Fondée en 1798 par Memmie Jacquesson, la maison Jacquesson a très vite connu un essor important. Le fils de Memmie, Adolphe, se distingua par sa capacité d’invention et d’innovation : en 1844, il fit notamment breveter le célèbre muselet qui sévit encore aujourd’hui et empêche les bouchons d'exploser tous azimuths

 

Les aléas de l'histoire…
Jacquesson a été acquis, début des années 70, par le père de Jean-Hervé et de Laurent. En mai 68, effrayé par la chienlit qui, aux dires de certains, régnait en France, celui-ci avait décidé de vendre les vignes qu’il possédait en Champagne et de quitter la douce France…

Il a vendu mais n’est jamais parti. L’occasion s’est présentée, un peu plus tard, de racheter cette marque, certes un peu déclinante, mais encore auréolée des fils d'argent dont on tisse les légendes.

 

 

Une trentaine d’années plus tard, sous l’impulsion des frères Chiquet, Jacquesson brille au firmament des grands champagnes et se distingue par son impressionnante homogénéité : sa cuvée de base, faux BSA, est numérotée chaque année et constitue à mon sens un des plus beaux rapports prix/plaisir de la Champagne avec, à chaque nouvelle cuvée, un style toujours plus affirmé : «avec un BSA on n’essaie pas de faire le mieux, on essaie de refaire ce qu’on a fait l’année d’avant. En 1998, on a retravaillé l’assemblage qu’on avait trouvé trop chardonnay et c’est là qu’on a compris cela. Comment identifier un vin non millésimé sans avoir l’impression de faire un faux millésime ? On a eu l’idée d’utiliser le numéro qu’on avait dans le livre d’assemblage. Le premier numéro c’était le 728. Ceci permet une identification à deux niveaux. Le consommateur sait à travers le numéro que la cuvée a changé. Pour celui qui veut en savoir plus, il y a sur la contre-étiquette tout ce qu’il y a dans le vin ; nous sommes la seule maison en Champagne à faire cela. » précise Jean-Hervé Chiquet.

 

Quelques mots sur trois autres vins dégustés :

 

Rosé, Dizy Terres rouges 2003
Jusqu’en 1997, Jacquesson proposait des rosés d’assemblage, à partir d’un rouge de base conventionnel. En 2002, grand millésime, les frères Chiquet ont eu l’idée d’un grand rosé qui serait un rosé de saignée à partir d’une sélection des plus belles parcelles de rouges. Ce millésime était 100 % pinot meunier. En 2003, malgré un volume considérablement réduit par le gel, les frères Chiquet ont peaufiné encore leur rosé en lui adjoignant du pinot noir (17 %). Une courte macération de 12 heures et au final un vin superbe, d’une vinosité incroyable, à peine dosé, qui n’est pas encore sur le marché mais qui m’a impressionné par son style complètement idiosyncrasique.

Dizy Corne Bautray 2002
Dégorgé l’après-midi même pour la dégustation, ce vin ne sera commercialisé que dans deux ans. Les vieux chardonnay (presque 50 ans d’âge) s’expriment ici sur un filigrane minéral et sur une longueur exceptionnelles. Très grand vin !

Avize Champ Caïn 2002
Egalement en provenance d’une vieille vigne située sur le bas de coteau à Avize, la craie est affleurante et vin stylé, élancé, d’une énergie et d’une précision impressionnantes, trace longuement. Un vin magistral.