Pour la troisième année consécutive, au même moment de l’année, la grêle s’est abattue sur la Côte de Beaune, sur Volnay, Pommard, Beaune et Meursault tout particulièrement. Le premier orage est survenu à 17 heures, le second à 17 heures 55, qui toucha également la Côte de Nuits, mais faiblement. Le réseau des 34 diffuseurs de particules d’iodure d’argent a été activé. Il est censé limiter de 40 à 50 % l’intensité des orages de grêle. Il s’échelonne sur trois lignes de défense pour atténuer les orages venant de l’ouest. Ceux-ci venaient du sud… Selon les statistiques 2 % seulement des orages ne viennent pas de l’ouest. Alors, si les changements climatiques changent l’organisation des orages, « Faudra-t-il en mettre aux quatre coins cardinaux ? », s’interroge Thiébault Huber, le président de l’Association régionale d’étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques (ARELFA).

Les effets dévastateurs de la grêle

Après quatre années de petites récoltes, le millésime 2014 s’annonçait fort bien : pas de maladies dans les vignes, un passage de fleur rapide, avec un peu de millerandage dû à la chaleur…, et non au froid et à la pluie, millerandage gage de qualité du vin à venir, les raisins nombreux étaient petits, sans épaules, gage également de grande complexité potentielle… Les viticulteurs touchés par ce fléau vont souffrir, les cotisations aux différentes caisses vont continuer à courir, les frais d’exploitation aussi, les remboursements liés aux investissements également. Eux qui ne demandent jamais rien à l’Etat sont en droit d’être aidés. Tous les domaines ne sont pas assurés contre la grêle, et ceux qui le sont, comme le souligne Anne Parent, de Pommard, souffriront aussi : « Pour un domaine qui a 300 000 euros de frais d’exploitation, l’assurance versera 90 000 euros ! »

Le vignoble de Volnay : entre 50 et 90 % de perte suite à la grêle du 28 juin

Entre 50 et 90 % de pertes sont constatées dans certaines parcelles, en particulier sur Beaune, Pommard et Volnay. Heureusement toutes n’ont pas été également affectées. Des raisins sont tombés, d’autres ont vu certaines de leurs grumes endommagées. Cependant, il est important de ne pas répandre l’idée que la Bourgogne est à genoux. D’une part, toute la Bourgogne viticole n’a pas souffert de ce terrible fléau qu’est la grêle. Mâconnais, Côte Chalonnaise et Chablis ont été épargnés, et la Côte de Nuits peu touchée, même si le Clos de Vougeot et les Echezeaux, par exemple, ont subi 10 à 20 % de dégâts. D’autre part, les orages sont tombés sur une vigne en pleine forme, avec des raisins abondants et bien formés, de petite taille, bien constitués. Sauf bien sûr dans quelques parcelles totalement ravagées, dans les autres les raisins survivants sont en capacité d’arriver à pleine maturité et en bonne santé. Par ailleurs, et heureusement toutes les parcelles d’un vignoble, celui de Meursault comme celui de Volnay ou de Pommard, n’ont pas été meurtries également, certaines le sont quasi totalement comme le Clos des Ducs à Volnay, certaines à 80 %, d’autres à 20 %. Dans un même clos, comme le Clos du Château de Pommard, certaines vignes sont dévastées à 80 %, d’autres seulement à 20 % et fort heureusement les meilleures… A Meursault, c’est le secteur des Poruzots qui est le plus affecté, les Perrières s’en sortent mieux par exemple.

Meursault

En une époque où les médias ont tôt fait de généraliser et d’alarmer le monde des acheteurs et amateurs de vins de Bourgogne, il est important de souligner que le millésime 2014 possède tous les atouts pour offrir des raisins de haute qualité, donc des vins de bonne facture. On n’est pas à l’abri d’autres orages, bien sûr, mais il faut rester confiant. Pour les vignerons particulièrement affectés, on peut espérer une solidarité. Certains, après deux ou trois années de catastrophe climatique, sont proches de la faillite. Instances de l’Inter Profession, de la Mutualité Sociale Agricoles, banques et pourquoi pas généreux mécènes, doivent y réfléchir.

Et pourquoi pas une, ou plusieurs, grandes ventes aux enchères de solidarité pour aider les vignerons sinistrés ? Maisons et Domaines prestigieux, collectionneurs fortunés ou pas, pourront sortir de leurs caves quelques grands flacons que le monde des amateurs de Bourgogne du monde entier pourra acquérir.

Jacky Rigaux