La musique qui va avec
Paru ce jour même dans Libération, cet article nous perce à jour, dévoile nos intentions secrètes, nos crimes d’amour ! Nous, cuisiniers transis d’amour, serions avant tout des gastrosexuels, des prédateurs cryptés, des séducteurs de grands chemins, « bref, un mâle usant de ses talents aux fourneaux pour faire passer les filles à la casserole. »
On croirait entendre du Dutronc revisité. Les playboys ont changé de destination et de look. Ils ne sont plus de profession. Ils ne roulent plus en Ferrari à la plage comme en ville. Ils vont plutôt chez Fauchon que chez Cartier. Ils sont sapés mirliton, connaissent leur Ducasse, leur Astrance et les cailles des Dombes par cœur. Et ils régalent :
Croyez-vous que je sois jaloux? Pas du tout, pas du tout!
Moi j'ai un piège à fille, un piège tabou
Un joujou extra qui fait crac boum hu
Les filles en tombent à mes genoux
Moi j'ai un piège à fille, un piège tabou
Un joujou extra qui fait crac boum hu
Les filles en tombent à mes genoux
Des suggestions halieutiques ?
Allez, va pour une improvisation retour du marché. Cherchez… Je suis sûr qu’il y a en ce moment, autour de vous, un poissonnier qui vous veut du bien, qui se lève très tôt, voyage beaucoup, pour aller chercher les meilleurs poissons.
Le mien est un fou furieux. Il descend toutes les semaines à Rosas (juste à côté de El Bulli) et revient avec ces petits miracles, des supions, des bars de ligne, des calmars, des langoustines. Les légumes, magiques, croquants, n’attendent qu’une chose : qu’on leur jette un sort. Les herbes aromatiques aussi.
Et c’est parti avec ce Menu gastrosophe. Pardon : gastrosexuel…
Calmars farcis aux saveurs printanières, bouillon au Palo Cortado del Carrascal
Gelée de langoustines au yuzu et kombu de Hokkaïdo
Tartare de Bar au Basilic
Calmars farcis aux saveurs printanières, bouillon au Palo Cortado del Carrascal
Bar de ligne, truffe, feuilles d’épinards et asperges, jus de viande
Les vins
Riesling 2007 Vom Schiefer, Ansgar Clüsselrath
Pouilly-Fuissé 1995, Premier Jus, J.M. et M. Guffens
Sancerre 1993, Chavignol, Réserve, Cotat
Pour le reste… Pas de recettes, pas de commentaires mais, comme le disait ce cher Gilles Deleuze : pas de théorie hein, pas d’interprétation, rien que du vécu !
18 Comments
Superbe,
Terres rouges rosé 2003 très mal goûté en janvier 2009 chez les frères Chiquet (qui nous avaient réservé un accueil royal) : " … mais le flot bullaire de ce rosé de saignée est présentement très envahissant. Il faut espérer ce tumulte seulement passager. Pour Pierre : très boisé aussi, lactique, bizarre…"
Ce Cotat m’intrigue …
François ?
Francis ?
Nous goûterons Mardi des vins de Pierre Boulay, cousin de Gérard Boulay, qui fait si bon sur Chavignol.
Tout ça c’est bien joli : mais résultat des courses ?
Je ne savais pas le Dr Bonobo grand cuisinier : il a donc un autre secret ?
Pas trop d’oxydation dans ces blancs ?
Laurentg : on lit "françois", et je peux te dire que votre verticale horizontale et tangentielle de sauvignons fait du bruit dans le landerneau du vin ! J’ai été rétrogradé au néandhertalien manu militari !
Quand je dis que les ayatolah se comptent par centaines dans le monde vineux !
Bonjour,
Pour répondre à la question de LaurentG, cette bouteille de Cotat vient de chez Paul (père de François) et date des années où il y avait assemblage des parcelles Culs de Beaujeu et Monts Damnés. Je ne me souviens plus s’il en a été de même sur le millésime 94, mais suis certain que sur 95, Culs de Beaujeu et Monts Damnés étaient séparées.
Cordialement.
