Les vins dégustés
On connaît la grande réussite de Vieux-Château Certan dans ce millésime. Son second vin constitue une excellente entrée en matière. Fin, nuancé, il est articulé avec une très jolie précision et, même s’il paraît un peu filiforme, il possède un charme évident et finit sur des très belles notes de violette. S’il existe quelque part une équation qui mêle le prix au plaisir, c’est celle-ci. Buy it ! Pour la jouer consumériste…
A2 Château Feytit-Clinet 2004
Le potentiel est là pour ce cru situé dans le secteur de Clinet au centre de l’appellation et le jeune Jérémie Chasseuil en est parfaitement conscient. Le corps est souple, déployé, encore un peu sur la prise de bois mais l’ensemble n’est pas seulement fait pour plaire. C’est bon, juteux, dans un style fruité et mûr, avec en filigrane une once de minéralité. Optique consumériste toujours : buy it !
B1 Vieux Château Certan 2001
Ah que d’élégance accomplie dans ce vin ! Il est svelte, tonique, élancé, d’un merveilleux raffinement aromatique avec une notion de fraîcheur superbe et d’une noblesse d’expression qui le classe parmi les meilleurs. La tannicité est fine, soyeuse, complexe. Très belle réussite ! Keep it !
Le terroir est là et le corps ample, vigoureux, d’une très belle longueur en témoigne. Hélas les deux bouteilles ouvertes présentent le même profil aromatique, un peu flou, confus, associant à des notes minérales et épicées des notes animales et de futaille qui ne sont pas de la plus grande noblesse.
B3 Château l’Eglise-Clinet 2001
On se trouve ici dans un registre beaucoup plus mûr et solaire, sur les fruits noirs, les épices. Le corps est ample, dense, construit sur une trame tannique serrée. Peut-être un peu rigide à ce stade mais il faut savoir l’attendre. Waiting for the sun comme le chantait le grand Jim Morrison.
C1 Château Bon Pasteur 2000
J’avais aimé ce vin lors de la présentation en Primeur et je le retrouve dans son éclat flamboyant. La plupart des participants ont d’ailleurs plébiscité ce « jus » chatoyant et et expansif, à la texture magnifique, très caressante. La finale ne se hisse toutefois pas au niveau des meilleurs. Drink and keep it !
D1 Château La Conseillante 1996
Dans un tel voisinage (Cheval Blanc et Figeac au sud, l’Evanile à l’est, Vieux Château Certan au nord), La Conseillante fait partie des meilleurs terroirs de Pomerol, ainsi qu’en attestent déjà les mercuriales des années 40. J’ai toujours aimé ce vin au raffinement aromatique incroyable, à la texture souple, parfois un peu fluide : dans ce millésime assez difficile (pluies au moment des vendanges des merlots), il se présente sur une silhouette élancée aux notes de musc, de cacao et de truffe. Il est un peu fluide mais le tannin est incroyable de finesse. Parfait à boire aujourd’hui. Drink it
D2 Château Lafleur 1996
J’adore cette minuscule et mythique propriété (4.5 ha) créée, sur le lieu-dit «Lafleur» par Henri Grelou, l’arrière grand-père du propriétaire actuel, Jacques Guinaudeau. Sans doute s’agit-il là, dans l’absolu, de l’un des trois plus beaux terroirs de l’appellation. Malheureusement les deux bouteilles ouvertes ce soir ne donnent qu’une pâle idée du sublime auquel ce vin est peut légitimement aspirer. Avoid it !
C’est un vin qui a beaucoup plus à la majorité des dégustateurs présents qui le goûtaient à l’aveugle et je comprends pourquoi. Beaucoup de notes grillées, empyreumatiques et épicées. Un vin d’attaque, avec une texture très suavisée, caressante. Beaucoup d’hédonisme. Je lui trouve une saveur très linéaire, un peu étale. Bien fait mais on cherche la complexité. Drink it
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E2 Château Certan de May 1995
Egalement une situation remarquable sur le plateau de Pomerol, en face de Vieux Château Certan avec un âge moyen du vignoble d’une cinquantaine d’années. Le corps du vin révèle une grande personnalité avec des tannins profonds, burinés. Un vin à forte personnalité avec une dimension séveuse. Hélas, les deux bouteilles ouvertes présentent des notes de vernis et de volatile (fructolactique ?). « Prudence à petit pas », ça se dit comment en anglais ?
. E3 Château l’Evangile 1995
Le grand vin de la série. Quelle jeunesse éblouissante. Quelle profondeur aromatique et quelle amplitude en bouche. C’est un vin d’une allonge spectaculaire avec un gros potentiel. Difficile à juger en l’état pour des non-initiés parce qu’il est encore totalement sur la réserve. Voilà un autre des très grands terroirs de l’appellation, une sorte de synthèse idéale entre ses deux voisins immédiats (Pétrus et Cheval Blanc)
Buy it if you can afford and keep it !
F1 Château Gazin 1990
Une grande réussite. Noblement truffé et épicé, sur le Havane, il développe une bouche d’une grande élégance et fraîcheur et procure beaucoup de plaisir malgré une tannicité un peu rigide (mais il est vrai qu’à l’époque la sélection n’était pas la même qu’aujourd’hui). Very lovely indeed !
F2 Château Clinet 1990
Une des très belles réussites de la propriété. Servi en magnum, ce vin se révèle à son meilleur avec sa texture ample, presque médulleuse et son côté flamboyant, presque solaire. Et, au passage, une pensée pour le regretté Jean-Michel Arcaute, prématurément disparu… Séquence : émotion !
F3 Vieux Château Certan 1990
Toujours ce style à part, plus mentholé et frais avec des rappels d’encens, de cèdre et de violette. Le genre de vin difficile à comprendre à l’aveugle. La bouche est subtile, sur un corps strict, mais avec une finale expansive et complexe. Remarquable. Le voyage selon les classiques !
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