The dark side of François Simon
Je ne suis pas persuadé que François Simon ait vraiment souhaité se couler un jour dans la chair d’un chroniqueur gastronomique.
Comme si tout ceci procédait d’un joli (et persistant) malentendu. Se retrouver parachuté dans un monde qui l'effraie un peu, battant le pavé parisien ou labourant le sentier des gargotes de province. A la recherche d'une incertaine révélation…
A le lire, on l’imagine fragile, esthète parisien, limite dandy, en proie à des nostalgies, des doutes métaphysiques, des rêveries exquises.
Je ne suis pas persuadé que François Simon ait vraiment souhaité se couler un jour dans la chair d’un chroniqueur gastronomique.
Comme si tout ceci procédait d’un joli (et persistant) malentendu. Se retrouver parachuté dans un monde qui l'effraie un peu, battant le pavé parisien ou labourant le sentier des gargotes de province. A la recherche d'une incertaine révélation…
A le lire, on l’imagine fragile, esthète parisien, limite dandy, en proie à des nostalgies, des doutes métaphysiques, des rêveries exquises.
Pas tout à fait le genre à être né avec un estomac plus gros que l’appétit ou une cuiller à entremets dans le bec.

Photo tirée de "24 heures chez Pierre Gagnaire"
Dur métier. Il y a des jours où l’attente déçue peut vous briser, des repas qui ressemblent à des naufrages. Malgré les tralalas et les chorégraphies savantes des assiettes.
François Simon s’avance masqué – pour multiplier les identités ? – débarque incognito dans les cantines et les palaces, filme quelques plats au ras du fraisier, tendance macro un peu trash. S’éclipse pour y coller des commentaires avachis, façon Gainsbourgh.
Il est partout puisqu'invisible. D’aucuns le subodorent dans le XVIe ; d’autres à la rue Mouffetard ou attablé au fin fond du Quercy. Comme s’il se dédoublait en permanence. François Simon ? Une fiction.
François Simon s’avance masqué – pour multiplier les identités ? – débarque incognito dans les cantines et les palaces, filme quelques plats au ras du fraisier, tendance macro un peu trash. S’éclipse pour y coller des commentaires avachis, façon Gainsbourgh.
Il est partout puisqu'invisible. D’aucuns le subodorent dans le XVIe ; d’autres à la rue Mouffetard ou attablé au fin fond du Quercy. Comme s’il se dédoublait en permanence. François Simon ? Une fiction.
Ses additions, il les paie cash. Ce qui lui donne toute latitude pour présenter la sienne, en retour, dans les colonnes du journal qui l'emploie. Ou tresser des éloges sincères.
Une évidence puisqu’il a payé : il n’y a que ceux qui ne paient pas qui flagornent. Au lieu de faire leur métier et de tirer la sonnette d’alarme !
Mais voilà, comment résister quand on vous arrose ? Comme dans ce restaurant de la rue des Mathurins où, rapporte François Simon, un vieux critique gastronomique « que l’opprobre rendait passionnant » y avait ses aises, le parking, le couvert pour deux, la drôlesse qui va avec (aux frais de la maison). Bref, le gîte pour l’éternité !
La force du style
Disons-le : François Simon, c’est un style, une plume acérée, façon couteau japonais en acier Damas. On devine qu’il a été à bonne école : il a retenu les leçons des compères Gault et Millau. En y ajoutant une perception légèrement décalée, ironique, de l’objet gastronomique, une manière de filer la métaphore qui, parfois, vous emporte sur des sommets littéraires (eh oui !) où le plat décrit compte pour beurre, devient un anodin prétexte.
La force du style
Disons-le : François Simon, c’est un style, une plume acérée, façon couteau japonais en acier Damas. On devine qu’il a été à bonne école : il a retenu les leçons des compères Gault et Millau. En y ajoutant une perception légèrement décalée, ironique, de l’objet gastronomique, une manière de filer la métaphore qui, parfois, vous emporte sur des sommets littéraires (eh oui !) où le plat décrit compte pour beurre, devient un anodin prétexte.
