Voici les vins dégustés afin de poursuivre la réflexion. Ce sont tous des chardonnay, sauf mention spécifique.
Série 1
Bourgogne « Les Violettes » 2007 Domaine Bizot : Vieille sélection massale faite dans les Pucelles à Puligny, plantée ici en 1954 et 1964, située dans le secteur des Echézeaux, le long du mur méridional du Clos Vougeot. Robe légèrement dorée, nez richement boisé, contrastant avec une bouche droite à l’acidité citronnante, finissant toastée. Etonnant pour un simple Bourgogne, mais l’élevage pourrait être plus nuancé.
Série 2
Marsannay « Le Clos » MONOPOLE 2008 René Bouvier : Vigne de 60 ans située sur le village de Couchey. Terroir marneux, cultivé en blanc depuis fort longtemps. Assez richement boisé de prime abord, il développe une belle bouche ample, généreuse, à l’acidité fine, plutôt bien enrobée. La texture est graissée par le fût mais cela n’écrase pas l’expression. Bonne allonge, du style, un très joli vin !
Fixin 1er Cru « Clos de la Perrière » MONOPOLE 2006 Domaine Joliet : Depuis le XIIème siècle paraît-il, on fait du blanc dans la partie du clos où l’on trouve le plus de marnes calcaire, soit 0.5 ha. Boisé très fumé évoquant des notes de saurisserie, prélude à une bouche d’attaque large mais à la structure moyenne. L’élevage l’allonge et contribue à lui donner du relief, mais aussi un peu d’amer en finale. Un vin dans le style du millésime, un peu « poussé ».
Série 3
Côte-de-Nuits Villages « Clos des Langres » MONOPOLE 2008 Domaine d’Ardhuy : Propriété dès le XIème siècle du Chapitre de la Cathédrale de Langres, le Clos est cité en 1ère lignée par le Dr Lavalle en 1855, pour son rouge. Ici il s’agit d’une sélection de chardonnay surgreffé sur du pinot. Nez manquant légèrement de précision aromatique, fluidité mais franchise de goût, pas trop de bois, on peut lui reprocher une allonge limitée. Carel Voorhuis commence à peine à trouver ses marques sur ce vin, laissons-lui le temps.

Série 4
Nuits St-Georges 1er Cru « La Perrière » 2007 Domaine Henri Gouges : Vigne plantée en « Pinot Gouges », qui est en fait un pinot noir ayant subi une mutation : dans les années 30, au domaine, un cep qui donnait des raisins rouges depuis sa plantation se mit soudain à produire des raisins blancs. Nez « difficile » avec un mercaptan fort et tenace. La saveur est touchée par les mêmes arômes, mais l’on peut tout de même apprécier l’ampleur et l'opulence du vin. Son aîné de dix ans, le 1997, m’avait laissé un plus grand souvenir.


Morey St-Denis 1er Cru « Monts Luisants » 2007 Domaine Dujac : Un des rares premiers crus blancs de la Côte de Nuits, et surtout le seul qui soit planté en blanc depuis le Moyen-Âge. Terroir pauvre, tardif, à teneur élevée en calcaire. Robe très claire, nez discret, légèrement anisé et vanillé mais encore peu de parfum. Le vin se cherche un peu sur l’attaque, milieu de bouche comprimé et finale retenue indiquant qu’il a sans doute besoin de temps pour délivrer son message. A suivre.
Morey St-Denis 1er Cru « En la Rue de Vergy » 2007 Bruno Clair : Située juste au dessus des Bonnes-Mares, la vigne est plantée directement sur la roche mère calcaire. Nez assez richement boisé (étonnant chez ce vigneron) et en même temps plutôt « serré », mutique. Bouche puissante, avec une acidité vive et tranchante. Bonne matière, pas de variétal, mais finalement peu d'expression à ce stade. Sans doute un vin à laisser vieillir.
Un grand merci à tous les vignerons et surtout à Jacky Rigaux, pour cette soirée conduite avec brio. Comme toujours !
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Bien aimé le Clos de l’Arlot blanc 2007 au domaine, et préféré un peu le 2008.
