• "5 producteurs au sommet" (la seule originalité ici est le classement du Domaine Armand Rousseau, et encore…)
• "5 producteurs à découvrir" (quelques surprises que je vous laisse découvrir…)
• "5 producteurs de vins de plaisir" (quelques classiques mais que vient faire ici le Clos Canarelli, vin certes intéressant, mais sérieux, solide, aux antipodes semble-t-il du vin léger et amène ?)
Venons-en au Guide. La présentation tout d'abord : attrayante, elle a beaucoup gagné en clarté et en fluidité dans la lecture. Le graphisme allie élégance et sobriété. Chaque vin, noté (sur 20), fait de surcroît l’objet d’un commentaire de dégustation. Le travail d’écriture est donc ici considérable et rend justice aux vins présentés. Trop facile en effet d'attribuer des notes à un vin sans même l'ombre d'un commentaire… C'était pourtant le parti-pris adopté dans leur précédent Classement. Quant au classement adopté, il rompt habilement avec la notation par étoiles du guide de la RVF et propose une notation sur une échelle de cinq BD. Pour les béotiens, il faut lire ici, non pas une bande dessinée mais un "Bettane-Desseauve", une forme de label en soi assez discutable. Même si, après tout, il s'agit d'une manière comme une autre de rompre avec la politique des étoiles et autres ringardises du style "cep d'or"… Un BD attribué désignant ici le producteur de qualité dont les vins sont (déjà) très recommandables et cinq BD, "un producteur de qualité exceptionnelle, un sommet absolu de la qualité en France comme dans le monde."
Une telle échelle introduit davantage de souplesse et de subtilité dans la notation, apparaît plus incitative également avec des paliers de progression bien définis, que l'échelle tripartite, style Michelin. En revanche, elle apparaît – et ce n’est pas un paradoxe – beaucoup plus respectueuse des hiérarchies déjà reconnues, en ce sens que si les candidats se bousculent au portillon, on trouvera au final toujours les mêmes élus dans l’empyrée. Quelques exemples : les domaines Denis Mortet et Bernard Dugat-Py en Bourgogne ou le domaine Jean Macle dans le Jura qui apparaissaient au sommet de la hiérarchie du Classement (lorsqu'il était cosigné par nos deux compères), sont ramenés à quatre BD dans le nouveau guide, sans que l'on puisse imputer ne serai-ce que l'ombre d'une baisse qualitative.
Bordeaux :
La différence de notation entre le domaine de l’A et le château d’Aiguilhe est injustifiée à mon sens.
Bourgogne :
Une vraie surprise que la consécration avec 5 BD du domaine J.F. Mugnier même si, personnellement, j’ai toujours adoré ses Chambolle et son Musigny.
Le domaine Robert Groffier qui, certes, ne fait toujours pas dans la dentelle au niveau RP est un peu durement sanctionné, même pas un BD, c'est chichement payé pour un domaine qui, ne serait-ce que sur le plan de la viticulture, demeure une sérieuse référence. Il faudra que Serge Groffier cesse de jouer les farauds et apprenne un peu à communiquer !
Verget à 4 BD, c’est généreux. Il est vrai que je n’ai pas dégusté les derniers millésimes mais une série de vins imprécis durant plusieurs années devrait suffire à le ramener à 3 BD !
C’est Marlène Soria qui va être contente. Elle obtient 4 BD. Il est vrai qu’elle façonne des vins d’extra-terrestre.
Mas Bruguière : pourrait avoir 2 BD. Le style est certes un peu rustique mais je goûte régulièrement les vins au vieillissement et ils tiennent la route.
Quelques autres domaines intéressants, étrangement absents. Je croyais que les enquêteurs avaient sillonné la région… J’en cite trois, pas tout à fait au hasard : Château de Roquenégade, domaine des Chandelles et domaine Moulinery, trois petites merveilles à des prix angéliques. A quoi sert un guide qui dans une région comme le Languedoc-Roussillon ne met pas en exergue ce genre de domaines ? Je n'ai pas vu trace non plus de Coume del Mas, une des références de Collioure…
Le château Pradeaux, apparemment jugé sur un seul millésime, le 2002, est durement traité à mon sens… Le château Jean-Pierre Gaussen, en dépit d’une très bonne note (16/20 pour son 2000) n’accède même pas à la première catégorie (1 BD). Pourquoi ?
