En 1919, M. Touraille (grand-père de M. Allary, l’actuel propriétaire, achète ce qui s’appelle encore Le Domaine de Haut-Brion, la Passion. En 1929, un jugement de la Cour d’Appel de Bordeaux entérine le droit de la propriété à utiliser le nom de Domaine de la Passion Haut-Brion. En 1948, un contrat de métayage est signé entre Haut-Brion et les propriétaires (MM. Allary et Bardinon). Durant la période de 1954 à 1978, le vin de la Passion Haut-Brion sera embouteillé sous trois étiquettes différentes. Comme l’explique l’expert Pascal Kuzniewski, présent également à la dégustation, et qui est sans doute le meilleur connaisseur des vins du domaine.

En 2004, au terme du bail à fermage, Michel Allary décide de reprendre ce patrimoine familial.
2008 premier millésime vinifié sur les conseils de Stéphane Derenoncourt.

Le terroir 1.3 ha d’un seul tenant, situé à proximité immédiate de Haut-Brion et en face de la Mission. Une partie graveleuse et une partie plus sablo-argileuse. L’encépagement est, hormis une centaine de pieds de merlot qui n'entrent pas dans l'assemblage du 2008, orienté sur le cabernet franc (60 %) et le cabernet sauvignon (40 %).

Domaine de la Passion Haut-Brion 1976 c’est une des robes les plus évoluées parmi les vins dégustés. Superbe expression aromatique, totalement dégagée : nez de violette ambrée, coumarine, fleurs sèches, fruits confits, nuances balsamique et léger sillage fumé à l’ouverture. L’entrée en bouche est souple, fluide. C’est un vin de texture et d’aromatique pur. Il est construit autour d'une forme ronde, suave et finit sur des notes de fumé et de goudron, spécifiques des grands Pessac. Superbe mariage avec la première entrée, Truffe noire du Tricastin, mousseline de topinambours, copeaux de palette de Jabugo et artichaut

Domaine de la Passion Haut-Brion 1970 robe profonde, très peu évoluée. Le nez apparaît complexe, profond, dans une gamme de notes épicées et empyreumatiques : fumé, cendre froide, thé grand Oolong, champignons. Corps dense, vigoureux, à la trame superbe et finale soutenue, d’une grande fraîcheur. Le grand classicisme, même si son style set un peu à part dans la série, plus médocain (Pauillac) que Pessac.

Domaine de la Passion Haut-Brion 1961 la robe est remarquable de densité. Nez sur des nuances de graphite, mine de crayon, épices orientales, créosote. Corps ferme, doté d’une remarquable vinosité. Il est articulé sur la puissance avec un côté séveux, ascendant. Tannins encore fougueux. Très belle réussite mais, comparé au 1959, il n’en a ni la grâce aromatique, ni l’élégance de structure.
Domaine de la Passion Haut-Brion 1959 selon moi, le chef-d’œuvre de cette passionnante dégustation. Notes de menthol et d’eucalyptus qui lui confèrent une fraîcheur enjouée et une vibration particulière. Beaucoup de noblesse dans l’évolution aromatique. Entrée en bouche charnue, pleine. Evolution sur une structure d’une remarquable continuité aux tannins présents mais déliés. Il déroule sa forme sans heurt, d’une façon nuancée, jusqu’à la finale, d’une très belle présence. Accord grandiose avec le Pithivier de canard d'Eric Briffard, un plat émouvant.

