Il faut encore ajouter Le dernier des Weynfeldt (que je n’ai pas lu) et Business class, un recueil de quatorze séquences fulgurantes, mordantes, arachnéennes, où l’idée que nous faisons de la vérité des êtres et des situations se trouve comme prise au piège.
Un petit livre qui se lit d’un trait. Entre deux avions ou deux rendez-vous.
« Vous voulez prendre la direction de notre marketing ? » demande Eberli auquel revient hiérarchiquement la conduite de l’entretien, et qui prend pour l’entrée en matière un ton provocateur.
« Oui, répond Claudia Staub sans la moindre gêne. »
« Carriériste », pense Signer en se proposant de demander à son épouse, Hanni, si ce genre de tailleur à pantalon est à la mode. Il soupçonne qu’il ne l’est plutôt pas. Il la suspecte surtout d’avoir de grosses jambes.
Tandis qu’Eberli l’interroge avec bienveillance sur son curriculum vitae (….), Stahl se préoccupe lui aussi de la garde-robe de Claudia Staub. Ce n’est pas qu’il accorde, personnellement, une valeur particulière aux vêtements. Lui porte une chemise blanche, un costume rayé brun et gris et une cravate dont la couleur et le design rappellent les eaux de rejets industriels fortement polluées, mais qui va avec tout. L’intérêt de Stahl pour vêtements de la candidate ne se disperse, il est concentré sur un seul et unique détail : porte-t-elle un soutien-gorge ?
Une heure plus tard, Claudia Staub prend congé. « Votre impression ? » demande Eberli au moment où elle est dehors.
« Oui », répond Stahl.
« Oui ? Nous la prenons comme directeur du marketing ? » Eberli et Signer sont décontenancés.
« Oui, elle en porte un », corrige Stahl.
Le livre Martin Suter, Business Class, Christian Bourgeois, 2008
5 Comments
Si elle porte un soutien-gorge alors, elle n’est pas bien maline.
Ah oui, pourquoi, donzelle ?
A votre avis Monsieur Al Dente ?
Mouaih… mouaih… bon…
Je dis ça pour la remarque de Donzelle…
(Désolé, des fois j’aime bien "faire mon Yves" ;-))
(ah, le parachute ascensionnel)