Il s’appelle Adrian Weynfeldt, dernier de sa lignée ; il est le héros malgré lui du récent livre de Martin Suter que je viens de « dévorer » avec beaucoup d’intérêt. Je suis un inconditionnel des œuvres de cet auteur suisse alémanique, qui n’est pas sans faire penser à Patricia Highsmith par sa capacité à décrire les fêlures de l’âme humaine.
La vie de métronome de Weynfeld va trouver une soudaine accélération à travers deux rencontres, celle de Lorena, une rousse troublante et troublée, et celle d'un tableau, Femme nue devant une salamandre de Vallotton.
Je ne vous raconte pas la suite. Vous la lirez, je l'espère, dans le texte…
Si j’évoque ce livre, c’est parce que je ne peux m’empêcher d’établir un parallèle avec l’affaire Rodenstock qui connaît un nouvel avatar grâce au procès en diffamation que le célébrissime Michael Broadbent intente à l’auteur du livre The Billionaire’s Vinegar, Benjamin Wallace.
Suter aurait pu camper Weynfeldt en expert en vins. Le récit n’eût guère été différent. Le filigrane est identique.
En son centre, on y retrouve la même constellation, le même couple maudit : l’expert et son double, le faussaire.
Ces deux-là sont censés se détester, se faire la guerre, ou s’ignorer. Allez savoir pourquoi, on les retrouve souvent dans les mêmes dîners en ville, croisant dans les mêmes parages, comme s’ils étaient secrètement aimantés l’un vers l’autre…
L’un cherche à induire l’autre en erreur, à l’attirer sur ses sables mouvants.
L’autre se cristallise dans son rôle d’expert, celui qui d’un seul claquement de langue, un seul, sans sourciller, attribue à ce Pétrus 1921 la note suprême ou reconnaît dans ces fragrances le sillage inoubliable d’un Mouton 1945.
Tels les sophistes et Socrate (qui fut l’un d’entre eux), le faussaire et son expert jouent au jeu de la vérité et du simulacre. Mais l’expert, par définition, croit toujours avoir raison !
A la différence de Socrate qui, lucide, savait au fond qu’il ne savait rien.
12 Comments
Jacques,
Tu as déjà évoqué en 2008 la superbe nouvelle de Roald Dahl, le connaisseur.
Supercherie d’un précieux ridicule …
Caroline N. semble très concentrée …
Les spécialistes de la spécialité : fr.wikipedia.org/wiki/Aff…
Cela me rappelle l’histoire de l’archéologue qui prétend avoir déterré des pièces de monnaie datées 550 ans avant Jésus-Christ. 🙂
C’est pas en France qu’on verrait des choses comme celà, Maaaaaaame Michu!!!!!!!!!!
Décidément, on a les mêmes auteurs favoris – Jim Harrison, Martin Suter, qui sera le prochain? – mais ce livre là, j’avoue que je ne l’ai pas encore lu.
"Parker a participé à une dégustation de Rodenstock en 1995 et a donné 100 points à un magnum de Château Pétrus 1921. …. Dans une récente interview au New Yorker, voici deux ans, Parker a réaffirmé que le vin était «merveilleux» et a déclaré que s’il s’agissait d’une bouteille factice, Rodenstock était un faussaire remarquablement talentueux. «Si c’était un faux», disait Parker, «cela devait être un mélange». La leçon, ajoutait-il, était que même le plus accompli des critique œnologique n’était pas infaillible."
et puis Maaaame Michu ça c’est ben vrai que ça peut pas passer dans notre belle France et pis 1921 c’est pas 2001 quand même , ça c’est sûr Maaaaaame Dubec!! "un mélange" c’est un finaud le parker Maaaame Michu!!
Et donc Parker a effectivement goûté (il n’est d’ailleurs pas le seul) du Petrus 1921 en magnum. Donc Rodenstock n’est pas un faussaire si génial, si tant est qu’il soit un faussaire…
Je sais, je sais : ça devient compliqué mais, quitte à me répéter, c’est quasiment la même histoire que le vrai faux tableau de Vallotton dans le Dernier des Weynfeldt dont je vous recommande vivement la lecture. Alors vous saurez tout ! Enfin presque…
Concernant l’"histoire" du vrai faux magnum de Petrus : de source très sûre (les livres de comptes de la propriété, si, si, ça existe…), il y a eu des mises de magnums de Petrus dans ce millésime… Donc, l’erreur provient plutôt du négociant bordelais qui aurait déclaré à un journaliste qu’il n’y a jamais eu de magnums de Petrus dans ce millésime…
Un livre bien écrit …
Mais une déception au final pour le lecteur que je suis, pour une intrigue qui fait pschiiiitttt (comme dirait l’autre).
Un livre bien écrit …
Mais une déception au final pour le lecteur que je suis, pour une intrigue qui fait pschiiiitttt (comme dirait l’autre).
D’où ma réserve sur ce dernier, aperçu dans une librairie (cusine ayurvédique ? cuisine moléculaire ?) :
http://www.alapage.com/m/ps/mpid...
Bon alors, ce cuisinier …
On sent un effort d’originalité, de tendance (world writing, à la manière de l’auteur indienne Radika Jha), un auteur qui a travaillé ses sujets (lea cuisine, Ceylan), a minima du moins.
Mais le récit reste bien léger, très fabriqué, branchouille (regardez les émissions de télé réalité sur la cuisine qui pullulent sur nos écrans).
Loin de celui de Percy Kemp (musc) et surtout de Patrick Süskind, pour un sujet certes assez indicible.
Comme dirait le canard : on peut ne pas lire !
Quand l’origine fait défaut "on sent un effort d’originalité". M’y voilà.
Je vous trouve fatiguant, l’ectoplasme, et ici et en privé !