Hier soir au CAVE, Steve Bettschen présentait un certain nombre de cuvées de prestige de Champagne. Rien que du beau monde, des grands noms à incendier les étoiles, des paillettes plein les babines. Et toujours cette magie des bulles qui, rassurez-vous, n’ont rien de leibnizien, au fond… N’en déplaise à Michel Onfray.
Pommery Cuvée Louise 1998 de la race, de l’allonge et de la complexité mais un peu tendre. On devine la belle origine des lots (Avize, Cramant et Aÿ). Un peu trop dosé à mon goût.
Taittinger Comtes de Champagne Blanc de blancs 1998 grande finesse, nuances de craie au nez, notes de thé. Très belle persistance. Il trace sur la finale. En revanche, le profil aromatique en bouche pourrait être plus précis.
Laurent Perrier Grand Siècle cette cuvée n’est plus millésimée. Assemblage d’une douzaine de crus idéalement situés, le Grand Siècle se présente comme un Champagne élégant et consensuel avec une finale tendre.
Krug Grande Cuvée mousse légère et abondant. Robe à reflets légèrement ambrés pour cette cuvée emblématique. Pain grillé, noisette, fruits secs. Extraordinaire finesse de bulle. C’est un vin tendu, vertical, qui finit sur des notes légèrement iodées et truffées. Un grand champagne de repas avec un homard en cocotte lutée aux truffes. Pourquoi pas ?
Egly-Ouriet Blanc de noirs Vieilles vignes une cuvée que les amateurs de grands champagnes vineux et longs connaissent bien. La vigne se trouve au lieu-dit Les Crayères à Ambonnay et a été plantée en 1947. Extraordinaire nez de fruits rouges. Un champagne à forte personnalité, qui terroite dans le noble sens du terme, avec une ampleur et une générosité de texture remarquable. Un peu réduit juste après l’ouverture. Dans quelques mois, il se révèlera davantage.
Selosse Substance brut encore de la très vieille vigne ici, notamment sur le mont de Cramant et un style extravagant, unique, émouvant et risqué. Fruits secs, noisettes, épices, curry, on est dans un autre monde. La bouche est majestueuse, sur des notes nobles d’oxydation ménagée. Sans doute le Champagne le plus idiosyncrasique (ce qui est un compliment) : il peut donc diviser, voire susciter la polémique.
Dom Pérignon 1999 une race incontestable et une très jolie tenue à l’ouverture. Ce vin n’a pourtant pas suscité l’unanimité le soir même.
Philipponnat Clos des Goisses 1996 un vrai Clos et un terroir d’exception, pentu en diable. Très belle bulle. Beaucoup de présence et de profondeur sur ce Champagne doté d’une belle tonicité. On l’associera aussi bien aux produits de la mer qu’à une volaille.
Dom Ruinart 1996 son expression aromatique offre une certaine intensité mais il paraît très linéaire. Bouche équilibrée, simple qui finit sur des notes d’amertume.
Pol Roger Sir Winston Churchill 1996 c’est un Champagne qui s’impose par sa présence et sa continuité même s’il ne se situe pas tout à fait au niveau des meilleurs. Léger manque de pureté aromatique (notes de laine mouillée) et finale un peu trop dosée.
Bollinger RD 1996 beaucoup de fougue maîtrisée, nuances aromatiques d’une grande noblesse et complexité. Un des champagnes les plus achevés dans sa construction et des plus séveux. On rêve ici d’une poularde demi-deuil du répertoire de la grande cuisine classique, façon Mère Filloux ou Eugénie Brazier, son élève.
S de Salon 1996 nez énigmatique, minéral et que la bouche est belle, longue, ciselée, Grande race. De l’énergie vibrante. La perfection du style et du terroir. On devrait l’enseigner dans les cours de réanimation…
Comment
Confirmation de la belle tenue de la maison Jacquesson : la cuvée de base est très certainement l’une des meilleures . Je constate une baisse générale sur le niveau qualitatif de certaines maisons de Champagne ….Bollinger -Billecart .
Grande déception dernièrement à Paris pour Don Pérignon 96 et un peu moins pour le 90 …lors de cette dégustation Krug 96 et Salon 96 étaient éblouissants .