Ecossais d’origine, Kenneth White s’est établi en 1967, « année lysergique », en France. De son enfance sur la côte atlantique, il a gardé ce goût des estrans, des éléments, des rivages, l’appel du ciel et des voyages ; une forme d’attention légère aux frémissements de l’essentiel (qui réside souvent dans les détails).
Plus tard viendra l’attrait des grandes villes, les chaudrons sombres de Glasgow, Munich, Paris, Edimbourg…

La littérature en marche.
A mi-chemin entre la poésie et la philosophie, à la croisée de plusieurs cultures et de plusieurs langues, Kenneth White incarne à merveille l’écrivain nomade, libre, visionnaire, passeur des mondes ; entre la culture occidentale et l’orientale. De Nietzsche à Bashô en passant par Deleuze.
la littérature-miroir qui repose sur la mimesis, la reproduction, la reconnaissance et, d'autre part, celle que White nomme la littérature-itinéraire illustrée par le waybook, le « livre qui est une voie ». Littérature autrement plus exigeante, extravagante, plus excitante aussi, qui ouvre sur le mouvement, l’exil, l’éveil intérieur par l’ouverture au monde.
Ecrivain singulier, inclassable, (prose narrative, poésie et essais font partie de son répertoire), Kenneth White est un des grands de notre époque. Il y a chez lui une originalité profonde de vision comme de style et sa lecture est un enchantement.
Un monde ouvert
Composé de plusieurs recueils (En toute candeur, Terre de diamant, Scènes d’un monde flottant, Le grand Rivage, Mahàmudrà, Atlantica, les Rives du silence, Limites et marges, Le passage extérieur), Un monde ouvert est une anthologie personnelle de Kenneth White et une excellente clé pour comprendre l’univers des Hyberboréens qu’évoque Nietzsche. Il y noue un dialogue fécond entre notre culture et celle du Japon, croise, au fil des pérégrinations, feuillant le « calendrier des nuages », le chemin de figures aussi diverses que celles de Villon, Pélage, Duns Scott, Erigène, Xénophane de Colophon, Hölderlin ou Héraclite.
Quelques extraits pour la grâce et la beauté rare de cette écriture. Dépouillée, Pour rêver aussi à des fulgurations lentes :
Propriétaire je suis moi aussi
J’ai douze arpents de silence blanc
Tout au fond du cerveau
Kenneth White, Mes propriétés
Certains poèmes n’ont pas de titre
Ce titre n’a pas de poème
Tout est là, dehors.
Kenneth White, Matin de neige à Montréal

La mouette ivoire est belle et c’est l’un des oiseaux les plus coriaces du monde. Elle ne vit pas dans un tour d’ivoire. A moins que, pour vous, les portes infernales de l’Articque ne soient une tour d’ivoire.
Il y a aussi la mouette rieuse. Oh, comme elle rit. C’est la folle criarde des mers. Elle niche dans le crâne d’un fantôme.
Mais mouette rosée, elle, est au-delà de toute parole humaine. Elle a la tête et la poitrine blanches, doucement teintées de rose, et c’est l’un des oiseaux mystiques du monde. Rares, très rares sont les ornithologues qui l’ont aperçue vivante.
J’aime toutes les mouettes, mais la mouette rosée est celle qui m’habite à jamais. Parfois, quand ma voix s’élève, ample et claire, je la vois. J’aimerais que d’autres la voient aussi. Certains refusent carrément de croire qu’elle existe.
Ils préfèrent les canaris en cage. Ou les perroquets. Ou les ptérodactyles coquelucheux. Je ne suis sans doute qu’un ignorant.
