Très intéressante dégustation des Pomerols hier soir. Et, peut-être, un début de réponse à cette question : peut-on, au-delà des styles de vinification, trouver dans les vins de Pomerol des effets de terroir, à la façon de ce qu’on observe sur les climats bourguignons ?
J’en profite pour pousser mon coup de gueule du mois. Au CAVE, lors des soirées Ecole du Vin, nous ouvrons pas mal de grandes bouteilles, des Bordeaux notamment. Dans le cadre des dégustations du Grand Jury Européen, idem. Surtout des Bordeaux. Le problème des bouteilles entachées, des goûts dits de « bouchon » ou assimilés tels devient préoccupant. J’espère – mais je peux me tromper – qu’il n’est pas en recrudescence mais les grands du Bordelais doivent désormais prendre impérieusement en compte cette réalité : au prix où sont vendus actuellement les grands vins de Bordeaux les imperfections (nombreuses) ne peuvent pas simplement être passées par Pertes et profits dans le Grand Livre du consommateur-payeur ! Je me souviens d’une dégustation récente des premiers crus classés sur vingt-cinq ans avec un nombre invraisemblable de bouteilles bouchonnées ou entachées. Au total 5000 euros de perte ! Hier soir, sur 28 bouteilles de (grands) Pomerols ouvertes, voici le bilan :
– une bouteille franchement bouchonnée : Bon Pasteur 2000
– deux bouteilles entachées : Lafleur 1996
– un vin présentant sur les deux bouteilles ouvertes, en dépit d’un corps splendide, des notes boisées poussiéreuses que l’on ne s’attend pas trouver dans un cru d’un tel niveau : Trotanoy 2001
– un vin présentant sur les deux bouteilles ouvertes des notes de vernis rappelant une fructo-lactique, et ce toujours en dépit d’une très belle matière première : Certan de May de Certan 1995
– une bouteille très légèrement entachée : Evangile 1995
J’en profite pour pousser mon coup de gueule du mois. Au CAVE, lors des soirées Ecole du Vin, nous ouvrons pas mal de grandes bouteilles, des Bordeaux notamment. Dans le cadre des dégustations du Grand Jury Européen, idem. Surtout des Bordeaux. Le problème des bouteilles entachées, des goûts dits de « bouchon » ou assimilés tels devient préoccupant. J’espère – mais je peux me tromper – qu’il n’est pas en recrudescence mais les grands du Bordelais doivent désormais prendre impérieusement en compte cette réalité : au prix où sont vendus actuellement les grands vins de Bordeaux les imperfections (nombreuses) ne peuvent pas simplement être passées par Pertes et profits dans le Grand Livre du consommateur-payeur ! Je me souviens d’une dégustation récente des premiers crus classés sur vingt-cinq ans avec un nombre invraisemblable de bouteilles bouchonnées ou entachées. Au total 5000 euros de perte ! Hier soir, sur 28 bouteilles de (grands) Pomerols ouvertes, voici le bilan :
– une bouteille franchement bouchonnée : Bon Pasteur 2000
– deux bouteilles entachées : Lafleur 1996
– un vin présentant sur les deux bouteilles ouvertes, en dépit d’un corps splendide, des notes boisées poussiéreuses que l’on ne s’attend pas trouver dans un cru d’un tel niveau : Trotanoy 2001
– un vin présentant sur les deux bouteilles ouvertes des notes de vernis rappelant une fructo-lactique, et ce toujours en dépit d’une très belle matière première : Certan de May de Certan 1995
– une bouteille très légèrement entachée : Evangile 1995
Bref, pas mal de problèmes de bouchons récurrents (quasi endémiques), quelques vinifications ou élevages imprécis, voire aléatoires. De quoi tirer l’alarme.
Viendra un jour, proche, où les amateurs du monde entier qui, ouvrant telle grande bouteille à plusieurs centaines d’euros parfois, ne seront plus dans les dispositions d’esprit, si fortunés fussent-ils, d’écouter les sempiternelles fariboles sur les risques du métier ou les mauvaises conditions de conservation de leur cave…
Ce problème existe. Il faut en parler.
Qu’en est-il du terroir à Bordeaux et à Pomerol en particulier ? Vaste question. Avec des propriétés très morcelées (en moyenne 6-7 ha) et un damier géologique qui comprend quatre grands secteurs sur 800 ha, l’appellation Pomerol est en quelque sorte prédestinée à approfondir la notion de terroir plutôt que celle de marque :
– Partie ouest de l’appellation : secteur Grand Moulinet et René à gauche de la nationale 89 qui mène à Périgueux : on y trouve essentiellement des terrasses rissiennes et des petites graves.
– Partie sud de l’appellation : couverture de sables gris sur un horizon profond argilo-sableux. Ce sont des concrétions ferro-manganiques, la fameuse crasse de fer de Pomerol
– Le centre de l’appellation : graves et argiles. C’est le plateau de Pomerol.
situé autour de l’église. Sols bruns à texture gravelo-sableuse (avec beaucoup de graviers et de cailloux).