A la fin, on se demande pourtant où on est. Brutalisé par cette verve caustique, décapé par ce style au scalpel. Ebloui par tant de réminiscences (Balzac, Huysmans, Proust, Linné en visite chez Escoffier). On s’imagine d’autres vies, on quitte tout pour suivre les traces de notre Fantomas, dans Paris, à attendre des donzelles improbables du côté de la rue Ste-Anne, à écouter les terrifiantes menaces de Guy Martin au Grand Véfour (« ce qui, sous nos tropiques, ne se fait pas »), à oublier d’être heureux chez Guy Savoy, à chipoter de pataudes langoustines estampillées Laetitia, rue Balzac, dans un endroit chicos dont le propriétaire s’appellerait Johnny Halliday…
Pire encore, nous irions nous dévergonder au Fouquet’s et goûter à cette avanie, l’« énigmatique côte de cochon cul noir accompagnée de…caviar. L’idée semble insolente (donner des prunes à un cochon) mais en bouche, c’est un non-sens consternant : le caviar glacé vient perforer frontalement une viande superbe dans sa rusticité, et scier vicieusement le câble d’un ascenseur qui menait notre porc au firmament de sa vocation bucolique. »
Pire encore, nous irions nous dévergonder au Fouquet’s et goûter à cette avanie, l’« énigmatique côte de cochon cul noir accompagnée de…caviar. L’idée semble insolente (donner des prunes à un cochon) mais en bouche, c’est un non-sens consternant : le caviar glacé vient perforer frontalement une viande superbe dans sa rusticité, et scier vicieusement le câble d’un ascenseur qui menait notre porc au firmament de sa vocation bucolique. »
C’est une constante chez François Simon : cet homme qui aime les constructions bien dégagées, qui sait décrire à la perfection l’ondulation d’une femme qui se lève, au restaurant, trouve essentiellement les motifs de son inspiration dans les failles, les ratages, les rendez-vous manqués, les créations variqueuses, les bouffissures de l’ego de certains cuisiniers.
Ce qui lui vaut sans doute davantage d’ennemis que de vrais lecteurs. Dommage.

Pierre Gagnaire, au moment de commencer une nouvelle journée.
Quelques très beaux portraits. Ils prouvent, si nécessaire, que notre avatar d'enquêteur aime vraiment la gastronomie. Celui de Alain Dutournier : "Avec sa bonne tête penchée, douce et apaisée, comme sa cuisine, un homme plus attiré par les corridas de Pampelune que les coups tordus, l’amitié plutôt que les relations, les copains plutôt que les coquins. Un homme bon. "
Bien vu !
Celui également de Claude Peyrot, fiévreux et lumineux, inoubliable chef du Vivarois. Je vivrai avec ce regret, celui de n’avoir pu goûter sa cuisine. Surtout après avoir lu ces lignes : » J’étais là à son dernier dîner. C’était bouleversant d’excellence. L’assemblée ne comprenait rien à son départ. Lui, non plus. En cuisine, il ressemblait à un enfant de quatorze ans qui vient de commettre une bêtise. Celle de partir si tôt. »
Comme un canard sans ailes…
Des défauts à la cuirasse ? Oui, oui…
Difficile d’être en avance sur ses livres, François Simon écrit plus vite que son ombre et se trouve donc condamné au recyclage, à la compilation. Tout (ou presque) est déjà paru sur son blog. A peu de lignes près. Compliqué de faire du neuf en permanence. Pourvu que cela ne m’arrive pas un jour…
Et puis, c'est souvent le cas de celles et ceux que la nature a pourvu de trop de dons : il a tendance, le critique diaphane, à vivre sur ses rentes, à faire le cabotin, à virer « dandy des écuelles », chipoter sur l’essentiel, se faire des petites frayeurs, s’inventer des plans foireux.
A l’instar des fameux canards de la Tour d’Argent qu’il décrit si bien. Ceux-ci s’annoncent merveilleusement. D'une façon épatante, dirait notre commensal. Précédés par leur propre réputation, ils ont tous les talents de la terre.
Mais voilà, en chemin, ils s’usent, perdent la foi, nous arrivent avec des déconvenues mal dissimulées, des estocades dans les magrets… Est-ce le temps qui passe, l’amour du cuisinier qui s’effiloche, la vie qui est injuste ? On venait pour la fête ; on en sort un peu chagrin, déçu par tant de promesses en allées.
On se consolera avec cette évidence frottée aux herbes des grands désenchantements : « Les grandes tables, c’est bien, quand c’est vraiment grand… »
Notons au passage, pour ne rien conclure, que notre chroniqueur n’a pas, mais alors pas du tout, les mêmes orientations culinaires de Robert Parker, lequel encense à longueur d’édition de son Wine Advocate l’Ami Louis à Paris (à croire que notre preux chevalier y a également le couvert, le gîte et le parking), établissement passé à la mandoline par François Simon.
– Alors un mec bien ou pas, ce François Simon ?
A vous d’en juger : ça s’emporte dans un sac de plage, pas besoin de le tenir en laisse, ça met en appétit (un peu), ça se laisse joliment lire, le temps, par exemple, d’une fin de semaine sur la Côte vermeille ou à Venise.
