Accompagné par trois émérites vignerons de Barbaresco, je sens que ce n'est pas aujourd'hui que je sombrerai dans l'ennui… Bruno Rocca avec son allure de footballeur à la retraite, la Juve de préférence. Je le connais depuis ses débuts et j’ai suivi son ascension, dans le vin, pas dans le calcio !Très fin dégustateur, même s’il continue à fumer comme un pompier cypriote, Bruno produit de grands vins depuis une vingtaine d'années sur son terroir fétiche de Rabajà (nez admirable de truffe et de rose au vieillissement) et, depuis peu, sur les terroirs de San Cristoforo à Neive et de Pajoré à Treiso, sous le nom de fantaisie de Coparossa. L'ancien propriétaire du Pajoré s'appelait Arossa… En 2004, Bruno a ciselé de véritables bombes et son Rabajà pourrait bien déterminer l’aune à partir de laquelle il faudra désormais évaluer un grand Barbaresco ! Mais attention, il y a de la concurrence sur le terrain. Outre le grand Angelo Gaja, il faut compter également avec deux autres viticulteurs qui sont également mes commensaux aujourd’hui : Rino et Andrea Sottimano, le père et le fils, unis dans une superbe complicité pour tirer de leurs différents terroirs des Barbaresco de grande expression. Quand on sait que le jeune Andrea ne jure que par la Bourgogne, qu’il adore le Chablis et les Meursault de Roulot, que Bernard Dugat-Py est devenu son pote, on comprend mieux la légitime ambition qui le taraude et l’a jeté dans cette quête. Exprimer la personnalité singulière de ses crus : le Fausoni, typique de Neive, très balsamique, menthe, réglisse, avec du minéral. Neive, c’est le minéral et le velouté explique Andrea. Le Barbaresco Pajoré qui vient de Treiso. La moitié de ce cru appartient à Gaja et comme l’homme a des goûts plutôt sûrs, on ne peut que confirmer le potentiel de ce terroir d’altitude. Très classique, très Barbaresco, un peu sévère en jeune âge, goudron, épices. Le Barbaresco Curra, en provenance d’une autre zone historique de Barbaresco (Giacosa achetait une partie de ses raisins ici). Le style de ce cru est une synthèse parfaite entre la fermeté d’un Barbaresco et le velouté-balsamique d’un Neive. C’est un vin remarquable auquel les vieilles vignes confèrent une dimension supplémentaire. On pourrait le prendre à l’aveugle pour un Barolo…
On termine avec le Barbaresco Cotta, un cru idéalement situé dans le prolongement du Rabajà et d’Assili. Très Barbaresco, très fruits noirs, épices, d’une minéralité et d’une élégance supérieures. Le 2004 est sublime ! C’est la première vigne achetée par Rino lorsqu’il est venu s’installer dans la région : elle a aujourd’hui 50 ans.
Il tombe sous le sens qu’avec un tel aréopage, il va falloir serrer les coudes et bien se tenir à table. Je choisirai donc les vins. Après une flûte de Ca’ del Bosco, on commence par un Timorasso 2006 de Vigneti Massa, ce blanc de la zone d'Alessandria produit à partir d'un cépage indigène, le timorasso. Une curiosité, décrète Bruno Rocca, c’est un bon vin, c’est le maximum de ce que l’on peut faire avec ce cépage ; de toute façon, le Piémont n’est pas un grand terroir pour les vins blancs… Passons à autre chose. Ce sera à l’aveugle, servi en carafe. On dirait un Barbaresco… ou alors c’est un vin de La Morra… Quant au millésime, je dirais un 1999… qu’est-ce que tu dis toi ? Plus vieux ? Après moult tâtonnements, on se rapproche du cœur de la cible mais personne n’a pensé à Vietti, le producteur. C’est un Barolo Brunate 1997 de Vietti, un vin de grande classe, splendide à déguster aujourd’hui avec ses notes de suie, de réglisse, de tabac blond et sa bouche d’une grande finesse : le Brunate est à la Morra ce que le Musigny est à Chambolle-Musigny.
On termine avec le Barbaresco Cotta, un cru idéalement situé dans le prolongement du Rabajà et d’Assili. Très Barbaresco, très fruits noirs, épices, d’une minéralité et d’une élégance supérieures. Le 2004 est sublime ! C’est la première vigne achetée par Rino lorsqu’il est venu s’installer dans la région : elle a aujourd’hui 50 ans.
