Heureusement qu’ils existent, ces talapoins de l’abstinence, ces empêcheurs de fumer en rond et de boire en Suisse, ces trafiqueurs de statistiques : que deviendrions-nous sans eux, sans leurs ukases, leur code de conduite et leurs prescriptions ? Devrions-nous nous préoccuper d’accéder seuls au bonheur ?
Je leur suggèrerais pourtant de s’inspirer des Pères de l’Eglise qui, au Moyen Age, avaient imaginé contracter sobriété et ébriété dans un néologisme afin de lutter contre l’addiction des moinillons, tout en ne les sevrant pas totalement du sang christique.
Je pourrais aussi les inciter à regarder le monde du vin autrement qu’à travers le prisme de merlan frit qui leur sert de binocle. Ils comprendraient peut-être que la culture du vin est une parade très efficace contre l’alcoolisme, que confondre deux plans aussi différents que celui du vin et des alcools relève soit de la mauvaise foi, soit d’un esprit embrumé.
« Boire mieux, c’est boire moins », voilà le vrai slogan auquel ils n’ont pas pensé.
Je pourrais aussi les inciter à regarder le monde du vin autrement qu’à travers le prisme de merlan frit qui leur sert de binocle. Ils comprendraient peut-être que la culture du vin est une parade très efficace contre l’alcoolisme, que confondre deux plans aussi différents que celui du vin et des alcools relève soit de la mauvaise foi, soit d’un esprit embrumé.
« Boire mieux, c’est boire moins », voilà le vrai slogan auquel ils n’ont pas pensé.
En attendant, l’ANPAA, pourtant déboutée une première fois par les tribunaux français, vient d’avoir gain de cause en faisant interdire la campagne d’Interloire sur le thème « Bande de jeunes ». L’affiche incriminée vantait les vertus du Cabernet d’Anjou sur les thèmes « qui ose dire que jeunesse ne rime pas avec délicatesse ? » et « enfin des jeunes qui ont du goût !». Plusieurs années de procédure, d’analyses sémiologiques, d’interprétations contradictoires et d’arguties juridiques ont permis aux juges de rendre leur verdict.
Ce n’est qu’un début, poursuivons le combat ! doivent se dire les ayatollah du goût. Dans le même camp, mais avec une logique étrange, Microsoft s’est fendu récemment d’un courriel aux clients de sa régie publicitaire les informant qu’ »Internet ne fait pas partie des supports d’information autorisés à diffuser des messages publicitaires ayant trait à l’alcool. Par conséquent, nous avons le regret de vous informer que vos mots-clés et annonces promouvant la vente de vin en ligne vont être désactivés d’ici la fin du mois de mai.»
Demain, peut-être, sous l’action conjointe de l’ANPAA et de Microsoft, assistera-t-on à l’arraisonnement et à la neutralisation de tous les poètes éthyliques qui un jour ont cherché leur inspiration ailleurs que dans les décrets, fussent-ils divins :
Maudit soit qui languit en vain :
Ces vieux Médecins je n’appreuve :
Mon cerveau n’est jamais bien sain,
Si beaucoup de vin ne l’abreuve.
Pierre Ronsard
Viens, les Vins vont aux plages,
Et les flots par millions !
Vois le Bitter sauvage
Rouler du haut des monts !
Arthur Rimbaud
5 Comments
On l’a compris depuis longtemps : c’est l’application rigoureuse et absolue du nivellement par le bas en partant du principe simplissime et si stupide qui est : puisqu’on ne peut éduquer, sanctionnons, punissons.
Comme je l’ai écrit plusieurs fois, il est évident que personne ne souhaite connaître les statistiques réelles de l’alcoolisme, à savoir à partir de quelle boisson ingurgitée des inconscients sont à l’origine des accidents de la route, puisque c’est de cela qu’il s’agit.
Il est bien évident que personne ne viendra défendre l’abus d’alcool AVEC reprise d’un volant.
Bon sang de bon soir, n’ai je pu le droit de diverger d’une morale lamentable qui s’en prend à la notion même de plaisir ?