– l’est de l’appellation : on y trouve essentiellement des argiles, d’une part des argiles peu gonflantes avec une dominance d’illites et d’autre part des smectites (ou argiles gonflantes). La partie sommitale du plateau laisse affleurer les fameuses argiles de Pétrus. Ce sont des sols froids qui induisent une lente maturation du raisin. Les smectites qui constituent en grande partie ces argiles dites gonflantes sont paradoxales, elles retiennent l’eau mais la délivrent avec parcimonie à la vigne qui y subit donc une contrainte hydrique. Ces terroirs froids sont également des terroirs précoces puisque le raisin y mûrit quelques jours à peine après celui situé sur les terres graveleuses, plus chaudes.
– Partie sud de l’appellation : couverture de sables gris sur un horizon profond argilo-sableux. Ce sont des concrétions ferro-manganiques, la fameuse crasse de fer de Pomerol
– Le centre de l’appellation : graves et argiles. C’est le plateau de Pomerol.
situé autour de l’église. Sols bruns à texture gravelo-sableuse (avec beaucoup de graviers et de cailloux).
– l’est de l’appellation : on y trouve essentiellement des argiles, d’une part des argiles peu gonflantes avec une dominance d’illites et d’autre part des smectites (ou argiles gonflantes). La partie sommitale du plateau laisse affleurer les fameuses argiles de Pétrus. Ce sont des sols froids qui induisent une lente maturation du raisin. Les smectites qui constituent en grande partie ces argiles dites gonflantes sont paradoxales, elles retiennent l’eau mais la délivrent avec parcimonie à la vigne qui y subit donc une contrainte hydrique. Ces terroirs froids sont également des terroirs précoces puisque le raisin y mûrit quelques jours à peine après celui situé sur les terres graveleuses, plus chaudes.
Le merlot : Pomerol c’est évidemment le royaume du Merlot, cépage nettement majoritaire ici et qui sur les terroirs froids et argileux trouve sa pleine expression. La première description botanique du merlot date de 1854, ce qui ne veut pas dire que le cépage n’existait pas auparavant. Les premiers noms de cépages apparaissent dès le XVIe siècle mais l’ampélographie ne prend véritablement son envol que parallèlement à celui d’un puceron de sinistre mémoire, vers la fin du XIXe.
Un public de passionnés !
Demain, je vous parle des vins !
6 Comments
Bravo pour le coup de gueule. Là où on ira prestemment passer un savon et réclamer, pour le vin, bizarrement, on reste coi.
L’expérience du GJE montre un taux de déchet d’environ 10 %. C’est considérable. Les producteurs devraient trouver un accord avec des Cie d’assurances pour mettre au point un système de compensation satisfaisant pour l’acheteur.
Vous imaginez Rolex vous disant : votre montre ne marche pas ? Passez la en pertes et profits ?
Rolex ou Chopard ?
Jacques,
Beau préambule à une dégustation qui donne l’eau à la bouche..
Le coup de gueule est vraiment justifié. Je ne sais pas pourquoi mais en plus, ce genre d’ennuis arrive toujours par séries (plusieurs mois sans soucis puis, une suite de catastrophes rapprochées)
Belle continuation pour ce superbe blog qui fait désormais partie des favoris de winemega.
"Faut-il réintroduire la peine de mort pour les bouchonniers ?" demandait avec ironie un ami lors d’une récente dégustation de grands Bordeaux où le taux de bouteilles entachées était vraiment préoccupant et rageant… vu le prix des bouteilles. Certains auraient-ils davantage de malchance que d’autres sur ce plan-là ?
merci pour ce feed-back sympathique, Alain :" l’aurore est un lac de vin d’or
Et tu jures avoir au gosier les étoiles!" Mallarmé
Le coup de gueule est certe justifier mais il ne faut pas oublier que le fabricant de bouchon sa part de responsabilité dans le goût de bouchon. Les plus grands château peuvent ce permettre de se fournir en bouchon de qualité mais cela n’enlève en rien le risque de contamination du vin.
La comparaison avec rolex au dessus n’a rien à voir, le viticulteur est en perpétuel combat avec des adversaires généralement imprévisible et incontrable, que ce soit à la vigne contre le climat ou lors de la mise en bouteille avec le risque de goûts de bouchon. Rolex n’à aucun problème de cette ordre là, donc ce payer une rolex qui ne fonctionne pas tient plus du scandale qu’un grand cru ayant un goût de bouchon.
Il est vrai que lorsque l’on ouvre un grand cru lors d’un repas entre amis et que celui-ci est bouchonné, la deception est énorme, mais il faut savoir que cela reste très rare venant d’un grand cru contrairement a ce que j’ai lu plus haut, il faut pas avoir de chance.
Pour finir le goût de bouchon peut provenir d’un élément extérieur comme part exemple les PCA ou TCA, élément cloré qui peuvent altéré le vin et donné ce goût de bouchon. Evité donc d’utilisé du chlore à côté de vos bouteilles de vin, car celui ci peut être contaminé même déjà bouché.
Merci pour cette espace de discussion.