A noter que le NSG La Gerbotte 2008 (jeunes vignes) est plutôt convaincant.
Un grand blanc en verticale :
http://www.invinoveritastoulouse...
J’aimerais bien déguster côté à côte ce superve vin qu’est le Clos de l’Arlot blanc, avec ce magnifique blanc – un peu à part – de la Côte de Beaune qu’est le Puligny Cailleret de de Montille.
Au fait, OK pour le besoin eucharistique de vin blanc.
Mais pourquoi pas rouge ? (le sang du Christ).
Les historiens débattent de cela (le blanc tâchant moins les nappes d’autel que le rouge, le rouge – couleur pas si nécessaire en lien avec la notion de transsubstantiation – risquant d’évoquer l’anthropophagie … ).
Une exégèse des Pères de l’Eglise sur un blog zwingliste ! Original.
Sérieux Grand Jacques : vous avez évoqué la mutation naturelle de raisins rouges en raisins blancs (et/ou) vice-versa ?
Pinot beurot ?
Info domaine :
* entre 10 et 15% de pinot gris (beurot) dans le Nuits-St-Georges Villages Domaine de l’Arlot Blanc 2004 (ce vin n’est pas le Clos de l’Arlot)
* 4% de pinot gris (complanté ?) dans Gerbotte 2008.
Pas mal d’aligoté dans le Monts Luisants blanc de Dujac.
La mutation, chez Gouges …
J’ai du mal à saisir pourquoi ce processus ne s’est pas plus répandu.
Pas entendu parler non plus d’un éventuel phénomène inverse (pinot noir vers pinot blanc).
François,
le pinot beurot c’est du pinot gris. Le Pinot Gouges, c’est une autre histoire : c’est un pinot noir "dégénéré", dépigmenté en cours de vie. Une sorte de blanc de noir dès le raisin, quoi.
Laurent,
l’aligoté dans les vignes de Dujac, t’es sûr de toi ? Dans celui de Ponsot, oui, et ça s’explique historiquement, mais celui de Dujac…..
Pour Dujac, j’ai retenu que son Monts Luisants était produit avec ce que tu appelles du "pinot noir dégénéré" et de l’aligoté.
Pas de certitude, non …
Des échos aussi issus de l’Arlot (tu sais la proximité intellectuelle des 2 domaines).
Chez Ponsot, entendu parler d’aligoté et de "vrai pinot blanc".
Je ne sais pas ce que ce dernier terme signifie exactement (pinot blanc d’Alsace, aligoté ou pinot noir dégénéré ?).
Quant à la proportion exacte d’aligoté et de chardonnay … il faudrait suivre les infos du domaine à travers les époques.
Un lien passionnant sur l’histoire mouvementée de la parcelle de Monts Luisants au domaine Ponsot.
http://www.clive-coates.com/tast...
Merci, Oliv …
Il est possible que l’aligoté ne soit que sur le clos chez Ponsot (je vais vérifier cela).
Cela me fait penser aux difficultés générales liées à l’ampélographie et en particulier à celle concernant la détermination de la nature exacte des cépages au gré de leurs implantations sur différents territoires et de leurs évolutions suite à des sélections diverses.
Difficile quand on n’est pas du métier et/ou quand on est loin du terrain.
Et les producteurs savent-ils d’ailleurs toujours en détail la composition précise de leurs vignes ?
Les pinots noirs du DRC sont-ils par exemple comparables à ceux de Dujac(génétique, apparence visuelle, qualités organoleptiques, …) ?
Et de quelles parcelles ciblées (et de quelle âge ?) parle-t-on alors ?
Le matériel végétal n’étant qu’une dimension du problème pour mieux comprendre le vin ensuite façonné par le vigneron.
Merci en tout cas à cet article de nous avoir rappelé l’existence de ces blancs de la Côte de Nuits.
Infos du domaine Dujac : Monts Luisants en pur chardonnay !
