Le film est actuellement en phase de montage ; il devrait sortir à la fin de cette année…
De quoi a-t-on parlé ? Sans trop déflorer le sujet, disons qu’il fut question, de thèmes qui me tiennent à cœur, comme le caractère vital de tout grand vin ; de la pérennité des gestes ; de l’héritage de la durée et des entêtements de civilisation qui ont permis aux grands terroirs d’émerger au fil du temps.
De quoi a-t-on parlé ?
Une fois reconnus, vénérés, sacralisés presque, on a tendance à considérer ces derniers comme des absolus. Ce qu’ils ne sont pas. Comme l'illustre indirectement l'histoire des moines de Saint-Vivant : fuyant les envahisseurs normands, désireux de mettre à l’abri les reliques du saint éponyme, ceux-ci arrivent à Vergy, en Bourgogne, vers la fin du IXe siècle.
Le 13 novembre 1131, le duc de Bourgogne cède à l’abbaye de St-Vivant un certain nombre de terres incultes sur Flagey et sur Vosne. Des champs et des bois que les moines vont planter en vignes et enclore. Surgiront, non par enchantement, mais par abnégation, une série de clos : le Clos des Neuf-Journaux, le Clos des Quatre-Journaux et le Clos des Cinq-Journaux qui sera loué en 1241 par bail emphytéotique, puis vendu en 1651 à la famille Croonenbourg. Ce Clos des Cinq-Journaux, qui durant un certain temps a également porté le nom de Cros des Cloux, deviendra en 1760 la Romanée-Conti.
En attendant le Graal du Vin, quatre saisons à la Romanée-Conti, voici un reportage sur la DRC où Fabio Rizzari, grand dégustateur italien, pénètre dans le saint des saints avec une émotion bien visible et légitime.
Question : si dès l’origine la magie de la future Romanée-Conti s’était imposée aux palais des moines avec évidence, l’eussent-ils louée puis cédée ?
Robert Vifian, restaurant Tan-Dinh.
Cette question, j’aurais pu la poser à Robert Vifian, grand amateur de Bourgognes, en son fief du Tan-Dinh, où m’attendait deux merveilles : un Meursault-Genevrières 2001 de Lafon et Chambertin 2006 de Rousseau.
L’occasion de vérifier qu’avec les Rouleaux de canard aux kumquats le Genevrières 2001, épanoui et racé, avait du répondant et que le Chambertin de Rousseau – que certain célèbre convive américain du Tan Dinh trouve trop léger – est somptueux de complexité et de raffinement aromatique.
Le boeuf Tan-Dinh, servi avec une sauce composée de sept épices (cannelle, badiane, girofle, macis, gingembre, etc) additionnée de miel, wasabi, jus de citron et soja.
Avec les Raviolis vietnamiens et le Filet de Bœuf Tan-Dinh, il tient sa partition avec un brio majestueux. Il fallait reprendre hélas l’avion. La vie a parfois d’étranges raccourcis : à notre table, deux convives, qui devaient ignorer jusqu’au nom d’Armand Rousseau, évoquaient avec emphase une Course de chevaux libres à Rome, un Géricault à la poursuite duquel ils étaient lancés : ils avaient cru le voir dans la vitrine d’un galeriste voisin et, dans l’excitation de la découverte, étaient venus étancher leur soif au Tan Dinh. Imperturbable, mon auguste commensal, le nez dans son Chambertin, laissa fuser ce jugement sans appel :
– A votre place, je ne poursuivrais pas une telle chimère… J'ai vu ce tableau hier soir, à 17h00 ! C’est effectivement un Géricault : le dessin est authentique, mais il est sans intérêt. Goûtez plutôt ce que vous avez dans votre verre !
Le restaurant Tan Dinh
60, rue de Verneuil Paris
T. 01 45 44 04 84
Métro 12 Solférino
Tous les jours sauf le dimanche de 12h à 14h et de 19h30 à 23h.
8 Comments
Ah que nous attendons, fébrile, de voir ce que cela donne, et de pouvoir déguster ce reportage…
Avec de tels intervenants, avec un tel sujet, je n’ai aucunement peur du résultat, je me demande juste à quel point ce reportage va me rendre plus encore, fou de DRC…
Personnellement, je n’ai eu la Chance que d’en partager une avec ma famille, La Tâche 84…et dire qu’on m’a rétorqué que c’est un petit millésime…mais qu’est-ce qu’un Grand alors ?
On l’a bu sur des bécasses….encore une hérésie vont penser certains, tant pis, nous on en avait envie.
N’en déplaise à certains, je me permets de mettre mon article en lien/
secretsepicure.blogspot.c…
Si cela vous embête Mr Perrin, vous pouvez l’enlever.
Merci à vous, et aux autres, de toujours nous donner envie de meilleur !
Sait-on où et via quel médium ce film sera diffusé, Jacques ?
Robert est surtout branché art-moderne, non ?
Le célèbre convive préfère-t-il Harlan Estate, Screaming Eagle, Pingus ?
J’ai encore le souvenir ému de la dégustation des vins du DRC, sur 2007 et 2008 ainsi que des Chambertins 2000 et 2001 : le pinot à son apogée (et certains des plus grands rouges du monde) !
Je pense que le film sera diffusé à la TV et par DVD.
Pour Harlan, Sreaming Eagle and co, c’est bien vu ! Question de densité (ou d’épaisseur…) sans doute !
Jacques,
Question d’approche du vin, avec du gras, du sucre, de l’alcool, un fort goût de chêne.
On trouve cela en France aussi, en Espagne, dans une quête sensationnaliste lassante, pour des breuvages aussi chers qu’écoeurants.
Vous parlez de ketchup ?
Sinon, j’aime bien la photo d’Armand Borlant !
Monsieur Aubert de Villaine en gardien du temple…
J’ai rajouté un reportage sur une visite à la DRC. C’est un régal que de les voir découvrir ce lieu mythique. Seuls les Italiens savent parler avec une telle gourmandise d’un vin, fût-il le plus renommé du monde ! Merci Fabio Rizzari !
Le film sera visible sur France 3 le Lundi 24 janvier à 00.35
programmes.france3.fr/doc…
Amicalement,
Oliv