Domaine de la Passion Haut-Brion 1976 et 1975
Dos de saumon d’Ecosse nacré, sauce Genevoise, chou fondant au carvi, nougatine de cèpes
Domaine de la Passion Haut-Brion 1970 et 1966

Pithivier de canard au sang, au foie gras, jus pressé
Navets fondants aux dattes /citron confit
Domaine de la Passion Haut-Brion 1964, 1961 et 1959
Givre d’ananas à l’hibiscus, mousseux à la noix de coco
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Un jardin privé dans Chateau Haut-Brion.
Décidément, avec Bordeaux, nous ne sommes pas ou bout de nos surprises.
Si la Bourgonge a du répondant, il faut qu’elle nous trouve fissa un Grand Cru dans les Htes-Côtes de Nuits ?
laurent
On va connaître de grands moments au GJE quand on dégustera d’ici quelques années, à l’aveugle, les vins de Clarence Dillon et ce Domaine de La Passion Haut-Brion !
C’est sympa de nous tenter avec des vins qui n’existent pas. Enfin, presque… On va essayer de trouver une bouteille de 2008 quand il sera proposé à la vente. Et comment l’illustre voisin voit la chose ?
Un miracle me permetrait-il de me procurer un 1959 d’ici fin mars (c’est pour un anniversaire) ?
Un miracle me permettrai-t-il de récupérer un 1959 d’ici fin mars pour un anniversaire qui ne proposera que des vins de ce millésime ?
Al dente, je crois que François a évoqué hier sur son blog que la justice avait été saisie sur cette question.
laurent
Un Pessac à dominante de cab’ franc, pas banal non ?
Oui, c’est très original et cela lui donne un style et une originalité d’expression tout à fait uniques. Cela dit, contrairement à ce qu’on peut lire sur le site de Robert Parker, une telle proportion de cabernet franc, même si très rare, n’est pas unique à Bordeaux. Le Dôme, un vin de St-Emilion qui fait partie de l’"écurie" Jonathan Maltus, est généralement orienté sur 75 % de cabernet franc et le reste e merlot.
A comparer à Cheval-Blanc (60% merlot)sur les 2006, à Malartic …
Jacques, des similitudes stylistiques avec le secret et parfois génial Carmes Haut Brion ?
Pour des Bordeaux riches en cab franc, voir aussi Petit Gravet Ainé ou… Ausone/Lafleur !
Mais pas d’autres Pessac que "Passion" en vue. Eventuellement La Tour Haut Brion, peut être…
Nicolas, effectivement, on pourrait penser au Carmes Haut Brion mais je crois que La Passion Haut Brion, pour autant que j’aie pu en juger, est plus proche, stylistiquement de La Tour Haut-Brion, avant que ce cru ne disparaisse…
Il est vrai que l’on trouve parfois( souvent) du cabernet franc dans les vins de la rive droite, rive où Stephane Derenoncourt a des habitudes
Oui, mais je cherche encore le vignoble bordelais qui a 0 % de merlot ?
L’Atypic en Première Côtes de Blaye
"La passion selon Haut-Brion" c’est aussi une oeuvre de Bach(us)? 🙂
Aucune idée Armand, en tout cas, elle demande un vinificateur spirituel…
Quelqu’un peut me rappeller ce qu’est devenu La Tour Ht-Brion ? Associer à la Mission c’est ça ?
laurent
Les trous noirs, ça existe…
Jacques,
votre sens de la pédagogie est bien …obscur.
laurent
Pas si obscur que ça, Laurent. Cela fait référence à un article de Vinifera où je faisais explicitement référence à un trou noir à la Mission Haut-Brion.
Allez, une fleur : demain, le passage en question sera en ligne.
Vous êtes trop bon, Jacques.
Quand je pense qu’un ami qui déménage vient de jeter la plupart de ses Vinifera…
Voyez comme je suis bon moi aussi, je recueille les derniers orphelins, en quête de bibliothèque.
laurent
En voilà de drôles d’amis. Il est entré en cellule, en régime carcéral, à la Valsainte ou, pire, à la Santé ?
Ne l’accablez pas s’il vous plait.
Non, c’est un ami honnête, fin dégustateur (membre du CAVE, vous l’aviez compris), informaticien (for Mac d’ailleurs), d’ailleurs, il cherche du boulot car il remet son entreprise.
