Je commencerai par cette strophe de Rimbaud :
O blanc Chasseur, qui cours sans bas
À travers le Pâtis panique,
Ne peux-tu pas, ne dois-tu pas
Connaître un peu ta botanique ?
Arthur Rimbaud, Ce qu’on dit au poète à propos de fleurs
Composition sauvage : merci Carine !
Dans mes bagages, quelques livres vitaux, des musiques, Schumann, Mahler, Prokofiev, Fauré, Keith Jarrett (Vienna), plein de projets : tout ce qu’on se rêvait de réaliser, aux beaux jours, qui nous fait face désormais, comme une ligne nouvelle à ouvrir, une page à écrire, une promesse.
Petit Clocher du Portalet : des lignes à ouvrir, peut-être ; des fleurs, certainement…
Je poursuivrai par les fleurs. Et tout d’abord par l’extraordinaire Jardin botanique alpin de Champex en Valais. Situé à 1500 m d’altitude sur le versant méridional du Catogne, ce jardin, créé en 1927, couvre aujourd’hui près d’un ha et recense plus de 3000 plantes et fleurs de montagnes. L’ensemble est animé par les étonnantes sculptures de l’artiste romand Etienne Krähenbühl avec ses Nemphet Kasathet ou ses Temps suspendu, merveilleusement accordées à l’espace ambiant.
L'orchis vanillé et ses fragrances envoûtantes, vallon d'Arpette de Saleinaz
On y croise des fleurs carnivores, des Sabot de Vénus, des rosiers glauques, des astéracées, des glaïeuls pourpres, des gentianes, des joubarbes, des pensées en liberté, des éphèdres, des liliacées, des astragales, des violettes, des androsaces, tout un foisonnement lumineux, bigarré et palpitant. Pas que des fleurs d’ailleurs : le jour de ma visite, Didier de Courten et Jean-Maurice Joris, deux de nos plus grands chefs, déambulaient avec une allégresse non dissimulée, parmi cette fête visuelle et olfactive.
Silènes, sommet du Mont Rogneux.
Des fleurs, les mêmes et d’autres, miracles purs, jaillis à même le roc, indomptables saxifrages, je les ai croisées également, plus haut, sur les rochers, les arêtes sculptées, dans des endroits impossibles, au milieu des étoiles, des rumeurs minérales et du bonheur instantané.
Pensées des Alpes, Tête de la Payanne
Puis, plus tard, bien plus tard, après que l’orage eut déferlé sur le Verbier Festival, interrompant momentanément l’impétueuse pianiste Yuja Wang aux prises avec le deuxième concerto pour piano de Prokofiev (en plein allegro tempestoso !), je me plongerai avec délice dans le Discours parfait de Philippe Sollers, dont le premier chapitre Fleurs prolongera, je le sais déjà, l’enchantement !
"L'orage rajeunit les fleurs."
Baudelaire
Joubarbe, vallée de Valsorey.
4 Comments
Champex, me fait penser, à José Giovanni qui habitait non loin de là aux Marecottes, à ce tournage fait dans la montagne avec Rufus, une partie de moi est resté la-bas.
Tiesn, Rufus : vu hier soir en prof d’anglais dans "Laisse allez, c’est une valse !"
Bon, aucun lien au sujet : sois à ce qu’on t’dit Président !
Fleurs : Grand Jacques : si tu aimes, faut vraiment que tu pousses jusqu’à Case Basse.
Que d’émotions condensées dans ces nouvelles vibrantes de la région de Champex.
Le Petit Clocher du Portalet à vingt ans…
Le jardin botanique, une merveille visitée avec le Prof Claude Favarger…
Et ces Linaires des Alpes que tu aimes nommer pensées… une des plus belles fleurs de montagne.
Merci, Jacques, pour ces chemins d’altitude.
Michel, quel plaisir que te retrouver ici. Merci pour la précision concernant les Linaires et désolé pour la confusion, explicable en partie : c’est à cet endroit qu’un autre ami P.C. est décédé cet hiver, emporté par une avalanche ; j’aime voir dans les Linaires des pensées sauvages cristallisés en forme de couronne violine…