Cela précisé, j'incite vraiment tout amateur de vins à se procurer ce Grand Guide des Vins de France 2008. Tant sur le plan du sérieux, de l'indépendance (n'en déplaise à certains !) et de la défense d'une culture du vin et d'un certain style, il met une fois de plus la barre très haut dans ce domaine. Cela dit, même si – on l'aura peut-être deviné – je suis un lecteur distrait (et souvent ennuyé) de la plupart des guides et revues spécialisées sur le sujet. Tant j'ai l'impression que l'accumulation des cotations et des notes de dégustation sont devenues, aujourd'hui dans la majorité des cas, une manière de modéliser et de quantifier des objets qui, parfois, valent mieux que ça ainsi qu'un source d'ennui programmé.
8 Comments
Whaou ! Il y a plein de commentaires à faire : ami lecteur : bon sang de bon soir : prenez votre plume et dites vos pensées ! Mouillez la chemise ! C’est trop facile ensuite, dans le cadre discret – pour ne pas dire suspicieux – d’un club doctoral élitiste, de taper sur le Guide et de ne rien dire ensuite !!!!!
Beaucoup de choses à dire, et dieu sait que l’ami Michel, ombrageux comme Eastwood dans Jessy Wells, va montrer son courroux d’après :
a : manifestement, pour sortir le premier, ce Guide n’a pas été relu correctement. Désolé : au prix où on le paie, le lecteur a droit à mieux. Quelque part, c’est inadmissible, même si les autres ne font pas mieux.
b : il semble évident que la règle a été : "gardons-en sous le pied pour les prochaines éditions" : contrat rempli à 100 %. Et de revenir au système sur 5 va permettre une modulation impossible pour le Guide de la RVF.
c : une correction fondamentale pour le futur : comme il y a plusieurs "écrivains", le lecteur doit savoir précisemment deux choses :
• qui écrit quoi ?
• qui décide, in fine, de l’attribution des BD ?
d : un manque : incontestablement, il manque les tableaux des millésimes
e : une erreur future : un tel Guide, pour éviter de rabacher, ne devrait sortir que tous les 3 ans. Il va y avoir de la redites, n’en doutons pas.
f : un équilibre plus juste : je sais, ce n’est pas facile, mais l’équilibre entre les régions est loin d’être parfait (probablement d’ailleurs, la plus grosse critique à faire au nouveau livre de Parker). Je revendique haut et fort les 5 BD pour Macle, non mais !
g : le poids : on veut du papier-bible, moins lourd, bon pour la poche : impossible de se balader avec cela dans le vignoble : on passer pour un thurifairaire notoire !
h : j’attends toujours l’article fondamenal de Bettane, le Guide suprême, le texte qui me dise ce qu’on doit trouver dans un vin, ce qu’un vin doit apporter à l’amateur et son seulement la note hyper-pointue d’un Maître qui a derrière lui une encyclopédie de connaissances dont on ne connaît pas l’embryon.
i : j’attends, outre cette généreuse idée et géniale conception de la cave "plaisir" que ce Guide farfouille en Italie, en Espagne, aux USA et ailleurs.
j : in fine, pour mes amis américains, j’attends une version anglaise qui fera un superbe cadeau de Noël : Mais Minerva arrivera t’il au résultat ?
Bref, nos deux compères méritent une belle poppée de poreaux avec un fendant digne de ce nom !
Désolé des fotes d’ortograf : je finis un cirage sévère de traitement de coronaire à Orléans !