Kenneth White, Eloge de la mouette rosée (extrait)
En art et en amour
J’ai toujours cherché
Et rarement trouvé
Ce qui me conduirait
Le plus loin possible de moi
Je suis las des lieux
Où l’homme se donne en spectacle
J’ai assez vu le théâtre humain
Les gesticulations de ses pantins
Toutes leurs petites histoires
Ce qui m’intéresse à présent
Ce sont les champs silencieux
Qui s’étendent alentour
Les mouvements de la mer
Le ciel semé d’étoiles
Le rapport entre mon corps et l’univers
Entre les nébuleuses et mon cerveau
Kenneth White, Finisterra ou La logique de la baie de Lannion
Apprendre à voir le monde. Partir, s’évader, dessiner ses silences, tracer des lignes de fuite. Non, pas e voyage fébrile, agrégateur et grégaire, consumatoire. Mais le vrai – qui peut être immobile – nomades de notre propre espace intérieur, émerveillés des choses premières et dernières. C’est ce voyage qu’explore la géopoétique chère à Kenneth White, une théorie-pratique qui ouvre sur une nouvelle écologie, celle d’un monde ouvert, pluriel :
« La géopoétique a pour but de rétablir et d’enrichir le rapport Homme-Terre depuis longtemps rompu, avec les conséquences que l’on sait sur les plans écologique, psychologique et intellectuel, développant ainsi de nouvelles perspectives existentielles dans un monde ouvert. » Kenneth White
Le livre Kenneth White, Un monde ouvert, Poésie/Gallimard
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Merci pour ce bel article sur un sujet qui me touche beaucoup.
Un lien vers l’analyse géosensorielle du vin (Jacky Rigaud) ?
2 citations extraites du "rôdeur des confins" :
* "Dans le vaste univers, pensais-je, il n’y a que la nature qui ne soit pas digne de risée" – Montherlant (un voyageur solitaire est un diable)
* "Ne peut-on remonter plus loin, plus haut encore, franchir le seuil de la conscience embryonnaire ?" – Cendras (Bourlinguer).
Définitions de lysergique, adjectif
[BIOCHIMIE]
◆
Acide lysergique : alcaloïde de l’ergot de seigle.
◆
Acide lysergique diéthylamide : drogue hallucinogène puissante dérivée de l’acide lysergique (appelée communément L.S.D.).
Définition de estran, nom masculin
◆
Portion du littoral comprise entre les plus hautes et les plus basses mers.
La mouette rieuse : particulièrement familière aux lecteurs assidus de Gaston Lagaffe. Non mais, on a de la culture aussi !
Ça, c’est le précision M. Mauss ! Si jamais l’année lysergique, c’est ici
blog.cavesa.ch/index.php/…
La mouette… Elle est mignonne !..
Paisible entretien …
Beauté des Côtes d’Armor, dont je connais bien l’Est : la côte de Penthièvre, la lagune des Sables d’Or, le cap Fréhel, la baie de la Fresnaye …
Pour des paysages de landes arides battus par les flots et une écriture incisivement poétique : http://www.alapage.com/-/Fiche/L...
Notre hôte trismégiste nous régale une foIs de plus, merci au grand Jacques
Yves, si j’ai bien compris et si mes notions de géographie ne sont pas obsolètes, Kenneth White est quasiment votre voisin, non ? C’est beau ce qu’il dit des Bretons ! Il a raison.
Vos notions ne peuvent pas être obsolètes, tout au plus imprécises: ce dont je doute fortement !
Le mexicain qu’allez vous faire dans un pays aussi inhospitalier que la côte nord: je vous reconnais bien là!!! 🙂
Yves,
Villégiature, 2 fois l’an en moyenne.
J’ai quelques liens bachiques également en Bretagne Sud … 🙂
http://www.invinoveritastoulouse...
Ce Pavie-Macquin 98 mal goûté a fait jaser …
Et Ste-Hune 81, géant, est bien un vin d’embruns.
Grand Jacques, ce que dit Kenneth White des bretons est effectivement beau mais totalement faux: la plupart des bretons sont des gens comme vous et moi, je pourrais vous en dire plus mais je suis conscient des terribles répercussions économiques que cela pourrait avoir sur le commerce local de la côte nord si je révélais la vérité et que de ce fait le mexicain renonce à ses voyages paimpolais donc je me tais!!
