Alors, en très peu de lignes – pour prouver que je sais aussi faire court et simple –, voici les grandes lignes de force de cet archipel nommé Gilles Deleuze :
Et tout d’abord, dissipons un sérieux malentendu, véhiculé par une tradition philosophique figée :
1. La philosophie et la vie ne sont pas deux formes antithétiques ; bien au contraire, elles sont indissociables, appartiennent au même plan d’immanence : ce que nous pensons détermine ce que nous vivons ; de même ce que nous vivons détermine ce que nous pensons…
Arrêtez-vous quelques minutes, quelques heures, toute une vie… sur cette double affirmation : vous verrez, elle ouvre des horizons insoupçonnés !
2. Le but de la philosophie n’est pas d’ordonner des idées pour mener une vie sage et mesurée, hors de toute passion et de tout affect. Ce qui importe dans une vie, ce sont les intensités que nous éprouvons, les intensités par lesquelles nous sommes capables de passer, les paysages dans lesquels nous nous inscrivons, les rencontres que nous faisons, les devenirs, les événements qui nous traversent. Pas d'affects tristes et négatifs. Pas de jugement. Pas de ressentiment. Uniquement des affects positifs, joyeux, des affirmations de vie !
3. Le sens de la philosophie est ainsi de créer des concepts – ceux-ci n’existent pas tout formatés dans un ciel vide tels des corps célestes – pour résoudre des problèmes donnés et pour inventer des possibilités de vie. "Tracer, créer, inventer, c'est la trinité philosophique." (GD)
4. La création de concepts n’est pas simple affaire de rationalité et d'hiérarchisation de la pensée mais ressortit d’un goût philosophique, d’affinités propres à chaque individu. Et Deleuze nous renvoie ici à Nietzsche, un de ses philosophes de prédilection, pour lequel le sage est d’abord l’homme qui goûte («sapiens» le dégustateur, «sisyphos », l’homme au goût extrêmement subtil, voir La Naissance de la Philosophie).
Voilà, c’est un résumé, forcément sommaire, mais il m'amuse de tenter de relever ici le défi d’Averroès, exposer l’essentiel d’une pensée en quelques lignes… J’espère en tout cas avoir donné à M. Mauss et à de nombreux autres lecteurs le goût d’aller plus loin dans la pensée de Gilles Deleuze, une pensée vraiment prodigieuse (je pèse mes mots…)
PS. Ce qui précède est également une réponse à cette question qui m'a souvent été posée : mais comment es-tu passé du monde la philosophie à celui du vin ?
Comment
Grâce au web, on trouve effectivement beaucoup de choses sur Mr Deleuze. Ce qui m’a frappé, c’est la réelle dévotion qu’on y lit de la part de ses élèves, auditeurs, lecteurs.
Manifestement, cet homme en a marqué d’autres.
A suivre…