<><–>
Ron Wood, l’autre Stone, émacié, visage de chouette, exsangue, qui assure pourtant le long du bastingage. Enfin, à la basse, médulleuse, Darryl Jones. Est-il un Stones à part entière ou tout simplement un excellent bassiste qui fait son job ? La réponse se trouve sur les photos officielles du groupe. Etre un Stone, c’est une question d’affinités électives, une brûlure intérieure.
Keith Richards congratulant Bill Wyman (76 ans tout de même !)
A quoi pense-t-il, derrière ses lunettes fumées, l’autre bassiste, le Stone alone, le spleenétique Bill Wyman, revenu, le temps de deux chansons, réincarner son groove tiré au cordeau, le manche de sa Fender rouge tourné vers le ciel.
Et cette autre apparition, magique, sur Midnight Rambler, de Mick Taylor dont le solo, ciselé, étincelant, relègue Jeff Beck au rang de guitariste pantomimique. Personne n’a jamais compris pourquoi Mick Taylor avait quitté les Stones, en 1974, au faîte de leur gloire. Lui, si ! Quel contraste entre l’éphèbe surdoué de ces années-là et le Mick Taylor forcissant de ce soir !
Comme si le poids des années, de ce destin lourd à porter, s’était concentré sur lui, alors que les autres, toujours en expansion, en combustion, toujours à la limite, – We just got in under the wire, we feel pretty good ! a lancé Jagger – avaient été miraculeusement épargnés par le temps, seuls leurs traits s’étant douloureusement creusés jusqu’à ressembler à un masque qu’ils ne pourraient jamais ôter, même au moment de mourir.
Et ce moment-là, nous serions nombreux à le redouter car, sans eux, nous le savons, un monde disparaîtrait. Et c'est pourquoi nous étions là, ce soir. Et c’est pourquoi ils continuaient d’avancer, irrésistibles, parmi dans les faisceaux des rampes lumineuses et des lasers, pétrels fantomatiques arrimés au rock tel l’univers à l’énergie sombre.
PS Le concert a commencé à 20.30 et s'est terminé à 23.00, au lieu des 22.30 prévu initialement. Résultat : une amende de 247 000 euros infligée aux Stones par O2 pour dépassement de temps ! Time is on my side, yes it is ! Et dire qu'il n'y a pas eu le moindre fauteuil cassé ou…mouillé comme c'était le cas autrefois ! Sans parler du reste…
7 Comments
Enorme article stonien et superbe analyse à ce moment là: "Comme si le poids des années, de ce destin lourd à porter, s’était concentré sur lui, alors que les autres, toujours en expansion, en combustion, toujours à la limite, avaient été miraculeusement épargnés par le temps, seuls leurs traits s’étant douloureusement creusés jusqu’à ressembler un masque qu’ils ne pourraient jamais ôter…"
Ça me rappelle fortement le fameux "He took a face from the ancient gallery, And he walked on down the hall"….
Cette génération musicale n’a pas finit de faire vibrer mes cordes sensibles…
Ah là Jacques tu fais très fort ! Magnifique article. De l’incandescence du moment, mais aussi le sens du temps qui passe.
Je vais louper ces concerts, malheureusement, mais j’étais là vers les débuts, en 1963 et 1964, en particulier à Richmond.
Mais je te trouve dur avec Jeff Beck qui peut être un guitariste d’une grande musicalité, parfois exaltante.
Merci David ! Un jour, j’espère que tu me raconteras les concerts des débuts. J’étais hélas trop jeune pour y aller mais je me souviens parfaitement des premiers tubes des Stones dans ces années-là que nous écoutions comme une musique venue d’une autre planète : Not fade away, Time is on my side, Congratulations and so on ! Pour Jeff Beck, il rencontre le problème de tous les virtuoses ; il n’a pas le duende. Trop de notes blanches et pas assez de noires !
…et Hendrix en première partie de johnny à l’olympia – que de souvenirs ;
C’est qu’il se défend, le brit
http://www.youtube.com/watch?v=Q...
…à propos de duende, un duo de californiens qui le poursuit
http://www.youtube.com/watch?v=L...