Mais quelle est cette religion qui ordonne ainsi ? Combien de fois faudra t’il dire qu’on trouve des alcoolismes inquiétants dans les pays qui ne produisent pas de vins, qui ne sont pas consommateurs naturels de vins ?
Et, dans tout ce fatras qui nous amène tout droit à la prohibition, le plus coupable n’est-il pas le secteur viticole qui, incapable de s’unir, a laissé passer cette loi evin qui est une véritable tâche sur la culture française dans ce qu’elle avait de plus vivant ?
J’arrête, car les haineux, les vindicatifs, les malfaisants cherchent déjà dans les livres de droit comment nous poursuivre en justice pour interdire simplement notre droit à vivre comme nous le souhaitons, sans naturellement, faut-il le répéter, mettre la vie d’autrui en danger comme n’hésitent pas à le fair
… à le faire nos politiques et militaires qui n’ont guère d’état d’âme à envoyer des jeunes comme chair à canon ?
Bordel de bordel : on a fait des révolutions pour moins que ça !
Le lobby anti-vins commence à devenir très préoccupant en France. Sous couvert de moralité publique, on est en train de mettre à bas toute une culture, celle dont nous sommes les héritiers, et tout ça parce que ces organisations et certaines strates politiques sont le fief d’alcooliques repentis.
Sur ce même thème, j’apprends que Franz-Olivier Gisbert s’est légitimement emporté dans Le Point :
"La Cour de cassation a fait fort aussi, dans le genre, en condamnant, dans un arrêt du 22 mai, une publicité pour les vins du Val-de-Loire : « Cabernet d’Anjou. Qui ose dire que jeunesse ne rime pas avec délicatesse ? » Plus qu’une faute, un crime. Il fallait en effet sévir de toute urgence. Mais quelle est cette société qui met tant d’eau dans son vin qu’il n’y aura bientôt plus de vin du tout ?
Dans la foulée, la Cour de cassation devrait interdire la vente de la Bible, où l’on peut lire plusieurs éloges appuyés du vin, dont il est toutefois recommandé de ne pas abuser. Saint Paul conseille même d’en boire pour se soigner l’estomac. Le sucre aussi est mauvais pour la santé, on attend maintenant les interdictions de célébrer les glaces, les tartes ou les gâteaux, puisque la justice a un avis sur tout."
Amateurs de vins de tous les pays, ne vous laissez pas dicter l’économie de vos plaisirs !
M. Mauss, j’ai grand-peine à suivre vos raisonnements sur la consommation abusive d’alcool que vous exposez de manière récurrente sur Mille Plateaux ainsi que sur votre blog personnel.
Affirmeriez-vous que le problème de l’alcoolisme ne se réduise qu’aux personnes prenant le volant après avoir consommé de l’alcool en excès ?
Avanceriez-vous que ces mêmes personnes ne sèmeraient morts et désolations sur nos routes qu’après avoir ingurgité anisettes et digestifs, le vin étant lui mis hors de cause dans ces funestes agissements ?
Et lorsqu’un vous parlez d’éducation, croyiez-vous réellement qu’une personne à qui l’on a appris à apprécier les bonnes choses et qui peut se permettre de boire des premiers crus classés comme vin de table aura une consommation plus raisonnée qu’un simple quidam se fournissant au supermarché du coin en vin à 10 CHF la bouteille ?
Permettez-moi d’en douter. S’il suffisait d’expliquer aux individus comment discerner le beau du vrai afin de leur éviter de s’égarer du droit chemin et bien nous vivrions depuis longtemps dans le meilleur des mondes possibles. D’autre part, vous avez l’air d’ignorer systématiquement le poids financier et surtout social engendré sur leur entourage par les personnes dépendantes.
En conclusion, car les caractères me sont limités, résumer la problématique de l’alcoolisme à des accidents de voiture reste pour moi une manière de procéder autant irresponsable que d’en trafiquer ses statistiques.
Bien à vous, M. Mauss.