Vous voilà rendue à la liberté. La vôtre.
Vous n’avez en réalité jamais cessé d’être libre, même à vivre des années de silence dans la proximité contrainte de la crapulerie et de la terreur.
J’ai relu, pensant à vous, Si c’est un homme de Primo Levi, cette traversée des cercles de l’enfer qu’il décrit, sans pathos, avec une terrible exactitude, ce temps mort, cette attente sans objet, « l’invincible barrière » :
« Mais pour nous, les heures, les jours et les mois n’étaient qu’un flux opaque qui transformait, toujours trop lentement, le futur en passé, une camelote inutile dont nous cherchions à nous débarrasser au plus vite. Le temps était fini où les jours se succédaient vifs, précieux, uniques : l’avenir se dressait devant nous, gris et sans contours, comme une invincible barrière. Pour nous, l’histoire s’était arrêtée »
Primo Levi a dû sa survie à un ami, Lorenzo, un des seuls à avoir su préserver son humanité dans ces ténèbres.
« Mais Lorenzo était un homme : son humanité était pure et intacte, il n’appartenait pas à ce monde de négation. C’est à Lorenzo que je dois de n’avoir pas oublié que moi aussi j’étais un homme. »
Il s’appelle William Perez. Il a su vous ramener à la vie juste avant que vous nous quittiez définitivement…
Vous voilà rendue à votre liberté. Puisse-t-elle être totalement la vôtre !
Le livre à lire Primo Levi, Si c’est un homme.
Comment
"si c’est un homme" peut être un des deux livres du xxème siècle vraiment important.