Faut-il vraiment sauver le soldat Pinard ?
Tout ça n'est guère apparenté à du bon vin. Juste du pinard… Ou de la piquette… Ou de la vinasse (comme on dirait pouffiasse, dégueulasse, connasse…).
On peut aussi dire, parlant du vin mauvais, de la vinoche ou du picrate qui, selon J.L. Calvet, viendrait du piccolo, autre mot pour le vin. D’où picoler suit en toute logique…
Tout ça n'est guère apparenté à du bon vin. Juste du pinard… Ou de la piquette… Ou de la vinasse (comme on dirait pouffiasse, dégueulasse, connasse…).
On peut aussi dire, parlant du vin mauvais, de la vinoche ou du picrate qui, selon J.L. Calvet, viendrait du piccolo, autre mot pour le vin. D’où picoler suit en toute logique…
Beaucoup de boissons alcoolisées ont leur nom à elles : par exemple l'eau-de-vie, c'est souvent de la gnôle, du rouge c'est du rouquin (pas très courant), du beaujolais, c'est du beaujolpif.
– Qu'est-ce que tu préfères, un apéro, un coup de rouge ? C'est du rouquin-maison… (Céline).
– Qu'est-ce que tu préfères, un apéro, un coup de rouge ? C'est du rouquin-maison… (Céline).
L’ivresse des mots
On boit beaucoup entre deux mots : on picole, on se bourre (la gueule) ou, rare mais énigmatique, on se bourre comme un coing. Il existe une variante "se péter la gueule » ou « se camphrer la ruche. »
On biberonne aussi (il y a l'idée de la régularité), comme un enfant qui suce son biberon, nous disons avec un sens différent, on tète (est dit de celui qui ne lâche pas de téter, c'est toujours l'enfant qu'on met en cause, il tète sa mère, il tète son biberon) ; on siffle, on s'en jette un (dans la trappe, dans le col, dans le plomb etc. et bien sûr, on le fait rapidement).
On s'en envoie un (derrière la cravate, parfois). On écluse (une écluse est appelée à faire passer de l'eau, ça peut être quelque chose de plus fort), on pompe, on se torche. Il paraît que se torcher, se bourrer la gueule s'utilise plutôt à la première personne (genre: qu'est-ce qu'on s'est bourré la gueule hier, je te dis pas…), tandis que picoler, biberonner etc. s'emploie plutôt à la troisième, en parlant des autres (il ne fait que picoler).
On boit beaucoup entre deux mots : on picole, on se bourre (la gueule) ou, rare mais énigmatique, on se bourre comme un coing. Il existe une variante "se péter la gueule » ou « se camphrer la ruche. »
On biberonne aussi (il y a l'idée de la régularité), comme un enfant qui suce son biberon, nous disons avec un sens différent, on tète (est dit de celui qui ne lâche pas de téter, c'est toujours l'enfant qu'on met en cause, il tète sa mère, il tète son biberon) ; on siffle, on s'en jette un (dans la trappe, dans le col, dans le plomb etc. et bien sûr, on le fait rapidement).
On s'en envoie un (derrière la cravate, parfois). On écluse (une écluse est appelée à faire passer de l'eau, ça peut être quelque chose de plus fort), on pompe, on se torche. Il paraît que se torcher, se bourrer la gueule s'utilise plutôt à la première personne (genre: qu'est-ce qu'on s'est bourré la gueule hier, je te dis pas…), tandis que picoler, biberonner etc. s'emploie plutôt à la troisième, en parlant des autres (il ne fait que picoler).
Si vous avez avalé plusieurs verres de trop la veille, si vous avez un mal de crâne, le diagnostic est simple : vous avez pris une biture (attention, biture est liée à l'idée de l'excès d'alcool, mais « à toute biture » à celle de l'excès de vitesse) ou une cuite (ce dernier mot étant plus fréquent) ou encore une pinte ou une mufflée (c'est une cuite à ne pas tenir debout).
Donc, logiquement on dira se cuiter ou, plus rarement, se biturer. Mais on peut encore se noircir, se poivrer ou se pinter (s'enivrer) ou pinter tout court (boire abondamment), avec toujours le danger de paraître vieux jeu ou trop provincial. Il y a aussi un charmant euphémisme: se piquer la ruche.
