J’apprends que le château de La Louvière, tel que nous le voyons aujourd’hui, fut édifié par Jean-Baptiste Mareilhac sur des plans de François Lhôte ; la décoration fut l’œuvre de François Lonsing, peintre flamand réputé, élève de Geeraerts, qui peint six panneaux en grisaille illustrant les amours de Psyché ainsi que le plafond polychrome du grand salon. Hélas, Lonsing ne terminera pas son œuvre. Atteint de saturnisme à cause des pigments toxiques, le malheureux meurt en tombant de son échelle en 1799… C'est un autre peintre, Lacour, qui terminera l'œuvre.
Bien plus tard, en 1920, le Bordelais connaît une grave crise viticole, l’intérieur du château est dépecé; les boiseries (les « grisailles ») sont vendues à un brocanteur qui les entrepose dans une écurie, à proximité d’un âne… André Lurton mettra près de trente ans à les retrouver, miraculeusement intactes.
J’ai terminé la dégustation des vins de Pessac et de Léognan et j’écoute, fasciné, le récit de cette quête, les transformations successives, l’argent englouti pour redonner à La Louvière son lustre d’antan, ses meubles, ses tableaux d’origine, comme si le temps s’était arrêté, en cette fin du XVIIIe, au moment où Bordeaux, tout à ses fastes et à sa gloire, se rêve éternelle, avec son commerce florissant, son port de la lune animé d’où partent cargaisons de vins à destination du monde et bateaux négriers…
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