Le principe de réalité
« Rendez votre vie réelle ! Nous racontons et vivons des histoires pour nous assurer que nous sommes vivants. Nous racontons et vivons des histoires parce que nous vivons dans des histoires. Le genre d’histoires que les gens changent en vies ; le genre de vies que les gens changent en histoires. » (La Vitesse des choses)
« Rendez votre vie réelle ! Nous racontons et vivons des histoires pour nous assurer que nous sommes vivants. Nous racontons et vivons des histoires parce que nous vivons dans des histoires. Le genre d’histoires que les gens changent en vies ; le genre de vies que les gens changent en histoires. » (La Vitesse des choses)
Enfin, vous m’avez compris…
Mieux, vous aurez compris celui qui parle. Il se fait appeler l’écrivain. Il apparaît pour disparaître, à la fin de ce livre impossible, extravagant, inouï, dont je voudrais vous entretenir. Ce livre dont le titre ressemble à une accélération, La vitesse des choses, est signé par l’écrivain argentin Rodrigo Fresán.
Un polar métaphysique : « Après, on lui a montré mon cadavre… »
Et d’abord, est-ce un livre ou un OLNI (objet littéraire non identifié) ? Un corpus littéraire venu d’une autre planète, à la croisée des mondes. Là où la fiction invente le réel, formule les possibles du réel, nous invente, nous lecteurs des histoires de nos propres vies…
Un polar métaphysique : « Après, on lui a montré mon cadavre… »
Et d’abord, est-ce un livre ou un OLNI (objet littéraire non identifié) ? Un corpus littéraire venu d’une autre planète, à la croisée des mondes. Là où la fiction invente le réel, formule les possibles du réel, nous invente, nous lecteurs des histoires de nos propres vies…
« Des histoires.
Voilà pourquoi ce n’est pas un hasard si l’une des formes les plus populaires de la vitesse des choses – quoique jamais vérifiée par ceux qui ne l’ont pas vécue – est le lieu commun qui consiste à ressentir, au moment précis et unique de la mort, la projection accélérée de toute une vie. » (La Vitesse des choses)
Voilà une (infime) partie du décor de La Vitesse des choses, décrit par son auteur comme un « centre nucléaire et narratif ». On peut y voir un roman-fleuve, un tourbillon, des nouvelles de science-fiction, un polar métaphysique aux nombreux « cadavres narratifs complexes », au micro-idées qui défilent à la vitesse du mot, un Bardo Thödol argentin qui ferait danser les morts. On peut aussi lire La Vitesse des choses comme une théorie de la lecture, de l’écriture, de la nouvelle, ce genre de l’homme nomade…
Voilà pourquoi ce n’est pas un hasard si l’une des formes les plus populaires de la vitesse des choses – quoique jamais vérifiée par ceux qui ne l’ont pas vécue – est le lieu commun qui consiste à ressentir, au moment précis et unique de la mort, la projection accélérée de toute une vie. » (La Vitesse des choses)
Voilà une (infime) partie du décor de La Vitesse des choses, décrit par son auteur comme un « centre nucléaire et narratif ». On peut y voir un roman-fleuve, un tourbillon, des nouvelles de science-fiction, un polar métaphysique aux nombreux « cadavres narratifs complexes », au micro-idées qui défilent à la vitesse du mot, un Bardo Thödol argentin qui ferait danser les morts. On peut aussi lire La Vitesse des choses comme une théorie de la lecture, de l’écriture, de la nouvelle, ce genre de l’homme nomade…
Surtout, on peut y voir ce qu’on a envie d’y voir, ce qu’on voudrait oublier, ce qu’on n’est pas venu y chercher, ce qu’on finira par trouver.
Tout ce qui surprend, captive, multiplie, déroute.
Tout ce qui continue de nous faire croire en l’existence d’un archipel de mots que certains s’obstinent à nommer « littérature ».
Photo de Julien Roumagnac
Un voyage interplanétaire.
