La nouvelle vient de tomber. Un communiqué officiel, sobre, lapidaire, presque étrange par sa concision :"Jean-Claude Berrouet, œnologue de légende depuis 1964, prendra sa retraite à la fin de 2007 et conservera une activité de consultant." Heureusement que demeure la légende…
J’ai la chance d’entretenir avec Jean-Claude Berrouet depuis plusieurs années une relation privilégiée, faite, je crois, d’estime réciproque. Nous avions passé deux jours à déguster un siècle de Larcis-Ducasse et, me confia-t-il, il avait été impressionné par mes commentaires. Venant d’un tel «monument», l’hommage m’avait beaucoup touché.
Voici quelques «bonnes feuilles» de l’entretien que nous avons eu en avril 2004.
• Jean-Claude Berrouet, c’est votre 40 ème vinification. Vous avez vu les développements de l’œnologie qui était balbutiante quand vous avez commencé. Comment voyez-vous aujourd’hui la querelle entre les partisans du classicisme et du modernisme ?
JCB. Je pensais que c’était philosophique et je m’aperçois que les choix, ce n’est qu’une question de pognon. Il faut vendre… Il faut vivre dans une réalité économique, ça je n’en disconviens pas, et il y a les conteurs, les camelots, il y a les gens qui créent l’illusion de la qualité. On est dans une monde de communication et il faut que le consommateur, quel qu’il soit, ait un niveau de connaissance et de sensibilité qui lui permette de se faire son propre jugement. Quand je lis les critiques de cinéma, parfois ils me donnent envie d’aller voir un film, parfois non. Et par curiosité, je me dis : quand même, je vais aller juger par moi-même et parfois je ne comprends pas… Je suis un fou de rugby, je vais voir un match, j’ai une émotion et quand je lis le compte-rendu, je me dis : nous n’avons pas vu le même match…
(…)
• Imaginons par exemple que le monde de la peinture soit dominé par un critique auquel on accorderait comme une sorte de privilège d’infaillibilité, ce qui arrangerait sans doute beaucoup d’acheteurs et cela serait apparemment rassurant, dans quel monde vivrions-nous ?
Rien à voir avec ce qui précède, quoique… Sophie Guiraudon du Clos de l’Anhel vient de recevoir le prix «les raisins du bonheur » décerné aux jeunes talents. C’était à Paris, vendredi dernier, en même temps que le Grand Tasting et je ne le savais pas. Ce prix lui a été décerné pour son vin Les dimanches 2005 du Clos de l’Anhel. Disponible ici.
Amusant de relever également que l’autre finaliste est Nathalie Gard de la Coume del Mas avec son Quintessence 2004, une autre sélection CAVE !
2 Comments
C’est Michel Rolland qui va se sentir orphelin… Les journalistes avaient pris l’habitude de les monter en épingle en frères ennemis. L’opulent, surmur, sensuel et l’esthète cérébral. Qui va le remplacer ?
Remarque amicale à Jacques :
Retenez bien que l’on ne dit pas Château Petrus, mais simplement Petrus – Un si grand seigneur n’a pas besoin de titre !
Ce qui correspond parfaitement à votre article
Mais que le "e" s’écrit sans accent. Il s’agit du nom du premier pape, Saint Pierre, Petrus en latin, devenu peut-être le plus grand vin du monde…