Elle a débuté par un exposé de José Vouillamoz, biologiste helvète renommé. Ce dernier sait rendre passionnante la généalogie appliquée à l’ampélographie. Fini les fariboles, les sornettes, le chauvinisme et les légendes colportées : place désormais à l’enquêteur-généalogiste, qui n’a rien de nietzschéen !
Que cherche-t-il à savoir le jongleur des ADN ? Simplement de quoi est constitué l’ascendance et la descendance de tel ou tel cépage.
José Vouillamoz parle des cépages de l’arc alpin, du Gringet qui se prend parfois pour une Molette, de la Jacquère, du Persan qui est un proche parent de l’Etraire de l’Aduï, du Traminer aussi.
Me voilà parti ! J’imagine aussitôt l’histoire de ce grand voyageur, qui est passé d’une région à l’autre, qui s’est adapté, a changé de nom et de religion (Païen), a terriblement vieilli dans le Haut-Valais, prenant le sobriquet de Heïda et des airs d’ancêtre au carré (le très vieux).
J’ai déjà relaté, à travers une nouvelle, la vie mouvementée d’une bouteille de Château-Chalon qui traverse le temps. Me reste à écrire la vie tumultueuse celle du voyageur Traminer…
Ce pourrait être aussi celle de l’énigmatique syrah dont on connaît aujourd’hui les géniteurs, la Dureza ardéchoise et la blanche Mondeuse savoyarde.
J’ai déjà relaté, à travers une nouvelle, la vie mouvementée d’une bouteille de Château-Chalon qui traverse le temps. Me reste à écrire la vie tumultueuse celle du voyageur Traminer…
Ce pourrait être aussi celle de l’énigmatique syrah dont on connaît aujourd’hui les géniteurs, la Dureza ardéchoise et la blanche Mondeuse savoyarde.
La matinée s'est terminée par une très belle dégustation de quatre vins de l'arc alpin.
Et la Mondeuse noire ? Celle qu’on pourrait parfois confondre avec l’impérieuse Syrah ? « La Syrah et la Mondeuse noire pourraient être demi-sœurs car il y a un lien direct, père-enfant, entre la Mondeuse blanche et la Mondeuse noire. Mais attention, comme le troisième terme nous manque, on ne sait pas dans quel sens, ça joue et donc, dans l’état de la recherche, La Mondeuse noire pourrait être également la grand-mère de la Syrah ! Ajoutons encore que le Viognier est, dans la même constellation familiale, soit le demi-frère, soit le grand-père de la Syrah ! »
Concert de François-René Duchable parmi la Jacquère et l'Altesse. Ce virtuose a fracassé symboliquement ses pianos, incendié son habit de scène.Il joue du Beethoven et du Mozart sur les chemins de traverse, dans le vent et au milieu des vignes. Il s'en explique ici…
Dans cette galerie des personnages ampélographiques, le cépage le plus intriguant, le plus frénétique et, sans doute, le plus volage demeure le Gouais mal-aimé, véritable père fondateur d’une partie du vignoble européen, banni de France, qui a essaimé un peu partout grâce à sa débordante activité génétique.
« Le Pinot, poursuit José Vouillamoz, s’est croisé avec le Gouais au moins seize fois dans seize endroits différents pour donner naissance à seize cépages différents dont le Chardonnay, le Gamay ou le Melon. Aujourd’hui, on sait que le Gouais blanc est le père de 78 cépages en Europe dont le Riesling, le Furmint, la Jacquère ou le Mollard ! »
« Le Pinot, poursuit José Vouillamoz, s’est croisé avec le Gouais au moins seize fois dans seize endroits différents pour donner naissance à seize cépages différents dont le Chardonnay, le Gamay ou le Melon. Aujourd’hui, on sait que le Gouais blanc est le père de 78 cépages en Europe dont le Riesling, le Furmint, la Jacquère ou le Mollard ! »
Indomptable vieillard qui fait mieux que Booz endormi et Casanova réunis !
Après cet exposé et la présentation de l’admirable domaine des Ardoisières à Cevins où François-René Duchâble a donné dimanche dernier un concert au milieu des vignes, un colloque sur les vins des Alpes a réuni les viticulteurs Dominique Belluard, Michel Grisard, Bruno Bozzer, caviste à Annecy, Emmanuel Renaut, le chef bien connu de Megève et moi-même.
Débat très intéressant mais trop court. Pour ma part, je suis intervenu sur ce qui constitue la spécificité des « vins de montagnes », originalité de goût, sapidité et dimension de verticalité souvent associée au minéral énigmatique que l’on nous sert aujourd’hui à toutes les sauces – même l’élevage en amphore, ô miracle, renforcerait l’impression minérale. Pourtant, quand on goûte une vraie Mondeuse de Louis Magnin ou de Michel Grisard ou un Grain blanc de Marie-Thérèse Chappaz, cette minéralité devient quasi perceptible. Comme un filigrane au-delà des mots.
Louis Magnin (en noir) lors de la dégustation.