Le livre François Simon, Aux innocents la bouche pleine, Robert Laffont, 189 p.
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"Robert Parker, … encense à longueur d’édition de son Wine Advocate l’Ami Louis à Paris": Nobody is perfect
Le Paul Morand du pauvre en quelque sorte!( Venises: Toscanes ouaf, ouaf!!)
L’homme pressé, non?
C’est une constante chez François Simon : cet homme qui aime les constructions bien dégagées, qui sait décrire à la perfection l’ondulation d’une femme qui se lève, au restaurant, trouve essentiellement les motifs de son inspirations dans les failles, les ratages, les rendez-vous manqués, les créations variqueuses, les bouffissures de l’ego de certains cuisiniers.
Ce qui lui vaut sans doute davantage d’ennemis que de vrais lecteurs. Dommage.
il fait des fautes à chaque tournant de phrase, ignore visiblement le sens de nombreux mots, à part un dictionnaire et la découverte de TLFI on ne voit pas quoi lui souhaiter, mais bon il est au figaro!!
Qu’est-ce qu’on a à cirer de ses fautes à chaque tournant de phrase. Au moins, il secoue un peu le cocotier, non ?
François Simon un mec bien ou pas ? J’en sais rien.
Ce que je sais, c’est que l’Arnsbourg est en Moselle, en Lorraine donc, et non pas en Alsace (même si cette dernière ne se trouve qu’à quelques centaines de mètres), contrairement à ce que j’ai pu lire sur son blog.
A propos de l’Arnsbourg, dont la photo d’un plat se trouvait ici-même dernièrement, j’en profite pour dire que j’avais été gêné par les liants utilisés à profusion – pour ne pas dire en excès selon moi, et qu’ils m’ont donné l’impression de manger du marshmallow salé tout au long du repas (excellent tout de même). A savoir aussi que les chaises sont d’un inconfort superbe, que la cave à vins est riche de picrates des USA et que le sommelier ignorait que la vigne croissait en helvétie, pays quasi voisin et distant du restaurant de seulement 200 km, …
Laurent
Quand on se prétend "écrivain", maîtriser son outil de travail, c’est bien le moins!! et puis pour clôre le débat sur ce personnage, je dis que ce n’est pas le Général Cuche de la chronique gourmande! comprenne qui voudra!!
Une chose certaine, il ne laisse pas indifférent, en particulier notre Hôte, le Grand Jacques, qui lui dédie sa meilleure plume.
FS est dans l’air du temps, a dépassé le style bobo cool pour être bobo mordant.
Mais, in fine, avant, maintenant et sans doute plus tard : il reste foncièrement, totalement, intégralement un parisien.
Son public est là, à Paris, et, comme Parker pour les américains, il ne l’oublie jamais.
Il n’y a plus qu’à attendre le nouveau FS, celui qui aura encore une plume plus aiguisée, plus mordante, plus vicieuse, avec plus de mauvaise foi car c’est bien cela le fonds qu’attendent ses lecteurs, non ? La descente en flamme ou l’apothéose inattendue.
Soyons honnête de temps en temps…
FM a écrit : "Mais, in fine, avant, maintenant et sans doute plus tard : il reste foncièrement, totalement, intégralement un parisien".
On ne pouvait pas mieux dire. En évoquant la localisation erronée de l’Arnsbourg en Alsace, je voulais souligner une approximation typiquement parisiano-parisienne : Alsace ou Lorraine, c’est du pareil au même, c’est surtout en …province.
Laurent
C’est fou cette façon de se braquer sur le style de François Simon, sur sa capacité à écrire correctement ou pas, sur sa prétendue posture d’écrivain : c’est peut-être la preuve qu’on a affaire à une vraie plume pour susciter autant de remous sur son style, non ?
Petite devinette "trouvez l’intrus" consacrée aux plumes du Figaro, à la manière de Pierre Desproges.
– André Froissard,
– Jean D’Ormesson,
– Jean Dutour,
– François Simon.
C’est vrai que tout fout le camp!
Laurent
Valais :
Moi qui suis du Bitcherland, Liederschiedt pour ne pas nommer ce village frontière, que de fois j’ai dû corriger cette faute majeure de mettre Baerenthal en Alsace !
A vrai dire, à Paris, ils s’en moquent comme de l’an quarante !
Al Dente :
On ne se braque pas, bien au contraire : on adore ce style qui a toujours une pointe acérée quelque part. La question que pose Mr Perrin est différente : est-ce un exercice de style permanent ou est-ce une véritable critique gastronomique ?