Je vois que le président Mauss nous revient avec sa verve et sa faconde coutumières. On a eu les boules, François. Tu as raison de souligner les problèmes d’impression. Deux fois l’Alsace, une fois sous l’Alsace, une fois sous Bordeaux ; deux fois le Beaujolais, de drôles de choses de ce genre. ça s’appelle "se mêler les pinceaux" et c’est regrettable qu’un tel travail soit pénalisé par de telles négligences mais passons outre. "Ne nous attardons pas à l’ornière des résultats" comme disait, je crois, René Char…
que M MAUSS attende (point h) à l’âge qui est le sien, qu’un tiers lui explique ce qu’il doit trouver dans le vin me laisse perplexe. J’espère qu’il n’a pas le même souci avec les femmes!! Lacan n’étant plus très vaillant, je me ferais du souci!
Très Cher Claude :
Plus on croit savoir, moins on sait. Malgré mes 30 années passées autour du vin, c’est stupéfiant ce que je peux apprendre lors des sessions du GJE, particulièrement lors des commentaires du debriefing, après dégustations.
Que ce soient les ukases d’un Regamey dont la richesse de vocabulaire, (dont l’origine médicale est souvent patente) étonne même un blasé Michel Bettane, que ce soient les impatiences d’un Stéphane Derenoncourt qui m’apprend que, finalement, les grands vins se font sur le calcaire, que ce soient les immenses connaissances bourguignonnes de Michel Bettane, que ce soient les exigences quasi douloureuses de perfection de notre ami Jacques Perrin, sans évoquer les reconnaissances immédiates de crus par Kevin Shin (véritablement stupéfiant), chaque fois,oui, chaque fois j’apprends plein de choses.
Mais, c’est vrai, j’attends de Michel Bettane (comme de Stéphane Derenoncourt qui me le rédige en ce moment, un texte "fondamental" sur ce que doit être, pour eux, un grand vin :
– est-ce un vin qui doit donner simplement un vrai plaisir, une réelle émotion ?
– ou doit-on attendre d’un cru qu’il vous apporte autre chose, et dans ce cas, quoi ? comment ? de quelle façon ?
Je prends un exemple actuel, musical. Luciano Pavarotti a été capable, par son timbre de voix, comme Callas, de donner à des ignares en musique, des émotions exceptionnelles, alors que des puristes vous diront avec suffisance que tel ou tel ténor est supérieur.
Bref,oui, à 61 balais, je suis heureux de continuer à apprendre. Et, croyez le bien, avec enthousiasme, avec même une certaine naiveté, mais n’est-ce pas là le sel de la vie ?
comme disait je ne sais plus qui: j’ai toujours préféré un quart d’heure de mauvaise musique classique à une demi-heure de bonne!
Justement c’est pour avoir entendu je ne sais quel immense spécaliste de musicologie (ça existe?) professeur dans je ne sais plus qelle immense université américaine tenir des propos relativement méprisant sur la musique de MOZART (sa légèreté etc etc) que l’avis des experts je m’en tamponne le c…. et puis vous seriez certainement tellement déçu parce qu’ils écriraient!!!!!!!! je me méfie dse gens tellement intelligents qu’ils ne sont presque plus bons à rien dans la société comme disait Lichtenberg. Et puis les physiologistes le disent à partir de 50 ans les capacités gustatives déclinent inexorablement et lourdement (c’est comme pour tout) alors dans 10 ans vous ne sentirez plus rien alors l’avis de Dupont ou ….!
"Bourgogne :
Une vraie surprise que la consécration avec 5 BD du domaine J.F. Mugnier même si, personnellement, j’ai toujours adoré ses Chambolle et son Musigny.
Le domaine Robert Groffier qui, certes, ne fait toujours pas dans la dentelle au niveau RP est un peu durement sanctionné, même pas un BD, c’est chichement payé pour un domaine qui, ne serait-ce que sur le plan de la viticulture, demeure une sérieuse référence. Il faudra que Serge Groffier cesse de jouer les farauds et apprenne un peu à communiquer !
Verget à 4 BD, c’est généreux. Il est vrai que je n’ai pas dégusté les derniers millésimes mais une série de vins imprécis durant plusieurs années devrait suffire à le ramener à 3 BD !
Bonjour je suis pas un farauds et j’aime communiqué avec les personnes intelligentes
Cordialement
J’en ai pris note, Nicolas (désolé pour l’imprécision sur votre prénom) et ferai suivre.