Le mexicain me revenait à la lecture de certains de vos posts sur lesquels je saurai rester parfaitement discret* la citation suivante quasiment authentique
"Que font les femmes que nous perdons, et où vont elles?. Elles s’habillent des étoffes les plus riches, elles se couvrent la tête d’un voile et se coiffent d’un diadème orné d’améthystes, de sanguines et de sombres rubis, et elles attendent le jour où elles viendront témoigner contre nous: elles diront dans les larmes que nous les avons délaissées alors qu’elles étaient belles et qu’elles méritaient nos soins, car chacunes avait quelque chose à nous donner, et ces présents dont nous n’avons pas voulu, elles souffrent de les avoirs conservés, inutiles, dédaignés et pourtant magnifiques"
[ in blog du grand jury: dégustation chez egon müller Lg 07/01 12:46; 14;57 et 09/01 9:40]
et il a bon goût en plus
Tout ça c’est bien joli, Yves… Il se trouve que j’ai quelques amis chers qui sont bretons. Je les pratique donc un peu et les adore, même si parfois, ils ont un peu la tête au carré. Cela dit, si vous croisez Kenneth White du côté de Trébeurden, peut-être au Manoir de Lann-Kerellec, transmettez-lui mes amitiés. C’est un grand monsieur dont la Bretagne peut être fière. Si Le Clézio n’avait pas reçu ce prix récemment et si Kenneth (ou son éditeur) étaient, disons, plus lobbystes, le Prix Nobel de littérature c’eût été peut-être pour lui car il s’agit là de l’une des ?uvres poétiques les plus originales de notre temps !
Je plaisantais il fait -6,7 dehors faut ben se réchauffer! mais est ce utile un prix Nobel je me donnais la peine récemment de relire la liste depuis 1901: que d’inconnus! et puis si l’on lit les tractations et considérations des dignes académiciens suédois qui ont précédé le prix donné à Camus on se dit que…… beau discours du dit Camus moins ripoliné que celui de Le Clézio…….
Yves,
Vannetais, pas paimpolais.
Puis Sables d’Or.
Histoire aussi de retrouver ce lieu magique : http://www.relaischateaux.com/fr...
Vous semblez suivre mes propos à la trace … 🙂
On s’occupe le mexicain on s’occupe!! j’ai de saines lectures!!.
Vannetais, pas paimpolais: où nous aviez vous relaté votre aventure vannetaise?? ah aloïs!!!
"Ma femme et moi avons vécu heureux pendant 35 ans, puis nous nous sommes rencontrés" – Sacha Guitry
Celle qui a dit après son décès "enfin raide!!" ????
Ne dix vergeons pas trop, Yves … 🙂
Dites-moi de quel Aloïs vous parlez et revenons au sujet (Donzelle ne s’y est pas trompé(e?)).
ALOÎS ALZHEIMER c’est comme ça que ça commence le mexicain!!!
http://www.relaischateaux.com/fr...
quand vous en êtes j’en suis…….. si toute fois………
Mes propos sur gje ont du vous donner ma tendance, Yves (elle est exclusive). 🙂
Ce pourrait en effet être un lieu approprié.
A bientôt
Mes propos sur gje ont du vous donner ma tendance, Yves (elle est exclusive).
LA J4ENTRAVE QUE DALLE j’lis pas tout ??? je transmets ce message au service du chiffre!!
🙂 🙂 🙂 😉
Des centaines de pistes sur le web, chez pascal Blum, Olivier hambursin, Adrien Pasquali.
poetaille.over-blog.fr/ar…
Nicolas Bouvier a beaucoup adressé cette question : écrivain voyageur vs voyageur écrivain.
http://www.geopoetique.net/
Un lien via le site d’Ingrid Thbois : http://www.a360.org/
Ce ne sont que quelques pistes …
Là faut être gaulliste et partir vers laurent compliqué avec des idées simples
je relis les mémoires de guerre de ce pas
Yves :trismégiste
Définition de trismégiste, adjectif
◆
Hermès trismégiste : nom grec du dieu égyptien Thot, inventeur des arts et des sciences.
Purée : s’il y en a deux qui ont fait à plusieurs reprises leurs humanités, c’est bien le Grand Jacques et le Causticien Yves !
Maman les vélos !
Jacquounet : quand tu publieras ton opus bloggien, n’oublie pas d’y adjoindre un lexique : y aura quelques pages, pour sûr !
Que c’est triste Megistre!
Mon clavier a fourché, c’était bien sur "Mégiste". J’ai oublié de citer mes sources.
"../.. il rejoignit près du port de Mégiste l’escadre qui l’avait devancé. De là ils firent route ensemble jusqu’à Phasélis, où ils jugèrent à propos d’attendre l’ennemi." (Tite-Live)
C’était pour tester l’alzheimer de François 😉
En somme, un immense isolement dans le temps et l’espace – Victor Ségalen (journal des iles)
Cesar Pavese : «Le charme de voyager, c’est d’effleurer d’innombrables et riches décors et de savoir que chacun pourrait être le nôtre et de passer outre, en grand seigneur.»