Avis à …
laurent
Trou noir à la Mission Haut-Brion (Vinifera 35-36, juin 2007)
"Je me retrouve dans le dégustoir-bibliothèque au-dessus du cuvier de Haut-Brion. Les fenêtres sont grand ouvertes sur le large, sur les vignes, sur cette fameuse ligne de croupe qui fascina tant John Locke.
Conquise sans doute par la beauté des lieux, émoustillée peut-être par les précieux liquides qui dansent dans les verres devant elle, une jeune femme se répand en propos primesautiers auxquels Jean-Bernard Delmas, imperturbable, prête une oreille polie et distraite. Elle emporterait volontiers, dit-elle, une caisse de Haut-Brion blanc 2006 pour la siroter l’été prochain dans sa maison à Arcachon… Pendant ce temps je cherche désespérément la Tour Haut-Brion. Peine perdue. J’apprends que cette propriété a en quelque sorte disparu, puisqu’elle sera désormais, depuis 2006, incorporée à La Mission Haut-Brion, plus précisément à la Chapelle, le second vin de la Mission. Tel est l’effet du bon vouloir du domaine Clarence Dillon, propriétaire de Haut-Brion, de la Mission et de La Tour Haut-Brion qui justifie cette fusion pour des motifs de rationalisation. La logique est sauve, imparable, mais y aurait-il un “trou noir” à la Mission Haut-Brion ?
Après l’obscurité, la lumière !
Merci Jacques
une petite question :
à quand un article sur Jacques Tatasciore ?
Vigneron que j’ai eu le plaisir de rencontrer il y a un peu plus d’un mois.
Magnifique Pinot Noir VV 2005, une sorte de météorite régional (et je n’ai pas dégusté ces deux autres cuvées).
Voila un homme qui tient un discours passionné, sans concession, ambitieux certes, mais qui change du tout ce que j’ai entendu dans la région.
cordialement,
laurent
Très bonne idée, Laurent ! J’en ai déjà parlé ici : blog.cavesa.ch/index.php/…
Comme vous le savez sans doute, je suis très proche de Jacques Tatasciore et l’ai un peu conseillé jusqu’au millésime 2005. En matière de vins, c’est un idéaliste qui s’est mis un jour en tête de produire un des plus grands pinots de Suisse et qui, même s’il fuit les medias comme la peste, est en passe de réussir son pari. Il est déjà entré dans la catégorie des vins-cultes et je me souviens des réactions des Mortet, Lafon, Charlopin et compagnie la première fois qu’ils ont goûté le vin de Tatasciore aux Journées Henri Jayer. Ils se sont contentés de dire : on échange une bouteille contre une bouteille.
Quand les vignerons font de l’échange, tout est dit.
J’ai lu cet article bien sûr.
Il y a aussi une photo de Jacques Tatasciore à côté de Denis Mortet dans un autre article.
Mr Tatasciore m’a invité à aller rencontrer Jean-Daniel Giauque, dont le talent d’ampélographe semble avoir épaté plus d’une personne (tiens il y a des plants d’amigne au CAVE !).
Ce qui s’est fait la semaine passée, par hasard, à côté de chez lui (voir sur mon blog les photos de cette rencontre).
Je pense que je n’ai pas fini d’aller faire causette avec eux.
Si vous passez dans la région, faîtes-moi signe, je pourrais être tenté d’apporter une quille ou deux à partager.
laurent
Bonjour,
Je souhaite simplement signaler un article consacré à Jean-Daniel Giauque dans le dernier numéro de notre revue "Le Rouge & le Blanc".
Très cordialement
Excellente revue Jean-Marc et J.D. Giauque est un personnage. C’est vrai qu’il a identifié du premier coup d’oeil l’Amigne devant nos bureaux, la seule Amigne expatriée en terre vaudoise !
Bu hier soir à l’aveugle Passion Haut-Brion 73 en demi bouteille.
Très fumé, Pessac, avec pas mal d’acidité, très évolué sur le viandox aussi (bien plus que Latour 73 ou Lafite 73 par exemple, mais il y aussi l’influence du contenant).