Donc, logiquement on dira se cuiter ou, plus rarement, se biturer. Mais on peut encore se noircir, se poivrer ou se pinter (s'enivrer) ou pinter tout court (boire abondamment), avec toujours le danger de paraître vieux jeu ou trop provincial. Il y a aussi un charmant euphémisme: se piquer la ruche.

Dans la banlieue parisienne, on boit autrement : on binouze, on fait sauter la gamelle, on se met un nez rouge, on se peint etc. Une expression qui n'a rien de familier, mais qui s'utilise beaucoup: boire comme un Polonais, c'est boire beaucoup. À l'origine, s'y ajoutait encore un sens supplémentaire: boire sans s'enivrer, qualité attribuée aux Polonais par Napoléon qui est à l'origine de cette expression.
Plus tard, dans les Tontons flingueurs, monsieur Fernand s’en souviendra, de la Pologne :
– J'ai connu une polonaise qu'en prenait au p'tit déjeuner… Faut quand même admettre qu'c'est plutôt une boisson d'homme.
– J'ai connu une polonaise qu'en prenait au p'tit déjeuner… Faut quand même admettre qu'c'est plutôt une boisson d'homme.
Mesures, demi-mesures et démesures.
Qu'est-ce qu'on écluse et qu'est-ce qu'on pompe ?
Un godet, un canon (les plus usuels, ce dernier étant à l'origine une mesure de capacité (1/16 l, pas grand-chose au fait), un glass (qui est plus rare).
On boit un coup, c'est-à-dire un verre; pomper un verre. Bien sûr, tous les verres ne sont pas pareils. Ainsi, un galopin est un petit verre de bière, une mariée aussi, un voyageur est un verre de blanc (et pierrot aussi), mais ces mots sont connus plutôt des Français qui ont l'habitude de lever le coude.
Un ballon (10 cl) pour le rouge (c'est le nom d'un verre de vin le plus ordinaire). Un formidable (50 cl) = 2 demis (25 cl) = 2 galopins.
Un ballon (10 cl) pour le rouge (c'est le nom d'un verre de vin le plus ordinaire). Un formidable (50 cl) = 2 demis (25 cl) = 2 galopins.
Mais si vos capacités le permettent, vous pouvez descendre un litron (toute une bouteille). Une boutanche est une bouteille de vin de 75 cl.
Un cadavre est une bouteille vidée, et certains "spécialistes" distinguent les bouteilles qu'on vient de vider et les bouteilles qui ont vécu jusqu'au lendemain d'une ripaille: celles-ci n'ont rien de cadavérique.
Un monocle est un verre reçu à l'œil, c'est-à-dire gratis.
Un cadavre est une bouteille vidée, et certains "spécialistes" distinguent les bouteilles qu'on vient de vider et les bouteilles qui ont vécu jusqu'au lendemain d'une ripaille: celles-ci n'ont rien de cadavérique.
Un monocle est un verre reçu à l'œil, c'est-à-dire gratis.
Quand on boit avec des amis, on peut dire qu'on prend un pot. D'ailleurs ça se dit aussi pour diminuer l'importance de l'événement: tu sais, chérie, on va juste prendre un pot avec des amis… On arrose le permis de conduire, la rentrée, l'approche des vacances, mais on va boire juste une goutte… Et de se lancer dans une saoulographie magistrale !

Le vin des vignerons : boire à la valaisanne, au barillet, c'est tout le contraire de boire en suisse…
Vignerons à la pause dans les vignes de Savièse (1947)
Photo Max Kettel, Médiathèque Valais-Martigny
Photo Max Kettel, Médiathèque Valais-Martigny
Mais on peut aussi boire en suisse, s'enivrer tout seul, ou encore se remplir son verre, mais pas celui du (des) copain(s).
Quand on écluse le verre d'un seul coup, on fait cul sec : il s'agit ici du cul du verre, de son fond, naturellement. Au contraire, si vous prenez votre temps pour finir votre consommation, vous sirotez votre vin.
Quand on écluse le verre d'un seul coup, on fait cul sec : il s'agit ici du cul du verre, de son fond, naturellement. Au contraire, si vous prenez votre temps pour finir votre consommation, vous sirotez votre vin.