A titre perso, je vois cela comme plus une analyse d’une ambiance, d’un style de restaurant bien plus qu’une pure et simple analyse de ce qu’il y a dans l’assiette.
Ceci dit, j’adore lire FS comme j’adore relire le Lutrin de Boileau.
La cata à St Emilion : des juges en mal de renommée ont annulé le classement existant. Nous voilà dans la tourmente pour au moins deux ans, avant la procédure d’appel.
Enfin, regardez ses pitoyables vidéos ("sur la mare aus oiseaux" récemment où la chochotte frôle l’épectase devant une croûte de meringue épaisse de 3 cm dans laquelle quelqu’un a disposé des fraises et ça s’extasie!! et puis sur une autre, il tient son verre à pleine main: beurk, ça dégoûte de la vie)et puis al dente ce n’est jamais que le petit télégraphiste du groupe NESTLE et d’ADRIA au sein de RESTAURANT MAGAZINE comme l’a sournoisement écrit le critique RIBAUT du MONDE dans deux articles récents aux sous entendus gros comme des cordes. et comme le dit Gore Vidal de Truman Capote "je ne peux pas le lire, parce que j’ai du diabète"
et qu’on arrête de me parler de sa culture google. Que ceux qui écrivent dix fois mieux que lui et sont cent fois plus cultivés arrêtent les commentaires obséquieux sur cet olibrius, bon j’avais décidé de faire modéré, je dois reconnaître que je suis assez satisfait!
Bravo pour l’épectase, Yves, un terme avec lequel nous sommes sans doute nombreux à vouloir coïncider un jour : il me rappelle mes années studieuses ; j’avais comme professeur un médiéviste, féru de Duns Scott, St-Irénée et il avait tendance à nous en rebattre les oreilles alors que nous, de cet épectase nous nous battions les flancs. Cela dit, vous avez raison : la façon de filmer de F. Simon est "désolante". Comme si on appliquait à la gastronomie les codes du cinéma porno ! Mais, dites-moi, qui sont les auteurs des commentaires obséquieux ?
L’épectase c’est surtout ce bon Cardinal Danielou qui a fait sa gloire, j’ai bien connu son frère comme préfet de discipline, un rigolo je vous l’assure !!
Quelqu’un d’aussi perspicace que vous, voilà une question finale qui me désole, les premiers termes de la phrase devraient être un indice cherchez bien (mais le mot est bien excessif et ne me convient pas), bien à vous!!
Confidence pour confidence François Mauss :
Si Valais_006 est devenu mon pseudo, je suis natif de Saint-Avold.
Laurent Probst
Epectase :
Décès pendant l’orgasme. Il est mort en épectase.
Ouaips : n’est pas Danielou qui veut !
Voilà un mot à n’utiliser qu’en dernier ressort ?
Oui 😉 C’est arrivé à Félix Faure, qui était président de la république. Ce qui a fait dire à Clémenceau :« Il voulait être César, il ne fut que Pompée ». Sa maitresse fut surnommée "La pompe funébre". Eh oui, n’est pas Danielou qui veut!
Et pas une remarque sur l’affreuse faute d’orthographe ci-dessus!
Dis donc Jacques! T’es pas gentil avec les vieilles badernes…
Pas vu cette faute, Alain… où se cache-t-elle ? J’aime bien les badernes : elles nous parlent d’un temps où la cuisine et le discours sur la cuisine véhiculaient beaucoup de poncifs, du style : le soleil se couchait lorsque nous nous attablâmes dans la grande salle où règne Madame tandis que Monsieur s’active aux fourneaux. And so on !
Critiques mauvaises ou bonnes pour moi; peut importe.
Ce que j’aime chez lui, c’est qu’il me fait marrer. C’est peu ou pas ennuyeux, ce qui est déjà pas mal pour des plats décrits moult fois.
Coter pratique: on connait le tarifs de la concurrence.
Coter ludique: Dans la critique subis, le sourire persiste.
Dans la vie, si on prend tout au premier degré on se couche dans l’angoisse ! Est-ce vraiment utile ? Non, bon alors, on fait quoi ? On continue à aimer faire ce qu’on sais faire de mieux, on s’enferme dans nos rêves, on créer, puis parfois une critique nous ramène a la réalité. C’est bien utile pour rester cohérent dans nos folies.
Ça plait pas ? Ya pas mort d’homme, non ? Alors qu’est ce qui reste au fond ? Une idée, un avis, une constation, une suggestion !
Elles ne vous plaisent pas ? Dommage, vous pourriez en faire autant ca vous donnerai la sensation d’être écouté et utile.
Vous n’y arrivez pas visiblement ! Faites attention, maintenant ca se vois !
Bonne soirée messieurs.