Un article qui me rappelle recettes et photos (évocatrices) de Roland Chanliaud (Le Jardin des Remparts, Beaune), vues dans le Bourgogne Aujourd’hui n° 54.
laurent
C’est François Cotat : vin remarquable, vif, complexe. Bien meilleur, dans ce millésime, que le Silex 1993 de Dagueneau dégusté récemment. Le Pouilly-Fuissé 1995 Premier Jus de Maine et J.F. Guffens est une autre bouteille remarquable, cristallin, subtilement miellé et PAS UNE ONCE D’OXYDATION PREMATUREE… Toute la différence entre les vins Verget et la propriété est là, dans cette tenue impeccable au vieillissement.
Laurent : ce n’est pas un compliment que de m’associer au Jardin des Remparts… Une expérience (presque calamiteuse) m’a suffi… blog.cavesa.ch/index.php/…
Jacques,
J’aime beaucoup la cristallinité des vins de Guffens (par ex le premier jus 2003, qui surfe parfaitement sur les écueils du millésime).
François,
Ton propos est un peu sibyllin 🙂
Ce rapport sur les sauvignons nous a beaucoup mobilisés.
Il est toujours dommage de n’avoir que si peu de retours des producteurs …
Alain,
François Cotat cuvée Paul 1995 (issue de raisins suumûris sur Culs de Beaujeu) est un grand vin moelleux de sauvignon (18/20).
Jacques,
Je pense que d’autres 93 auraient encore plus souffert de la comparaison (Doisy-Daëne, Couhins-Lurton, Fieuzal, …).
C’est ancien et il a peut-petre prescription :
http://www.invinoveritastoulouse...
Pouilly Fumé Silex 1993 : sept 2001
DS : 14 – LG : 15 – PP : 15. Note moyenne : 15 – Prix : 340 F
Robe d’intensité moyenne, sans évolution marquée.
Nez minéral, encore fruité.
La bouche ressemble à la précédente, mais dans une expression moins complète et gourmande.
Une dégustation intéressante, avec des vins complexes, fins, frais, possédant classe et personnalité (belles trames acides associant des notes fruitées très mûres, animales et minérales) et aptes au vieillissement (les robes évoluent peu).
Des vins solides, typés (on y retrouve la signature du domaine), francs, terriens, sans ostentation (c’est particulièrement vrai pour l’expression aromatique et structurelle actuelle des cuvées du millésime 93, privilégiant la finesse).
On ne trouve jamais l’expression caricaturale du sauvignon (buis, lierre).
Le millésime 96 est particulièrement riche. Le millésime 94 est un cran en dessous.
Pour autant, et malgré des nez magnifiques, pas de vin transcendant (mais on note un silex 96 prometteur).
Très gastrosexuelle la carotte erigée au milieu des calmars farcis printaniers…
Pas de commentaires avisés sur les vins, mais que du beau monde!
Il y avait sur Toulouse un restaurant tenu par des homosexuels : la Maréchale …
On m’a amené un soir en dessert un dessert à la banane (entière) : servie sans couverts (et interdit de mettre les doigts).
Bon, il est vrai que c’était avant Kerviel, Daniel Bouton, Benoît le 16ème, la grippe machin … 🙂
Qu’est devenue la banane dans l’affaire ? La Maréchale, le nom à lui seul donne le frisson… Des bâtons, des fouets peut-être, des histoires à finir claquemuré. Drôle de dérive, non ?
La banane fut dévorée, attrapée dans un geste coquin un peu grotesque … 🙂
Christian, c’est la règle pour cet article : pas de commentaire sur les vins, c’est volontaire, que du vécu… Il faut bien un peu d’ironie parfois et puis, c’est difficile de tout faire : cuisiner, photographier, échansonner et tout le reste ! (Voir quand même ci-dessus).
Oui, mais alors, il s’agit d’assurer à tous les étages : si le plat est raté, que faites-vous après, ces messieurs ? C’est le fiasco assuré, la grande angoisse !
Parfois, il vaut mieux un soufflé qui ne monte pas que………………..
Il vaut souvent mieux un qui monte que deux qui descendent
Blaise,
Ca dépend. Si j’étais péripatéticienne (j’accorde par avance aux phallocrates, misogynes, macho et autres, que "le fossé n’est pas bien large") je penserais pour ma part qu’il vaut mieux deux qui descendent, qu’un qui monte.
Sauf si c’est le même qui monte et qui descends…