Il tombe sous le sens qu’avec un tel aréopage, il va falloir serrer les coudes et bien se tenir à table. Je choisirai donc les vins. Après une flûte de Ca’ del Bosco, on commence par un Timorasso 2006 de Vigneti Massa, ce blanc de la zone d'Alessandria produit à partir d'un cépage indigène, le timorasso. Une curiosité, décrète Bruno Rocca, c’est un bon vin, c’est le maximum de ce que l’on peut faire avec ce cépage ; de toute façon, le Piémont n’est pas un grand terroir pour les vins blancs… Passons à autre chose. Ce sera à l’aveugle, servi en carafe. On dirait un Barbaresco… ou alors c’est un vin de La Morra… Quant au millésime, je dirais un 1999… qu’est-ce que tu dis toi ? Plus vieux ? Après moult tâtonnements, on se rapproche du cœur de la cible mais personne n’a pensé à Vietti, le producteur. C’est un Barolo Brunate 1997 de Vietti, un vin de grande classe, splendide à déguster aujourd’hui avec ses notes de suie, de réglisse, de tabac blond et sa bouche d’une grande finesse : le Brunate est à la Morra ce que le Musigny est à Chambolle-Musigny.
Le menu
Pepperone di Carmagnola, bagna cauda et topinambour cru
Une bagna cauda comme ça, d’une fougue parfaitement contenue, en contrepoint de la suavité des poivrons et le craquant noisetté des topinambours crus, c’est tout simplement géant !
Calamaretti sautés, sauce lime-citron, salade de jeunes pousses d’épinards et chips de topinambour
Très beau plat, tonique, bien enlevé, qui vous titille juste ce qu’il faut pour la suite.
Risotto au safran, poudre de réglisse, beignet de fleur de courgette
Somptueux ce risotto : cuit à la perfection dans un bouillon de volaille safrané sans excès de corps gras avec ce contrepoint réglissé et le croustillant de la fleur de courgette. Bien vu ! On est loin du classicisme hiératique dans lequel, sous la pression des visiteurs étrangers, s’enferme la cuisine piémontaise.
le Pigeon voyageur
Cette préparation qui débarque sur votre assiette engoncée dans une enveloppe by air mail a un petit air de déjà vu… Denis Martin serait-il passé par là ? Cela dit, le pigeon est excellent, cuit saignant, mais le fin du fin, c’est la préparation qui l’escorte, sa cuisse farcie d’un hachis composé à partir du foie, façon tartine de bécasse. Là, c’est grandiose. Avec le Brunate en ligne de mire, on versera tout à l’heure, en silence, quelques larmes de bonheur…
Et toujours l’incomparable plateau de fromages du Tornavento. Mauriglio en affine une partie lui-même dans sa cave. Du Roccaverano au Castelmagno en passant par le Seirass ou le Taleggio, tout est exceptionnel !
Déjà la route qu’il faut reprendre et quatre heures devant soi pour savourer ces moments de grâce en écoutant la Cinquième de Malher dirigée par P. Boulez…
5 Comments
Mahler en quittant le Piémont : c’est du brutal ! Tu n’as pas fait dans le Giacosa ce jour là !
On te mitonne un commentaire idoine plus tard dans la journée !
Et que les Haineux anonymes se taisent ! Raz le bol des médiocres qui cachent une haine jalouse derrière l’anonymat si prospère en 1942.
Effectivement, nous étions au septième ciel au Ciau del Tornavento, le 1er novembre! Les six plats du menu dégustation ont été tous accompagnés d’un verre de vin du Piémont judicieusement choisi (tu pourras me demander lesquels). Merci Jacques pour cette fabuleuse adresse!
Tu as raison, Michel. Un motif supplémentaire pour dire à tous les amoureux d’une belle cuisine lumineuse, à la fois ancrée dans son terroir mais évolutive en même temps : si vous ne connaissez pas la Ciau del Tornavento à Treiso, allez-y toutes affaires cessantes ! Je mets les coordonnées sur le blog.
J’ai trouvé votre adresse sur le site de François Simon. Après ce que vous en écrivez, la Ciau del Tornavento me tente beaucoup et je sens qu’un de ces jours une escapade dans le coin s’imposera
Je suis allé plusieurs fois à la Tornavento …la dernière fois avec le club de Chambéry ( plus de 50 personnes ) …la cave est magnifique, mais moi j’ai un petit faible pour la belle Nadia !!
Je suis également un fidèle client du Cave S A .: ..pas plus tard que ce mercredi après midi pour acheter les 2004 de B Rocca et Sottimano !!!. Avec la baisse du franc Suisse , plus besoin de courrir en Italie .
Et comme Rostaing" Landonne " et C B étaient encore présentes …j’ai craqué !!
Toujours un accueil chaleureux à Gland de toute l’équipe .