L’écriture de La Vitesse des choses est virtuose, sobre, transversale, sinueuse, exponentielle, encyclopédique et ludique à la fois. Baroque et joyeuse. Accrochez-vous, c’est un vrai voyage interplanétaire, La Vitesse des choses !
Des références, des repères pour ne pas se perdre, pour ne pas quitter trop précipitamment le vaisseau ? On pense avec évidence aux illustres prédécesseurs, Jorge Luis Borges, Adolfo Bioy Casares, Julio Cortázar, humour et désinvolture en plus. A Vila-Matas également, qui signe d’ailleurs la préface de l’édition française.
Des références, des repères pour ne pas se perdre, pour ne pas quitter trop précipitamment le vaisseau ? On pense avec évidence aux illustres prédécesseurs, Jorge Luis Borges, Adolfo Bioy Casares, Julio Cortázar, humour et désinvolture en plus. A Vila-Matas également, qui signe d’ailleurs la préface de l’édition française.
Rodrigo Fresán, jamais avare de pistes, désigne d’ailleurs volontiers certains de ses fétiches littéraires : Philip K. Dick, Kurt Vonnegut, John Cheever.
Athènes. Avril 2009. "Les dieux grecs n'aimaient plus les Grecques."
Où quand des collisions se produisent ailleurs que parmi les hadrons…
Je quitte Athènes un dimanche d’avril, de retour de Patmos. Sur le bateau, j’ai commencé la lecture de La Vitesse des choses. Je souhaite que ce voyage ne finisse jamais. Du moins tant que je n'aurai pas terminé ce livre…
Je quitte Athènes un dimanche d’avril, de retour de Patmos. Sur le bateau, j’ai commencé la lecture de La Vitesse des choses. Je souhaite que ce voyage ne finisse jamais. Du moins tant que je n'aurai pas terminé ce livre…
Dans l’aéroport Eleftherios Venizelos, je tiens la rampe, le livre à la main. Mutisme complet. Coupé du monde.
L’avion décolle. Je jette un regard distrait sur la ville qui s’éloigne. Je n’ai pas aimé cet endroit. Malgré l’Acropole, le Pirée, le poids de l'histoire, les hommes libres, etc…
Nous sommes placés sur orbite. Retour à la page 218 de La Vitesse des choses et, là, je n’invente rien :
« J’ai vite compris qu’Athènes était comme une maison où l’on vient de faire une fête effrénée qui a duré des millénaires. Tout avait été ravagé, les invités étaient partis pour ne plus revenir. Verres cassés, cendriers débordant de mégots. Si elle devait se poursuivre, la fête allait continuer ailleurs, là où les dieux pourraient encore féconder des vierges mortelles. Les dieux grecs n’aimaient plus les Grecques. «
Le livre Rodrigo Fresán, La Vitesse des choses, Les éditions Passage du Nord-Ouest, 637 p.
Bio express Il a déjà été dit quelque part que Rodrigo Fresán est né mort. C’était à à Buenos Aires en 1963. Pourtant, Rodrigo Fresán vit toujours. A Barcelone aujourd’hui. Journaliste pour de nombreux medias, il écrit sur la musique, la critique littéraire, le cinéma, la gastronomie.
PS : non, non, ce n’est pas un de mes pseudos… Désolé !
5 Comments
… Ca manque de basse, sans cette ville http://www.youtube.com/watch?v=V...
Quant cet Amour de Jacques parle de pseudo, de quoi parle t’il ? De l’auteur du livre ou de l’auteur du tag ?
Donzelle, c’était juste pour dire que je ne m’appelle pas Fresan… Ah ah ! Car vu l’éclectisme de nos démarches respectives (littérature, critique littéraire, musique, critique gastronomique), d’aucun(e) auraient pu être tenté(e)s par le rapprochement. En tout cas, moi, j’y ai pensé mais, évidemment, Fresan a un talent immense que je lui envie…
A la vitesse certains opposent la lenteur, mesurée et cruciale, qui les sauve et les projette pourtant vers d’impensables sommets … qui vous étreignent tout autant, je crois, Jacques !
Une ibère cette fois !
http://www.liberation.fr/depeche...
L’ibère est rude … 🙂