J’aurai donc tout loisir de corriger « mes épreuves » – peut-être un livre demain ? Je croyais l’avoir terminé il y a quatre mois déjà, après l’avoir confié à mon Aristarque. Ses remarques (judicieuses) m’ont fait reprendre la main à l’ouvrage, rouvrir le chantier, bouleverser la distribution originelle des chapitres, trop ordonnée, linéaire. Réintroduire un peu de folie dans la composition d’un récit dont l’objet lui-même excède les limites, n’est-ce pas tenter un drôle de pari ? Questions techniques dont la solution apparaît au fil des mois, de l’écriture, comme est déjà apparue la solution à la question des voix narratives utilisées.
Pendant ce temps, j’écoute la septième symphonie de Bruckner dans l’interprétation somptueuse qu’en a donnée Sergiu Celibidache, le plus mallarméen des grands chefs d’orchestre, avec les Münchner Philarmoniker en septembre 1994. Ces grandes arches sonores déployées avec ses tempi étirés, si larges, presque insolents, cette grâce souveraine, mystérieuse. Je réécoute l’Adagio, sehr feierlich und sehr langsam, tel qu’a dû le rêver Bruckner lui-même, comme un flux ininterrompu, une montée en puissance, une intensité continue, un plateau musical : 20.23, le mouvement s’amplifie, une multiplicité ordonnée autour d’un thème unique ! 21.48 le motif s’allonge encore, brille d’un éclat adamantin, jette ses derniers feux, les Wagner-tüben résonnent dans la profondeur : le maître va disparaître !
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