Restaurants
Le meilleur du moment…
Publié Le 9 décembre 2009
Et c’est parti pour une refonte des fondamentaux sous le titre « Le meilleur du moment » ! Bien vu !
 
Pas d’autre révélation à chercher ici que celle de l’évidence pure, du produit vrai et de l’interprétation juste.
 
Ou alors, on entame d’autres pèlerinages, plus débridés, vers des monts Kailash de la gastronomie. A genoux.
Nous, pour l’heure, nous sommes ici, rassérénés. On commence avec quelques  frivolités apéritives (saumon-pistache, pomme de terre-raifort, gelée de poisson, piperade au noir de seiche, céleri croquant-craquant). Histoire d’engager la conversation avec une flûte de Blanc de blancs 1999 Delamotte.

Déboule cette merveille, inspirée-revisitée, le Bouillon mousseux de châtaignes, truffe blanche d’Alba râpée – Aiguillettes de poule faisane pochée

Puis, avec son petit air fusion, bien fait mais égaré dans l’univers dutournien,  Le homard bleu vapeur, royale coraillée, pince en rouleau croustillant – Julienne potagère, herbes parfumées – nougatine d’ail doux se laisse apprivoiser par un somptueux Chablis les Clos 2001 de Dauvissat !

Et comme au Carré des Feuillants, tout va par trois, tout est dialectique, on goûte à ce songe sylvestre, fûté et diantrement goûteux, autre grand classique des moments civilisés :
Le cèpe mariné, le chapeau poêlé, le pied en petit pâté chaud – Pulpe en émulsion et lame de cèpe séchée au four
 
Un solide et cossu Châteauneuf-du-Pape 2005 de Laurent Charvin a pris ses quartiers à l’air libre et déploie ses fastes sans jouer les farauds. C’est sûr, voici venu moment est venu d’approfondir le moment qui passe.
 
 
Ce sera avec ces Deux envies de lièvre, quelques gourmandises du braconnier –  râble simplement servi rosé en médiéval « saupiquet » et  en prestigieuse « Royale » avec truffe et foie gras

Et les desserts ? Les lecteurs les plus assidus de ces chroniques savent que, très rarement, je grimpe au chandelier avec eux. Ici, pourtant, ce fut l’apothéose mais, je vous l’avoue, c’était presque gagné d’avance : les marrons glacés, j’addoooore !

 

Perles de mangoustan, marrons glacés
Parfait vanillé, gelée de rhum, chocolat croustillant
 
L’adresse : Carré des Feuillants, 14 rue de Castiglione, Paris. T. 01 42 86 82 82. Plus de détails ici.
Fermé le samedi et dimanche.

Et puis, pour finir en beauté, juste en face, à un jet de pierre de la colonne Vendôme, au Louvre, se tient en ce moment une exposition magistrale, un choc, un éblouissement : Titien, Tintoret et Véronèse. A ne manquer sous aucun prétexte !

 
On peut y admirer, notamment,  la fameuse Suzanne et les vieillards (vers 1555) du Tintoret, glacis nettoyés (trop !), gommage et pâleur de rescousse au milieu de regards dont on ne dira pas qu’ils sont neutres.
 
Ou la mystérieuse Allégorie conjugale (vers 1530-1535) du Titien : retrait, détachement, stupeur et mort annoncée. La même mort qui est comme à l’œuvre dans le portrait par Véronèse de l’Amiral Agostino Barbarigo (vers 1571).
 
Tué à la bataille de Lépanthe, ce dernier tient la flèche qui le traversa sans doute et semble nous regarder d’outre-tombe.
 