Autre manière de boire consiste à trinquer à la Russe, on boit et jette son verre vide derrière soi. Ainsi, pas d’embarras…
Des noms d’ivrognes et d’oiseaux
Traitons-le de tous les noms: c'est un alcoolo, un poivrot, un soûlard ou soûlot. C'est aussi un pochard (ou sa variante usuelle chez les jeunes pochetrons ou pochtrons), un sac à vin, un biberon, un vide-bouteille, il a un trou sous le nez etc. Parmi les derniers arrivés sur la scène: éponge, lavabo (peut-être parce qu'on dit "boire comme un évier"), tout-à-l'égout…
L'effet est connu de tous : après deux-trois verres de vin, on a seulement un coup dans l'aile, on est parti, pompette (on l'entend dire par des personnes âgées, après le premier verre: Oh, je suis un peu pompette; on est gai, en goguette, ou l'on a un verre dans le nez (ce qui laisse perplexe : en France, on se met vraiment n'importe quoi dans le nez !) ; on est gris, noir, mais en principe à ce stade, le vocabulaire n'est pas varié, il s'enrichit graduellement.
Traitons-le de tous les noms: c'est un alcoolo, un poivrot, un soûlard ou soûlot. C'est aussi un pochard (ou sa variante usuelle chez les jeunes pochetrons ou pochtrons), un sac à vin, un biberon, un vide-bouteille, il a un trou sous le nez etc. Parmi les derniers arrivés sur la scène: éponge, lavabo (peut-être parce qu'on dit "boire comme un évier"), tout-à-l'égout…
L'effet est connu de tous : après deux-trois verres de vin, on a seulement un coup dans l'aile, on est parti, pompette (on l'entend dire par des personnes âgées, après le premier verre: Oh, je suis un peu pompette; on est gai, en goguette, ou l'on a un verre dans le nez (ce qui laisse perplexe : en France, on se met vraiment n'importe quoi dans le nez !) ; on est gris, noir, mais en principe à ce stade, le vocabulaire n'est pas varié, il s'enrichit graduellement.
Certains ne tiennent pas l'alcool, ils s'écroulent sous la table, après les quelques premiers verres descendus. Même les mots ne peuvent plus rien pour eux…
Les lendemains qui déchantent…
Puis, on se bourre, (on est bourré, beurré, ou beurré à mort), et l'on a sa dose, on est givré (à zéro), paf, schlass, raide , rond (comme une queue de pelle, comme une barrique, comme une soucoupe, comme un coing, comme une vache, comme une cantine, comme un boudin), blindé, cuit, plein, imbibé, mûr, rétamé.
Quelques expressions sinon pas très courantes, du moins rigolotes: être sur Soleure (en Suisse), être asphyxié, être saoul comme 36 cochons, on voit double…
Depuis peu, également, on est à l'ouest, en défonce (ou foncedé), racave.
Côté sentiments, l'euphorie monte, bien entendu : on est déjà dans les vignes du Seigneur.
Mais attention ! Le matin, chacun le sait, on a la gueule de bois, on n'est pas bien, on a soif et la bouche est empâtée. On peut aussi avoir mal aux cheveux ou avoir un casque.
Mais attention ! Le matin, chacun le sait, on a la gueule de bois, on n'est pas bien, on a soif et la bouche est empâtée. On peut aussi avoir mal aux cheveux ou avoir un casque.
Laissons le mot de la fin (ou de la soif) à ce brave Rabelais. Plutôt à l’oracle de la Dive Bouteille et à sa mystérieuse injonction : Trinch !
Pour lire cet article dans son intégralité, consultez Vinissime !
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Merci pour ce bel article de "bateau ivre"… Je vais lire ce blog sans modération 😉
A la Trappe! A la Trappe!
« Un coup de rouquin » se dit encore dans le sud de la Côte de Beaune. J’ai des amis qui l’utilisent quotidiennement à Puligny-Montrachet. Entendu même dans la bouche de Jean-Claude Ramonet semaine dernière, faisant péter un Chassagne Clos St Jean rouge : « bon on fait péter un coup de rouquin après le Montrach’ ?! ». Dedjieuuuu, fallait-y qu’il soit bon pour passer après une telle bête…
Pour enrichir la soulographie de Philippe, en Lorraine on cheule (boit) à foisasse une bonne schrolle (bouteille), on la liche quoi ! Voir aussi pour les assidus de la canette, le qualificatif « barrique à deux pattes ! ». En Suisse, paraît que des fois ça gorgeonne sévère, pour finir ivre caque ! J’en passe et des moins bonnes…
Mais si tout cela est bien divertissant à lire, rappelons que même le plus grand des "pinuches" est à consommer avec modération. L’hédonisme ‘solaire’ s’arrête quand les déplaisirs engendrés surpassent les plaisir immédiats. Après c’est de l’hédonisme ‘morbide’. Ce n’est pas de moi, mais d’un philosophe que j’aime bien. MO sont ses initiales.
