Tout à l’heure une noria d’amateurs zélés va se déployer ici : c’est la journée cave ouverte au Grand’Cour.
Imperturbable, presque détaché, avec, pourtant, au fond de lui, en permanence, la petite pointe acérée de l’inquiétude du vinificateur. Ai-je été à la hauteur de l’événement ? Que pourrais-je améliorer pour rendre mon vin plus lumineux encore, plus subtil ?
Imperturbable, presque détaché, avec, pourtant, au fond de lui, en permanence, la petite pointe acérée de l’inquiétude du vinificateur. Ai-je été à la hauteur de l’événement ? Que pourrais-je améliorer pour rendre mon vin plus lumineux encore, plus subtil ?
Jean-Pierre Pellegrin, domaine Grand'Cour, Peissy.
Cela peut paraître mystérieux : irrationnel, peut-être ? Mais l’irrationnel, ne serait-ce pas ceci, ce qui n’offre guère de prise, ce qui s’impose à nous, les mots du hasard sur la force de l’évidence ?
« Il nous faut peu de mots pour exprimer l'essentiel; il nous faut tous les mots pour le rendre réel. » Paul Eluard
Je le sens en entrant dans le chais à barriques. Je le devine : les 2007 sont réussis, les vins sont heureux ici, égrènent doucement leurs jours et leurs nuits dans la pénombre, à l’abri de ces murs séculaires, vivant désormais leur propre vie à l’intérieur des douelles rebondies aux notes de pain grillé et de vanilline.
Certaines caves ont des atmosphère particulières, ressemblent à des lieux d’inspiration.
Chaque fois que j’entre dans celle du Grand’Cour, je sens cette vibration.
A quelques rangs de vignes de là, un peu plus bas, au centre de Satigny, c’est le fief du Grand Clos, de son ludion débridé, celui dont le nom même ressemble à un rêve de nouveautés, Jean-Michel Novelle, électron libre du paysage viticole genevois et, depuis quelques années, vinificateur itinérant : il intervient au Chili, dans le Sud-Ouest, dans les Côtes du Rhône ainsi qu’à l’abbaye de Lérins, sur l’île de St-Fortunat, en face de Cannes.
C’est tout Jean-Michel, ça, aller vinifier gracieusement chez les moines, peut-être pour quêter quelques indulgences, mais surtout parce qu’il est tombé amoureux de cet écrin de 7 ha, battu par les vents et les soleils de la Méditerranée.
Je vous en dirai plus prochainement car j’ai promis à frère Marie-Pâques, présent ce jour-là au Grand Clos, d’aller saluer les moines. Comment y surseoir après avoir goûté leurs vins ? Une très jolie cuvée Ste-Césaire 2007, un Chardonnay chatoyant avec une fine trame minérale, le Pinot Noir 2007 « Saint Salonius » dont le prix annoncé le met presque en concurrence avec un Clos Vougeot ou un Clos de Tart, deux crus célèbres bourguignons dont les moines de Citeaux (les mêmes qu’à St-Fortunat) ont magnifiés.
Je vous en dirai plus prochainement car j’ai promis à frère Marie-Pâques, présent ce jour-là au Grand Clos, d’aller saluer les moines. Comment y surseoir après avoir goûté leurs vins ? Une très jolie cuvée Ste-Césaire 2007, un Chardonnay chatoyant avec une fine trame minérale, le Pinot Noir 2007 « Saint Salonius » dont le prix annoncé le met presque en concurrence avec un Clos Vougeot ou un Clos de Tart, deux crus célèbres bourguignons dont les moines de Citeaux (les mêmes qu’à St-Fortunat) ont magnifiés.
Frère Marie-Pâques et Jean-Michel Novelle, une belle complicité au service du vin ! (JM : je ne pouvais pas ne pas publier cette photo, elle est too much !)
Tous ces vins sont bien entendu encore en élevage. J’ai dégusté avec plaisir la Syrah « Saint Sauveur » 2007 d’une grande rectitude d’expression. Et puis, la révélation, une nouvelle cuvée qui reste à baptiser et qui illustre la règle des trois adéquations de tout grand vin : sol/climat/cépage, le mourvèdre 2007, d’une amplitude et d’une finesse magnifique. Frère Marie-Pâques, subjugué par tant de beauté, a pris à ce moment-là de planter du mourvèdre dans le clos minuscule encore en friche. Celui-ci s’appellera le « Clos de la Charité » et chaque donataire pourra acheter un pied de vignes (il y en aura 500 au total). Dans quelques années, lorsque cette vigne du Seigneur donnera du beau raisin, la cuvée à laquelle elle donnera naissance sera vendue aux enchères et le produit de cette vente permettra de soutenir quelques bonnes œuvres !
10 Comments
j’ai toujours su que vous aviez au plus haut point le sens du sacré! vous nous boirez 2 verres de sainte césaire et irez en paix!
Ah le saint homme, dommage qu’il ne soit pas consacré (il n’est que frère je crois) : il pourrait nous donner l’absolution ! Continuez à nous parler du vin hors des sentiers battus !
J’espère que notre ami Jean Michel ne va pas "Parkeriser" les vins de l’Abbaye de Lerins!!!
Bois, sucrosité et arômes exacerbés, comme ses vins du Chili, hyper flatteurs, mais qui n’appelle pas un deuxième verre en bouche, dommage. Çà reste une histoire de gouts personnels, car ses vins ont du succès et c’est là essentiel.
Amitié à Jean Michel, au plaisir de se revoir.
Michel.
Des vins cisterciens "parkérisés", c’est amusant, ça. En tout cas, ce serait le comble ! Imaginez cela : tous ces blockbuster, décoctions de bois neuf, à l’heure de l’élévation…
le commentaire 3: ça c’est une amitié sincère ou je ne m’y connais pas!
je ne croyais pas Jean michel qui nous disait que les photos seraient sur l’instant sur votre bog!
heureux de cette rencontre.
à Jean Luc… si je suis connu comme le loup blanc sous frère Marie Pâques, je suis prêtre aussi et peut donner l’absolution.
je comprends ce que veut dire Michel, je ne crois aps que nous en sommes là.
vous nous direz!
paix et joies abondantes
fr Marie Pâques
En paix, nous irons, frère Marie Pâques, heureux de cette rencontre et viendrai sur votre île !
Une question, à Frère Marie Pâques ou à Jean Michel: pourquoi du chardonnay et du pinot noir dans le fief du rolle et du mourvèdre?
Bonne question Michel : il est sûr que, après la dégustation de l’autre jour, tout le monde est convaincu que le mourvèdre s’exprime ici dans son originalité profonde. Le 2007 a de quoi faire pâlir bien des Bandols. Donc, le Clos de la Charité sera planté en mourvèdre, enfin, je l’espère…
pour répondre à Michel,
nous avons la fantaisie de faire hors des sentiers battus.c’est ainsi que nous avons fait l’essai de chardonnay qui donne bien mieux que l’Ugni blanc et la clairette
je crois que sans refaire des chardonnay ou pinot noir de Bourgogne, nous pouvons faire de grande choses avec ces cépages l’avenir nous le dira.
la syrah à mon avis est slpendide ce n’est pas non plus son fief… nous en avons trop pour la provence.
j’ai entendu Jacques pour la plentation du clos de la charité… à suivre
nous vous attendons
paix fr Marie Pâques