A propos de la rivalité et de l’émulation qui exista entre ces trois grands peintres, Giorgio Vasari, dans Le Vite de' più eccellenti pittori, scultori e architettori, écrivait ce qu’il faut toujours en penser.
« Quand la nature crée un homme éminent en un domaine, elle ne le crée généralement pas seul, mais lui suscite en même temps un rival, afin qu’ils puissent profiter mutuellement de leurs talents et de leur émulation. »

Cela demeure toujours d’actualité. Seules les vertus de l’émulation ont changé…

 
Cherchez  votre rival ! Il existe nécessairement…
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Auteur

Jacques Perrin

De mon passé de philosophe, j’ai hérité cette intuition que sapientia et saveur partagent la même origine. Des livres et des rencontres qui m’ont aidé à devenir ce que je suis, je garde tout : le sillage patient de la durée, l’inattendu et le meilleur. « Un rêve sans étoiles est un rêve oublié » Nos étoiles sont filantes et nos mémoires sont labiles. Du monde du vin et de la gastronomie, j’aimerais raconter les instants, les nuances subtiles et le bonheur dansant qui s’empare de nous quand nous rencontrons une forme de perfection. Il n’est pas nécessaire de publier un journal extime pour exister. Ce blog n’est pas un blog spécialisé pour wine geeks. Il est d’abord un lieu d’échanges, une série de passerelles, un réseau ouvert. Bienvenue sur les Mille Plateaux !

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Nicolas Herbin
10 décembre 2009 at 7 h 18 min
Répondre

Et il y a quasiment un an : blog.cavesa.ch/index.php/…

Certains s’en rappellent comme si c’était hier.

Va savoir, Charles… (copyright Psdt barbu)

Même le "Saint" Thomas était là !


Paul
10 décembre 2009 at 8 h 19 min
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Je plussoie concernant l’exposition !

Une des deux essentielles en ce moment sur Paris, avec Soulages chez Pompidou ou je me suis régalé de cette lumière noire.


Pascal Henry
10 décembre 2009 at 11 h 15 min
Répondre

La première fois,me donner simplement l’envie de revenir,rien d’autre.
Beaucoup y arrivent,d’autres pas.
Je ne m’assoirai plus au Carré des Feuillants.


Jacques Perrin
10 décembre 2009 at 12 h 07 min
Répondre

Oh là, là, Pascal, que s’est-il passé ? On t’aurait mal reçu ? Comment est-ce possible ? Alain Dutournier est pourtant un homme d’une grande amabilité. Voir ici ce portrait de lui bien brossé et ça n’est pas que dans le sens du poil !
madame.lefigaro.fr/cuisin…


Pascal Henry
10 décembre 2009 at 13 h 28 min
Répondre

Jacques,
D’une grande amabilité sélective,je ne devais à l’époque pas être suffisamment important pour qu’il daigne simplement me saluer.
Pourtant je n’avais pas hésité à l’époque,à écorner quelque peu mon budget pour boire un Hermitage blanc de chez Chave.
Je sais rester objectif et passer au dessus d’une frustration.Mais quand on se montre dans son établissement,soit on salue tout le monde,soit on ne salue personne.
Sa cuisine,que me reste-t-il comme souvenir,sinon celui d’un cuisinier qui s’est renié pour satisfaire un égo et penser qu’un jour il pouvait tutoyer l’excellence.Il a tout d’un très bon,mais rien d’un grand.
C’est mon avis,il n’est peut-être pas partagé,mais c’est le mien.Et je respecte celui des autres qui pensent le contraire.


Agence Clair De Lune
11 décembre 2009 at 15 h 52 min
Répondre

Bonjour,

Dans le cadre du Wine Blog Trophy 2010 qui a lieu durant le Salon de Vins de Loire, nous aurions besoin de quelques informations complémentaires afin d’éventuellement présélectionner votre blog.
Pourriez-vous s’il vous plait nous transmettre le nom du rédacteur, sa profession, un contact email et un numéro de téléphone?
Merci d’avance.

Bien cordialement,

Agence Clair de Lune pour le Salon des Vins de Loire
3 grande rue des Feuillants – 69001 LYON
Tél. 04 72 07 31 90 – Fax. 04 72 07 31 91
[SPAM: proposer son adresse aux robots collecteurs est imprudent] – http://www.clairdelune.fr


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