😉
Se camphrer la ruche ? Oui, mais pas avec n’importe quelle abeille !!!
Quote: comment en serait-il autrement en France, pays du vin, par excellence?
A en croire les chiffres, la France a depuis longtemps perdu la palme du ratio production / auto-consommation.
Quelle merveilleuse boisson, que le vin, n’est-ce pas?
Depuis les limbes de mon enfance, j’entends encore un vieux morvandiau de ma connaissance, qui prenait plaisir à se "pomponner la cravate" avec un bon verre de Sancerre.
Et je peux vous dire qu’il se fournissait bon, du Cotat (ancienne génération), pas de la "drouille" à six sous.
On ne pense bien, qu’en marchant!
J’aime ‘se pomponner la cravate" mieux que "se torcher le galuchon", non ?
Etre rustique avec le Grand Jacques : c’est pas de l’échauffement neuronal, ça ?
Voir aussi le très agréable "Dictionnaire amoureux du vin" écrit par B. Pivot, notamment aux entrées "Ivresse" et "Paf".
Mise en page très circonstancielle.
Quelques citations d’auteur pour compléter :
« Le pinard, ça devrait être obligatoire ! »
Michel Colucci, dit Coluche
« Le canon, faut comprendre que ce n’est pas que du pinard, c’est aussi de l’amitié. »
Louis de Funès
« Pour savoir qu’un verre de rouge était de trop, encore faut-il l’avoir bu ! »
Olivier de Kersauson
« Comme la tartine, l’ivrogne tombe toujours sur le côté beurré. »
Professeur Choron
« Le zinc est un "comptoir" où l’on se saoule de paroles autant que de vin. On y trinque "à la tendresse-bordel" […], à la mémoire des copains disparus. »
« Dans ces lieux de haute solitude, où, certains soirs, les verres ne sont pas assez profonds pour noyer la sienne. »
François Vignes
La citation de De Funès vient de la Soupe aux choux, n’est ce pas Philippe ?
Relire aussi Fallet, c’est indispensable…
"- Monsieur Ratignier, dorénanavant, vous aurez droit à une seule chopine…
– Par repas ?????
– Non par jour !!!!
– Mais vous êtes fou !?"
Et quel grand homme ce Choron, j’en suis fan. Il nous manque… n’est ce pas mon Paulo ?!
😉
Vous avez tout juste Nicolas!
Il faut que je passe au CAVE pour vous rencontrer – Ça ne peut plus durer…
Alors une dernière de Choron :
« Seuls les végétariens ne se mangent pas entre eux. »
Nico, quand on est en manque, tu sais bien qu’on peut toujours jeter un coup d’oeil a ses oeuvres …
http://www.dailymotion.com/relev...
Arrêtez de dire que je suis mort … et ne vous foutez pas de ma gueule dans mon dos bande de petits sagouins ! Je vous surveille.
Voila ce qu’il dirait … 😉
Anis
Slogans polonais :
Un verre : ça va, 3 verres : ça va, ça va, ça va.
Boire ou conduire, de toute façon on a pas de voiture.
Desproges : Coluche est mort sur un coup de tête !
Il est temps de convoquer ici l’immense René Daumal et les premières lignes de la Grande Beuverie… La suite, c’est vous qui l’inventez si vous voulez :
“Il était tard lorsque nous bûmes. Nous pensions tous qu’il était grand temps de commencer. Ce qu’il y avait eu avant, on ne s’en souvenait plus. On se disait seulement qu’il était déjà tard. Savoir d’où chacun venait, en quel point du globe (et en tout cas ce n’était pas un point), et le jour du mois de quelle année, tout cela nous dépassait. On ne soulève pas de telle question quand on a soif.”
René Daumal, La Grande Beuverie
L’Abricot est bien meilleur que n’importe quel huis clos http://www.tierslivre.net/spip/s...
monsu.desiderio.free.fr/j… http://www.youtube.com/watch?v=w...
Je ne bois du vin, ni pour étancher ma soif, ni pour l’ivresse, seulement par amour du vin.
Pour M. Margot & consorts / avec gratitude – http://www.youtube.com/watch?v=e... (happy B-day Bob!)
Et puis l’incontournable,je préfère le vin d’ici à l’au-delà!
" Tout se soutire"