Sacré LaurentG… tu n’es pas à c’qu’on te dit, une fois de plus ! Tu as confondu avec le Monts Luisant de Ponsot, c’est bien ce que je pressentais…
Sur le site de Ponsot, il est dit entre autres, à propos de leur Monts-Luisants :
Ce vin est original car produit à partir de cépages différents. A l’origine, les moines qui avaient pour eux le temps, ont sans doute essayé de planter différents cépages pour finalement décider que l’accord parfait entre le terroir et le cep de vigne serait en faveur de l’Aligoté. D’ailleurs le cépage Aligoté a vu sa réputation ternie par le phylloxera, alors qu’il était utilisé partout en Bourgogne pour produire les plus grands vins. Ainsi, sur les coteaux de Corton, de Meursault, de Chassagne et de Puligny Montrachet, l’Aligoté était planté sur le haut de la pente, tandis que le Chardonnay occupait la mi-pente et le replat. Il est facile de comprendre ce choix, les vignes d’Aligoté étant plus aptes de par leur rusticité, à pousser sur des sols plus minces. La perte de nombreuses récoltes à cause du phylloxera ayant entamé sérieusement les revenus des vignerons d’alors, ils ont cherché à se refaire une santé financière au plus vite dès que le greffage est apparu. Comme le Chardonnay était réputé pour produire très vite de bons et beaux raisins, tout le monde replanta ce cépage du bas en haut sur tous les coteaux. Mais les parcelles d’en haut mirent très longtemps à extraire le terroir….
Probablement encore plus que ne l’aurait fait l’Aligoté ! Le mal était fait et pour l’accentuer, toujours dans un souci de rentabilité, on planta des vignes d’Aligoté sur des terres à jardin, en bas des villages, où de tout temps, ne poussaient que pommes de terre, betteraves ou carottes. Ce qui produisit un vin léger et si vif qu’on dû lui adjoindre des liqueurs de cassis ou de pêche pour le rendre buvable. L’Aligoté était devenu un cépage de second rang… dommage. Mais quelques vignerons décidèrent de conserver la tradition, fondée sur le bon sens, et replantèrent de l’Aligoté sur des terroirs nobles, notamment dans le Corton Charlemagne. Et mon ancêtre William Ponsot décida de reconstituer le Clos des Monts Luisants comme il était avant le phylloxera. En 1911 donc il replanta des ceps d’Aligoté, ceux-là même qui sont toujours en productions aujourd’hui. Au cours des années, mon Grand Père Hippolyte Ponsot essaya de planter un cépage très original, le « Pinot Gouges ». Il s’agit d’un pinot noir planté dans une vigne chez Gouges à Nuits St Georges, qui dans les années 30 subit une mutation.
Un cep qui donnait des raisins rouges depuis sa plantation se mit soudain à produire des raisins blancs… Monsieur Gouges le reproduit par greffage, en planta une parcelle de ses Perrières, et en donna quelques plants à mon grand père qui les planta dans le Clos des Monts Luisants, en remplacement d’une vigne de Pinot noir, sous les Aligotés. Cela constituait environ 15% de la production. Nous avons gardé ces ceps jusqu’à la récolte 1992, pour les remplacer alors par du Pinot Noir. Mon père Jean-Marie Ponsot planta du Chardonnay dans les années 50 sur environ 20% de la surface de production, en plus des Aligotés d’origine. Ayant procédé pendant un dizaine d’année à des vinifications séparées des trois cépages, il est apparu évident que le seul apte à révéler le terroir était l’Aligoté. Le Chardonnay a donc été arraché définitivement après la récolte 2004. A partir de 2005, ce vin est produit uniquement avec de l’Aligoté, issu exclusivement des ceps de 1911. C’est donc le seul premier cru de Bourgogne autorisé à être produit à base de ce cépage Aligoté, étant donné que lors de son classement de 1935, les ceps étaient les mêmes que ceux d’aujourd’hui.
Nicolas,
Je n’ai pas confondu mais avais une autre source (autorisée … mais erronée).
Heureusement que tu es là …
PS : Bien aimé aussi Montmains 2008 de Pattes-Loup (exotique – passion plus que kiwi, très vif).
Je visiterai le domaine en janvier.