Deux de ces vins, la Mondeuse Tradition 2003 de Grisard et le Grain blanc 2008, associés au Fumin 2006 du domaine des Crêtes dans le Val d’Aoste et à mon effervescent fétiche, celui que savourais à l'Albert 1er, au retour de chaque grande course dans les Aiguilles de Chamonix : l’Ayze « Mt-Blanc », méthode traditionnelle du domaine Belluard.
Les photos du concert de François-René Duchâble à Cevins sont de Nicolas Herbin.
18 Comments
Jacques,
C’est en écoutant José Vouillamoz que j’ai pris conscience à quel point la vigne est liée à l’homme:
Combien l’ampélographie et l’anthropologie sont deux sciences proches, par la génétique, l’évolution apportée par les voyages, le brassage des civilisations, etc…
Michel.
Duchâble : il avait réalisé avec son pote belge un événement à la hauteur de sa réputation lors du festival biannuel du Domaine Vernay l’an dernier.
Le choix des morceaux classiques, le déroulement de la soirée avec quelques solistes, avaient été remarquables.
Le Traminer, Grand Jacques : va falloir que tu retournes près de Merano où on avait été si bien reçu par cette Comtesse dont je ne me souviens plus du nom de son Domaine, pourtant connu : honte à moi !
Michael Pronay !! Help !!
Malgré les talents de cuisinière dont elle fit preuve et même si cela paraît déjà très éloigné dans le temps pour toi, je doute que tu veuilles parler de la comtesse de Méran, l’épouse morganatique de l’archiduc Jean-Baptiste d’Autriche ?
fr.wikipedia.org/wiki/Ann…
Mais bon sang de bonsoir ! Pourquoi tu sais tant de choses ?
Souviens toi Grand Jacques : en la voyant, superbe dans sa robe tralala, tu as été pris d’une subite émotion : probablement la riche histoire de l’Empire qui te remontait en mémoire… ou alors un douloureux souvenir d’une enfance trop précoce versus la gente féminine ?
🙂
Va savoir Charles !
Faudra me dire pourquoi Duchâble a mis un trellis. jean Sébastien n’aurait pas aimé.
François,
C’est encore la période de la chasse.
C’est pour aller à la chasse aux canards…
Assassin 🙂
François, je ne savais pas que le prénom de Beethoven était Jean-Sébastien…Les jésuites t’ont pas tout dit 🙂
Tacle à la gorge d’Armand … 🙂
Treillis parce que "jus de la treille" et parce que le pianiste Duchable est en guerre contre les codes classiques, frac, concerts étincelants et parterre de "bourges" ! C’est comme ça que je le vois, un rebelle, un vrai !
Treillis US qui plus est
J’ai eu la chance d’être convié à ce concert, et je remercie encore mille fois Michel, Brice et Bruno pour tout.
Comme cela a été dit plus haut, Duchâble est un provocateur, ce qui n’est pas pour (me) déplaire car il y a du fond et un propos derrière. Il semble allier dans sa manière d’être humour et sérieux avec une belle justesse et pertinence. Un être sensible, sans doute. Humain trop humain ??? Mais peut être a-t’il aussi revêtu cette tenue afin de "disparaître" derrière la beauté du lieu et de la musique, pour se fondre dans le paysage, l’ambiance, le lieu !
En tout cas moment magique, une grande étincelle de civilisation a jailli cet après midi là, et je me suis dit en serpentant les terrasses des Ardoisières que la vie sans Musique et Vin serait bien triste, terne.
Nietzsche aurait aimé ce concert, sans doute…
ps : Pascal, sacré bronzage sur les photos de Jacques, dedjieu ! tu as passé l’été "en haut des cimes", c’est ça ??!
😉
Nicolas,
Le soleil brille aussi dans la plaine!
Nicolas,
Ressemblance saisissante de François René Duchable avec l’acteur américain Dustin Hoffman ne trouves-tu pas?
Il y a un petit quelque chose, je te l’accorde, dans l’expression plus que dans le traits précisément…
Content de voir "One Coursier" en forme, et qui plus est en compagnie de Jacques et du Grand Savoyan (Michel Grisard) !
Nicolas,
Et puis rencontre émouvante avec Louis Magnin que je ne connaissais pas alors que je suis un fan inconditionnel de ses vins,tant en rouge qu’en blanc.
La Savoie est une magnifique terre viticole magnifiée par des vignerons remarquables comme Michel Grisard,Dominique Belluard Charles Trosset et bien d’autres encore.
Pascal, je l’ai trouvé en forme resplendissante, Louis Magnin. A l’image de ses vins, superbes. Tout (vrai) amateur de vins devrait les goûter.
Jacques, Michel, une question me brûle les lèvres : mais qu’est ce que c’est que ces infâmes verres que je vois sur les tables ? pas des verres ‘ballon’ quand même !?
Si Philippe Margot voit ça, ça ne va pas aller !
Nicolas,
Les verres n’étaient pas à la hauteur de la conférence, dommage!
Les verres de la salle certainement.
J’ai eu le grand plaisir de faire la connaissance de Pascal Henry, un de ces derniers aventuriers qui partent pour le seul plaisir d’un "challenge". C’est devenu rare dans notre monde aseptisé.
Michel.