citerne sur le même voyage :
Chinon "La Croix Boissée" 2005 (échantillon)
14,4° également mais plus de fraîcheur, de tenue et de raffinement que le Clos Guillot. Très dense, pur, net, de l’aplomb, de la profondeur, une superbe finesse tannique, une saveur franche et typée, délicatement crayeuse : la "grande cuvée" dans le meilleur sens du terme.
Bon, tout cela bien entendu pour le plaisir d’échanger, avec tous les guillemets qui s’imposent … 🙂
Souvenir d’un excellent Noiré 1996 (bu à l’aveugle, comme toujours, il y a quelques années, noté 17/20 par les 3 combibendaux).
Il m’en reste une en cave.
Un blog d’ivrognes ?!
Laurent, je vous croyais tes combibendaux et toi à Toulouse, et je vous découvre à Clermond-Ferrand.
C’était comment l’accord entre le chenin et l’escalope de foie de canard ?
laurent
Laurent,
Clermont-Ferrand ?
Donzelle,
Just mere wine lovers !
Laurent,
Je comprend très bien le français… tout du moins j’avais cru (?).
Donzelle,
Alors inutile de nous traiter de poivrots … 🙂
Bonjour….
Et comment était le Clos Mangold?
Merci d’avance
Elliot
On y retrouve la cuisinière du fumet de truffes en gelée, non ? 🙂
Nous sommes dans l’examen de plus de 150 sauvignons du monde entier (du top chez François Cotat et Gérard Boulay, en Monts Damnés, Culs de Beaujeu).
Les grands noms de France et aussi du sauvignon italien (dont Gaja "Alteni Di Brassica"), chilien, australien, Néo-Zélandais, sud-africain, argentin, américain.
Mais pas de référence suisse (Laurent Probst me rappelait il y a peu la profusion de cépages implantés dans ce joli petit pays).
Sur Genève, Jacques vient de communiquer une première adresse un peu plus haut, et il doit y en avoir encore quelques unes (domaine du Centaure, des Pins aussi très certainement).
Sur Neuch. le domaine de la Grillette doit en faire un (à revérifier tout de même).
En Valais, je t’avais montré la cuvée Vertiges de Jean-Louis Matthieu de Chalais à l’oenothèque du Ch. de Villa.
laurent
Pardon Laurentg, je plaisantais.
Formidables ces commentaires sur le vin !
Merci Jacques de nous offrir un blog de cette qualité. Vous êtes un Amour !
En Valais on peut trouver le sauvignon blanc sec à Jean-Louis Mathieu qui, d’après les connaisseurs, était un beau sujet en millésime 2007. En vendange tardive Provins propose ce cépage dans sa gamme Mémoire du Temps et les terribles frères Favre en ont également un exemplaire qui a eu grand succès en cru au verre au château de Villa. La légende populaire voudrait que ce succès inattendu soit lié à la fraîcheur du cépage qui confère à la liqueur une sapidité autre que celles des classiques liquoreux valaisans.
Je réponds dans le désordre sur le Clos Mangold (excellent), la cuisinière (oui, c’est elle !), le sauvignon (n’oubliez pas Novelle à Genève : le seul sauvignon helvète qui ait impressionné Didier Dagueneau), et à Donzelle : je vais finir par rougeoyer en silence !
Jacques, le seul commentaire adéquat ici, et le seul donc, que je me permettrai :
"Que faire pour que vous me trouviez la même veste"
Mythique …
Dommage qu’un bel article sur Lavaux nous contraigne à lire 10 commentaires d’un internaute sur des vins ligériens. Je reprends un élément de sa conversation en modifiant trois lettres "…les Culs ont Beaujeu…".
Nous venons de déguster ce soir un Clos Rougeard 2000 des frères Foucault.
Pardonnez mon impertinence, mais Jacques nous vantait Lavaux, le neuvième site à caractère viticole du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce patrimoine compte 878 biens à ce jour sur notre planète.
Je m’attendais qu’un blogueur ait défendu ce prodigieux sujet. Que nenni !
En toute amitié, c’est navrant.
"Je m’attendais qu’un blogueur ait défendu ce prodigieux sujet. Que nenni !"
Pourquoi ne le faites-vous pas, Philippe ? 🙂
Sinon, vous pouvez lire ma modeste contribution sur le blog de Laurent Probst :
vins-confederes.mabulle.c…
Dégusté il y a trois jours un St-Saphorin Les Manchettes 2007 de Pierre Monachon.
Un vin qui mériterait ici et ailleurs la manchette d’une gazette.
C’est tout simplement parfait : délicatement minéral, finnesse, vif en bouche, frais, du style et de la typicité. Et le lendemain il n’avait rien perdu de ses qualités premières.
Vive le Lavaux d’accord. Mais peut-on repprocher pareille digression sur des vins ligériens ?
cordialement,
Laurent
PS : Manus Extrema 2007 : un assemblage rouge de cinq cépages, réalisé par le même vigneron est également remarquable. Voir sur mon blog.
«La parole est déjà du luxe, de l’excès, de la superstructure.»
[ Henri Michaux ]
Pour la veste, c’est relativement compliqué. 1) Il faut faire partie des Barolos boys (ne me demandez pas comment on y entre) 2) il faut vouer un amour particulier à la zone de Monforte et, plus particulièrement, au Bussia 3) il faut être dans les "petits papiers" de Marco Parusso.
Jacques, ne sousestimez pas Paulo, c’est dans ses cordes ! Surtout qu’il a du avoir du barolo dans son biberon, je soupçonne sa mère… Vous pourrez en parler demain après midi avec lui, on devrait le croiser. Je crois d’ailleurs qu’il a quelque chose pour vous. Ca vous fera un lecteur du blog à rencontrer. Il est presque aussi amoureux du Piémont que de sa douce, presque…
"Saoulée"…